HADÈS Archéologie

ZAC du Séqué – Chemin de Loustaounaou

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Fiche

Résumé

La fouille préventive de la ZAC du Séqué – Loustaounaou s’est déroulée, à l’automne 2012, en marge nord-est de la commune de Bayonne, à la limite des Pyrénées-Atlantiques et des Landes. Elle s’inscrit dans le cadre d’importants travaux d’urbanisation du secteur. Les parcelles AL‑60 et AL‑61, objet de l’exploration archéologique, se trouvaient au cœur d’un vaste espace dont le sous-sol était voué à la destruction par l’aménagement d’une zone d’activité commerciale sous la maîtrise d’œuvre de la Société d’Équipement des Pays de l’Adour (SEPA). Cette zone se situe sur la frange nord du lit actuel de l’Adour, à une dizaine de kilomètres de l’embouchure, sur l’un des premiers replats surplombant le cours d’eau. Compte tenu des résultats recueillis lors du diagnostic, l’opération avait pour principal objectif la caractérisation d’une occupation inscrite sur les deux premiers siècles de notre ère, dont témoignent deux locus distincts se manifestant par des concentrations de mobilier (lithique et céramique). À l’exception d’une excavation indéterminée aux contours très irréguliers, aucune structure n’avait été repérée en lien avec les épandages.

La fouille, couvrant une emprise de plus de 6 100 m², a complété de façon significative ces premiers résultats. D’un point de vue chronologique, les recherches ont confirmé l’occupation du site aux Ier et IIe siècles de notre ère, les données disponibles (essentiellement le mobilier céramique) ne permettant toutefois pas d’affiner cet intervalle. Le décapage extensif de l’emprise a mis en évidence plusieurs dizaines de structures en creux, la plupart de ces aménagements se rapportant à l’occupation antique (fig. 1). Les structures sont apparues fortement écrêtées par les labours et l’érosion. De plus, leur lecture stratigraphique a été compliquée par un important réseau de fentes de gel qui sillonne le sol naturel, et par des conditions climatiques difficiles dont l’impact a été accentué par la nature argileuse et imperméable du substrat. Si l’ensemble des niveaux d’occupation ont disparu, le reliquat de ces excavations permet tout de même une bonne lecture de leur organisation spatiale. Ainsi, dans la partie sud du terrain, un ensemble de onze trous de poteaux dessine le plan partiel d’une construction. Celle-ci joue un rôle central dans la structuration du site, de nombreuses fosses ayant été aménagées aux abords. Cette série de fosses sub-circulaires comprend trois puisards et de nombreuses fosses, ayant probablement initialement servi de silos, parfois utilisées en tant que dépotoirs. En l’absence d’aménagements internes, c’est l’importance des rejets domestiques retrouvés dans ces dépotoirs qui indique une fonction présumée d’habitat. L’édifice est bordé au nord par un petit fossé qui délimite un vaste espace vierge de tout aménagement. On ne retrouve d’autres structures que dans le tiers nord de l’emprise, après une autre démarcation matérialisée par un alignement de trous de poteau. C’est dans ce secteur que plusieurs cavités, pouvant correspondre aux vestiges d’un grenier ou d’un petit enclos, ont été mises au jour.

Somme toute, les résultats de l’opération se révèlent fort instructifs, malgré l’état de conservation défavorable des vestiges. On dispose en l’espèce d’un nouvel exemple d’établissement rural de tradition résolument indigène, à l’architecture rustique, voire précaire, occupé durant les deux premiers siècles de notre ère. Les activités de ces occupants étaient sans doute tournées vers l’agro-pastoralisme sans qu’il soit possible de déterminer si elles étaient plutôt orientées vers la culture ou vers l’élevage ou si les deux étaient pratiquées conjointement. Le site présente les caractères d’une implantation pérenne avec les marqueurs d’une occupation domestique. On peut donc imaginer un établissement au statut intermédiaire entre les campements pastoraux de faible standard, bien connus dans les régions béarnaises, et des habitats ruraux permanents, de type ferme indigène.

L’apport de cette fouille demeure majeur car elle offre une vision inédite pour la connaissance du paysage antique des campagnes de Lapurdum et fournit un nouvel élément à ajouter à la typologie des exploitations rurales.

Xavier PERROT