HADÈS Archéologie

Tour Lacassagne

Fiche

  • Responsable : Jean-Luc PIAT
  • Période de fouille : 2005
  • Localité : Boé (Lot-et-Garonne)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Afin d’apporter des renseignements historiques et archéologiques sur la Tour Lacassagne (fig. 1), une construction médiévale établie sur la rive droite de la Garonne, à Boé, une enquête historique et une étude archéologique du bâti ont été menées conjointement par le bureau d’étude Hadès. Il s’agissait de déterminer l’intérêt patrimonial de l’édifice, jusqu’alors laissé en ruine, en vue de son éventuelle réhabilitation et d’une future protection monumentale. Cette opération, réalisée en octobre 2005, a permis de proposer une chronologie concernant la construction de l’édifice, notamment par l’analyse stratigraphique des élévations. Ces dernières ont fait l’objet de piquages manuels, depuis les niveaux de planchers, mais aussi à partir des parois verticales extérieures, qui ont été observées au moyen de cordes d’escalade, technique rendue ici nécessaire par la difficulté d’accès des abords. Une analyse dendrochronologique des pièces de bois des planchers et charpente a aussi contribué à préciser les datations avancées.

À l’issue de ces travaux, la tour Lacassagne apparaît comme un édifice relativement homogène, primitivement conçu sur un plan rectangulaire, à quatre niveaux (9 x 11 m pour 16 m de haut).

Le niveau de rez-de-chaussée présente une maçonnerie extérieure de calcaire percée, sur les façades sud et ouest, de baies étroites à larges ébrasements en brique vers l’intérieur. La façade nord, ouverte d’une porte surmontée d’un arc, reçoit une file de corbeaux qui se prolonge sur la façade est. Ces supports correspondent probablement à l’accroche d’une galerie en bois extérieure.

Les premier et deuxième étages sont construits en brique et sont remarquablement homogènes. Des archères à fentes de tir munies de croisillon attestent la mise en défense de l’édifice. Par ailleurs, des baies à simple meneau ou à croisée, dont l’embrasure est équipée de coussièges, signalent aussi la vocation résidentielle de ces niveaux. La typologie de ces ouvertures permet de situer la construction de l’édifice dans la seconde moitié du XIVe siècle ou au début du XVe siècle.

Le niveau de comble est aussi en brique, mais il constitue une surélévation postérieure de la tour, couronnée d’un crénelage dont on distingue encore les contours sur le côté sud. Sur la façade orientale, des portes, aux premier et deuxième étages, semblent donner dans le vide. Elles devaient primitivement communiquer soit avec une galerie extérieure et des escaliers, soit avec des cages de latrines suspendues. Ces portes sont établies à côté de cheminées dont le style des jambages et linteaux sont à rapprocher de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. Ces cheminées tardives, ainsi que le rehaussement de la tour et plusieurs modifications sur les ouvertures des différents niveaux, illustrent les remaniements que connut l’édifice au fil des siècles, principalement dans le courant du XVIe siècle, période à laquelle des bâtiments annexes furent construits, notamment deux pavillons établis en tenaille sur la tour et munis de fentes de tir pour arme à feu. Les planchers de la tour ont été remontés à cette époque, ainsi qu’en atteste l’étude dendrochronologique.

Cet édifice médiéval, construit vraisemblablement dans la seconde moitié du XIVe siècle, mal documenté sur le plan historique, présente cependant une homogénéité de construction tout à fait remarquable malgré la ruine et les remaniements d’époque moderne.

Jean-Luc PIAT