HADÈS Archéologie

Saint-Aulaye

Fiche

  • Responsable : Magali GARY
  • Période de fouille : 2011
  • Localité : Saint-Aulaye (Dordogne)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Saint-Aulaye, chef-lieu de canton, est une commune située au nord-ouest du département de la Dordogne et limitrophe à celui de la Charente.

En prévision d’importants travaux d’aménagements dans le bourg, la municipalité, sensible à la question patrimoniale, a commandé une enquête au bureau d’études Hadès dans le but de mieux cerner l’histoire de la morphologie du bourg, depuis son origine. Une opération historique et archéologique a vu le jour, afin de répondre aux interrogations de la municipalité.

Ce travail de monographie urbaine doit s’inspirer des cartes et notices explicatives et interprétatives des Atlas historique des villes de France, publiés par le CNRS. L’étude se réfère à différents pans de la recherche actuelle et comprend une enquête en archives, une exploration sur le terrain, qui a nécessité la mise en place d’un enregistrement spécifique des résultats, et une interprétation des données.

Elle repose, pour commencer, sur l’observation de la trame urbaine actuelle, et sur la comparaison faite avec le plan cadastral réalisé à l’époque napoléonienne. Cette méthode permet de faire apparaître différents pôles et les liens éventuels qui les unissent. Le dépouillement des autres sources, historiques et archéologiques, permet de confirmer, d’infirmer et de préciser chronologiquement les premières hypothèses dégagées de ces observations.

La présentation des résultats sous forme cartographique, grâce à la mise en place d’un Système d’Information Géographique (SIG) accompagnée d’une synthèse doivent permettre de répondre aux questions que soulève l’étude de la morphogénèse d’une petite ville.

La topographie de Saint Aulaye est régie par son cadre géographique accidenté et contrasté. Le bourg est élevé sur un socle calcaire à proximité de la Dronne. Un dénivelé assez important au nord pourrait avoir empêché toute extension de l’habitat dans cette direction. de plus, il est situé sur l’axe d’un talweg, qui se dirige vers la Dronne en suivant l’orientation sud-ouest / nord-est, en direction de l’église isolée et bâtie sur la première terrasse de la rivière.

Cet isolement du lieu de culte pose le problème de la chronologie et des conditions de son implantation et plus largement celui de sa relation avec le pôle seigneurial qui a cristallisé la communauté villageoise sur le promontoire.

Dans cette relation triangulaire, le village s’est développé directement autour du château et l’église n’a vraisemblablement jamais été source de concentration de l’habitat. Le recours à la documentation écrite est d’un apport limité car les premières mentions de Saint Aulaye sont assez tardives. Elles remontent au XIIe siècle pour la paroisse et au XIIIe siècle pour la seigneurie et témoignent des liens tissés avec les seigneurs d’Aubeterre. Le vocable et les mentions dans les textes peuvent signaler une fondation assez tardive de l’église (à partir du XIe siècle). Il est possible d’envisager dans ce cas une implantation du pouvoir laïc contemporaine de la fondation de l’église paroissiale. Une fouille sédimentaire de la première terrasse pourrait étayer cette hypothèse suggérant l’absence d’installation domestique autour de l’édifice religieux.

Dans le même registre, le contexte, les modalités d’installation et la configuration primitive de la résidence seigneuriale restent flous. En bordure du front rocheux oriental, une construction, dans un état de conservation médiocre, s’élève sur une dizaine d’assises datables du Moyen Âge. L’épaisseur du parement trahit une construction forte dont le plan reste difficile à établir. Peu d’éléments, issus des quatre sondages archéologiques réalisés dans le square François Viaur en janvier 2012, permettent d’appréhender l’occupation médiévale du lieu. L’existence d’une première agglomération de type bourg castral est pressentie à proximité du château mais sa morphologie échappe complètement à notre connaissance actuelle.

