HADÈS Archéologie

Maison forte de Tampouy

Fiche

  • Responsable : Amaia LEGAZ
  • Maître d’ouvrage : Conseil général des Landes
  • Localité : Lefreche (Landes)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

La maison forte de Tampouy est située sur le domaine départemental d’Ognoas. Au Moyen Âge, Ognoas et Tampouy sont deux petites seigneuries dont l’histoire est distincte jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Elles appartiennent à la vicomté de Marsan et se situent près de la limite du comté d’Armagnac. Alors qu’Ognoas remonte sans doute à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, la première mention connue de la seigneurie de Tampouy est datée du 27 février 1343. Il s’agit de l’autorisation de fonder un ostau ou salle, accordée par Aliénor de Comminges, vicomtesse de Marsan, à Guilhem Arnaud de Labarthe, seigneur de Gardère et Tampouy.

Dans la perspective de travaux de restauration, le conseil général des Landes souhaitait disposer de sources fiables et complètes sur l’édifice pour orienter les choix de mise en valeur. Cette opération conjuguait donc la collecte de données archivistiques et une intervention archéologique de terrain afin de renseigner l’histoire ancienne du monument, sa topographie et son architecture originelle. Il s’agissait principalement de reconnaître le contexte dans lequel s’est implantée la maison forte et de rechercher tout indice permettant de préciser les phases chronologiques de l’édification de l’immeuble actuel afin de les mettre en parallèle avec les données textuelles.

La maison forte de Tampouy a été érigée sur un terrain élevé, en position stratégique dominante, sur la rive droite du Midou. Elle est édifiée en rebord de terrasse surplombant le cours d’eau à 200 m au sud-ouest et le site naturel n’a pas nécessité d’importants aménagements. La terrasse a été modelée au nord pour former une plateforme de type motte. Elle est en position de refuge, c’est à dire que son tertre occupe le point le mieux défendu du site fortifié, constituant le réduit suprême de la défense. Côté nord-ouest, subsistent encore des fossés, servant actuellement d’accès vers les rives du Midou.

Moins imposante que sa voisine Ognoas mais très similaire, Tampouy est une maison forte représentative des demeures seigneuriales gasconnes. Le corps de logis rectangulaire est hérité des « châteaux salles ». Il ne comporte plus actuellement que deux niveaux car le dernier étage a été arasé. Le corps de logis principal, orienté nord-ouest/sud est, repose sur quelques assises de pierre de taille dans la partie nord-ouest. Les murs sont épais et présentent des maçonneries de briques qui peuvent être attribuées au XIVe siècle, remaniées par des travaux de la fin du XVe siècle et des adjonctions de l’époque moderne.

Les dispositions générales de la maison forte demeurent visibles en dépit des diverses modifications qui s’y sont succédé. L’édifice initial pouvait être constitué d’une simple salle de plan carré ou rectangulaire dont les fondations en moyen appareil ont été conservées sur environ un mètre de hauteur dans la partie nord-ouest. Il est possible qu’elle ait été détruite dans un premier temps et reconstruite en barons de briques. Malgré l’évolution de la maison forte vers une résidence plus confortable, son rôle défensif semble perdurer jusqu’au XVIIe siècle. La présence de fossés autour du bâtiment, cités dans les dénombrements modernes, est confirmée par les sondages archéologiques. L’absence de céramique médiévale dans les fossés indique que ceux-ci ont été curés et donc utilisés au moins jusqu’au XVIe siècle. La question d’une fondation ex nihilo au XIVe siècle ou d’une réoccupation d’un site antérieur ne peut donc pas être définitivement tranchée dans le cadre de cette opération. En l’état actuel des informations apportées par les sondages réalisés, aucun élément ne permet de confirmer la présence d’un bâtiment ou d’un aménagement antérieur à la maison forte du XIVe siècle.

Le fondateur de Tampouy, d’après le peu que nous savons sur lui, représente l’archétype de cette petite aristocratie foncière, vassale du vicomte, dont les possessions sont très fragmentées et éparpillées. Faiblement exploitée, cette région permet au duc d’Aquitaine comme au vicomte de Marsan de disposer d’une réserve foncière dans laquelle ils puisent pour attirer des fondations ecclésiastiques ou récompenser des services à l’image probablement d’Ognoas puis de Tampouy. La construction de la maison forte de Tampouy, qui correspond à une création de seigneurie, est l’un des exemples caractéristiques du phénomène d’augmentation du nombre de vassaux que l’on observe entre 1279 et 1344. Cette période apparaît, peut-être aussi parce que les sources deviennent plus abondantes, illustrée par des terrains de conflit variés. Au XIIIe et jusqu’à la moitié du XIVe siècle, les vicomtes s’opposent ouvertement au roi duc à propos de leurs prérogatives judiciaires, chaque partie s’appuyant sur des vassaux plus ou moins fidèles. La seigneurie foncière et l’exploitation de la terre, la fondation de villes nouvelles, les modifications du réseau routier constituent autant de terrains de rivalité favorables à l’installation de nouvelles petites seigneuries telles que Tampouy, dont la position s’avère stratégique.

Amaia LEGAZ