HADÈS Archéologie

ZAC Piquepeyre

Fiche

Résumé

Le site de la ZAC Piquepeyre est situé sur la commune de Fenouillet en Haute-Garonne (31) à environ 10 km au nord-ouest de Toulouse. Cette fouille d’archéologie préventive concerne la première tranche des travaux de cette zone d’aménagement concerté. Elle s’est déroulée entre les mois d’août et décembre 2016. Le site de Piquepeyre 1 couvre une superficie totale de 3,5 hectares divisé en deux zones (zone 1 : 27 854 m2 ; zone 2 : 7 450 m2).

Les 339 structures, mises au jour sur l’emprise du site, concernent principalement des vestiges en creux de type fosse, fossé et trou de poteau mais aussi quelques niveaux d’épandage de mobilier et des structures à pierres chauffées. L’analyse du mobilier contenu dans chacune d’elle couplée à quinze datations radiocarbone fait apparaître de multiples petites occupations successives.

Vingt-six structures contenaient des pierres chauffées dont au moins sept foyers. Elles sont datées par le radiocarbone entre le Néolithique final (fig. 1) et le début de l’Antiquité (fig. 2). Fréquemment mises au jour sur des sites de la vallée de la Garonne, les structures à pierres chauffées sont traditionnellement associées à la période du Néolithique moyen chasséen dans le Midi toulousain. Les exemples de Piquepeyre 1 viennent documenter des phases moins connues d’utilisation de ces types d’aménagement.

Les autres vestiges en creux mis au jour se rapportent aux mêmes périodes chronologiques. Pour les périodes les plus anciennes, les vestiges découverts renvoient l’image d’une occupation régulière du site entre le Néolithique final et le début du premier âge du Fer. Trois fosses, dont deux contenaient des soles rubéfiées, sont installées au fond d’un paléochenal et sont datées de l’âge du Bronze ancien. Deux fosses de l’âge du Bronze moyen contenaient chacune des fragments d’un récipient en terre crue ayant servi de silo semi aérien. Une des deux fosses de l’âge du Bronze final II (fig. 3) contenait des restes témoignant d’une activité artisanale sur bois de cervidés. L’âge du Bronze final III est la période la mieux représentée pour la Protohistoire ancienne. Cette occupation se matérialise par au moins deux petits bâtiments construits sur quatre poteaux porteurs chacun et des fosses dont certaines de grandes dimensions et riches en mobilier.

Après un hiatus de près d’un millénaire, le site est réoccupé à l’extrême fin du second âge du Fer. Un établissement rural fossoyé est mis en place et occupé durant le premier siècle av. J.-C. Ce nouvel exemple d’occupation rurale laténienne s’inscrit dans un corpus de huit sites bien documentés en Haute-Garonne. L’établissement de Piquepeyre 1 est constitué d’un double enclos quadrangulaire couvrant une surface totale de 7 740 m2. Au nord, l’enclos principal est délimité par quatre fossés. Sa branche sud est aussi marquée par une palissade formée de onze poteaux alignés. L’enclos secondaire vient s’accoler contre la limite sud du précédent (fig. 4). Un bâtiment quasiment carré est situé dans la partie nord-est de l’enclos secondaire à côté de l’entrée. Possédant des creusements dépassant 1 m de profondeur, ce bâtiment d’au moins 34 m2 a peut-être servi de tour-porche (fig. 5).

Après l’abandon de l’établissement laténien fossoyé vers 30 av. J.-C., le site est réoccupé au plus tôt vers 15 apr. J.-C. Ce nouvel habitat isolé perpétue la tradition de la construction en matériaux périssables avec des trous de poteau présentant des calages formés de fragments de TCA posés de chant (fig. 6).

Le site de Piquepeyre 1 s’inscrit dans un secteur déjà bien documenté par l’archéologie préventive depuis le début des années 2000. Par le croisement des nombreuses études spécialisées mises en perspective avec les données de terrain, les résultats scientifiques de cette opération apportent de nouveaux éclairages précieux sur l’occupation de la vallée de la Garonne en aval de Toulouse entre le Néolithique final et le Haut-Empire.

Julien COUSTEAUX