HADÈS Archéologie

Les «Terrasses des moines»

Nos métiers Production scientifique Opérations Les «Terrasses des moines»

Fiche

  • Responsable : Bernard POUSTHOMIS
  • Période de fouille : 2006
  • Localité : Saint-Avit-Sénieur (Dordogne)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

L’ensemble de terrasses situées sur le flanc ouest de Saint-Avit-Sénieur, récemment baptisées «Terrasses des moines», a fait l’objet d’une étude archéologique complétée par une rapide recherche documentaire (M-H Roquecave) et par une étude géomorphologique et hydrogéologique (par F. Hoffmannn, Hydris). Ces études constituent un préalable à un chantier de réhabilitation et de mise en culture du site par l’association «Mémoire et Cultures». Le lieu-dit «Terrasses des moines» comprend un ensemble de terrasses qui forment un large arc de cercle, d’une longueur totale de 200 m environ pour une largeur maximale de 25 m (fig. 1). La moitié sud-est est dominée par une falaise. Le site est occupé par deux types d’aménagements : une quarantaine de murs de soutènement et quatre citernes creusées dans le substrat, un calcaire gréseux. Si les murs sont répartis sur l’ensemble de la zone, les citernes sont concentrées dans la moitié sud-est. Il faut ajouter à cela un petit bâtiment à deux niveaux, sans doute une grange, construite à mi-distance du site. Une petite route communale a été percée au travers des terrasses après 1838. Le site ne bénéficie d’aucune documentation historique avant le cadastre napoléonien. De grandes parties de la falaise contre laquelle est adossé le site sont manifestement taillées et une série de replats rocheux étagés sur lesquels sont bâtis les murs de soutènement laissent penser que le lieu a d’abord servi de carrière avant que les terrasses de débitage ne soient reconverties en terrasses de culture. Tous les murs de soutènement sont bâtis à pierre sèche à l’exception de la petite grange (fig. 2). La diversité des parements – parfois sur un même mur – n’a pas permis d’établir une typologie. Cela est certainement lié à une exécution par de la main d’œuvre non spécialisée. Il est de ce fait difficile de préciser les constructions qui ont pu être réalisées dans une même phase. Les rapprochements sont plus faciles à réaliser pour le bâti des terrasses nord que sur celles du sud-ouest et cela sans doute en raison de moindres reprises des maçonneries. Cela indiquerait peut-être aussi, pour cette zone nord, une réalisation de l’ensemble des terrasses dans le cadre d’un même projet. L’ensemble du site est marqué par deux zones. Au sud-ouest se trouvent les terrasses les plus larges, exposées plein sud et aux murs de soutènement maintes fois réparés. C’est là aussi qu’ont été aménagées les quatre citernes. Les terrasses de la moitié nord sont exposées à l’ouest. Les maçonneries y sont généralement plus frustes, nettement moins modifiées et présentent certaines analogies entre elles. En outre, ces murs y forment de multiples bandes étroites adaptées à la forte pente du terrain. On pourrait en conclure un aménagement plus récent que les terrasses sud-est. Les terres des terrasses proviennent essentiellement de colluvionnements, sans doute aussi d’alluvionnements pour les terrasses inférieures, mais la présence de résidus métallurgiques indiquerait des terres pour partie rapportées. Les matrices cadastres consultées pour la période 1838 – 1963 ne renseignent guère sur les cultures du site, les documents se bornant à mentionner les parcelles comme terres labourables ou friches. Le tracé linéaire des terrasses de la partie nord, exposées à l’ouest, suggère une adaptation à la vigne, mais ces terrasses seraient également aptes à la culture de vergers. En revanche, le secteur sud-est, doté de citernes, serait nettement plus dédié à la culture potagère. Les deux citernes principales ont exploité les ressources hydrologiques d’un réseau karstique basé sur la porosité du calcaire de Saint-Avit-Sénieur qui présente une aptitude à emmagasiner les eaux d’infiltration du plateau et à fournir un débit faible mais régulier par des fissures naturelles ou par une couche perméable qui draine les eaux. Si l’on se fie aux très rares tessons de poteries mis au jour dans les quelques sondages archéologiques réalisés, les remblais des terrasses ne seraient pas antérieurs au XVIe ou XVIIe siècle pour les plus anciens. Quant aux parements, ils sont indatables, les très rares remplois de moellons calcinés n’étant d’aucune aide. Tout au plus peut-on proposer un aménagement après l’arrêt de l’exploitation du secteur en carrière. Son ouverture à l’agriculture a pu intervenir assez tard dans la période moderne, et encore existe-t-il sans doute un décalage dans le temps entre l’aménagement des terrasses sud-ouest – qui paraissent les plus anciennes – et celles de la moitié nord. Seule la petite grange peut être datée postérieurement à 1838.

Bernard POUSTHOMIS