La trame régulière donnée au bourg actuel se met en place à la fin du Moyen Âge et rappelle l’attribution de parcelles liée à une fondation volontaire. La rédaction d’une charte, datée de 1288, permet au seigneur du lieu de concéder des droits et libertés et d’exiger des devoirs aux habitants de Saint Aulaye, regroupés dans une bastide. Le terme « bastida » est utilisé mais le texte laisse entendre qu’il ne s’agit pas d’une fondation ex nihilo, elle absorbe et réorganise un habitat antérieur. La place centrale, lieu d’échange, est placée au cœur des préoccupations seigneuriales et c’est autour de celle-ci que le bourg se développe modérément.

Au début de l’époque moderne, un inventaire descriptif des propriétés est rédigé sous la forme d’un terrier, dont le plan n’existe pas ou n’est pas conservé. Il est commandé par le seigneur de l’époque, Guy Chabot de Saint Gelais.

Le schéma d’implantation du bâti au XVIe siècle, qui peut en être déduit, montre que le bourg reste cantonné dans la trame régulière de la bastide. La densité de l’habitat diminue proportionnellement à l’éloignement de la halle.

Les restes archéologiques, visibles lors de la prospection, ne rappellent que très rarement cette période, comprise entre le XIIIe et le XVIe siècle, pourtant décisive pour l’urbanisme de Saint Aulaye. Les évolutions ont dû particulièrement concerner l’habitat domestique avec des reconstructions, remaniements et les élévations médiévales ont disparu du bourg. Quelques maisons périphériques ont été préservées et conservent des vestiges médiévaux isolés (cheminées, quelques baies et éviers, placard). Ils sont souvent intégrés à des architectures globales parfois plus récentes. Les seuls témoins archéologiques « en place » et attribuables au Moyen Âge sont les nombreuses caves.

À l’extrême fin de la période médiévale, le château est reconstruit. D’importants conflits avec les seigneuries voisines peuvent être à l’origine de cette réfection. La tour occidentale actuelle date de cette époque. de même, les fortifications qui l’entourent sont rebâties au sud, probablement à l’emplacement des précédentes. Le bourg, quant à lui, ne semble jamais avoir été fermé par une enceinte mais protégé par un système d’accumulation de l’habitat d’allure défensive ponctué de portes.

De grands bouleversements s’amorcent à partir du XVIIIe siècle. Le bourg est agrandi vers l’ouest et le sud par de nouveaux faubourgs. Le réseau de voirie est développé, de nouvelles rues le traversent ou d’anciennes sont élargies.

Par son architecture, l’image actuelle du bourg ne reflète que cette époque. Malgré l’état du château qui se dégrade à partir de la fin du XVIIIe siècle, le parc a longtemps contenu la progression du bourg. Sa limite orientale était définie par l’emplacement du château qui servait de pôle défensif au flanc est. Ce n’est qu’aux abords du XXe siècle que le pas est franchi. Les bords de Dronne et les pourtours de l’église ne semblent pas avoir suscité d’attractivité particulière, même aux époques les plus récentes.

Malgré une trame générale d’origine médiévale et avec des sous-sols probablement de la même époque, Saint Aulaye n’offre à regarder que des immeubles des XVIIIe et XIXe siècles. Les reconstructions à la fin de l’époque moderne ou/ et au XIXe siècle ont brouillé les pistes, gommant toute trace d’architecture plus ancienne. Le manque de lisibilité du bâti, auquel s’ajoutent des sources écrites peu prolixes, ne permettent pas de bien saisir l’évolution du bourg au cours du temps.

Pour pallier ce problème, l’étude s’est concentrée sur trois documents écrits délivrant quelques informations sur la physionomie du bourg entre le Moyen Âge et la fin de la période moderne. Le contexte d’installation des pouvoirs religieux et laïcs, ou encore la mise en défense du bourg, n’étant pas bien documentés, restent dans l’ombre. Seule une étude de plus longue haleine et incluant tout le territoire de Saint Aulaye serait susceptible de conforter et compléter les grandes lignes dégagées.

Magali GARY