HADÈS Archéologie

Rue des Frères Rieupeyrou

Nos métiers Production scientifique Opérations Rue des Frères Rieupeyrou

Fiche

  • Responsable : Nicole GANGLOFF
  • Période de fouille : 2001
  • Localité : Lescar (Pyrénées-Atlantiques)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

La réalisation de travaux d’assainissement et d’adduction dans la rue des Frères Rieupeyrou ,dans la ville basse de Lescar, a entraîné une surveillance archéologique dans cette zone au potentiel historique notoire. En effet, l’antiquité du quartier de l’église Saint Julien, révélée dans les années 1929 par la découverte de diverses structures (restes de murs, sarcophage), a été confirmée en 1997 par le dégagement partiel d’un balnéaire datant du Ier siècle ap. J.C. Celui-ci s’insérait manifestement dans un habitat antique comportant une partie thermale et présentant divers états chronologiques.

Le but de l’intervention de 2001, dont une partie de l’emprise concernait la zone proche de ce bassin, a donc consisté à tenter de préciser la nature (domus, édifice édilitaire), la morphologie ainsi que les phases d’occupation du bâtiment auquel appartient cette structure. de plus, les travaux s’effectuant tout au long de la rue Rieupeyrou ils constituaient une occasion unique d’évaluer le potentiel archéologique et stratigraphique général de cette zone.

Les résultats de l’opération, en dépit du mauvais état des structures entrevues, très arasées et dégradées, sont largement positifs et rendent compte d’une trame d’occupation caractérisée par quatre entités se succédant dans le temps.

Des éléments inédits remettent en effet en question la chronologie du site dont la première anthropisation serait antérieure à l’époque romaine. En effet, les indices d’une occupation indigène, sous la forme de bâtiments en bois (poteaux datés de l’an 69), de plaques de rubéfaction et de deux monnaies gauloises armoricaines découvertes hors stratigraphie, ont été détectés vers le nord de la rue. Cet habitat (?) se fait à proximité d’une mare qui livre de nombreux éléments ligneux et organiques extrêmement bien conservés (branches, madrier, noisettes, feuilles d’arbres).

Au cours de l’époque romaine, sans doute vers le milieu du Ier siècle après J.C., la zone du cimetière Saint Julien, de l’église et la Place de la Libération, est occupée par une vaste construction antique présentant diverses pièces à sols en mortier de tuileau, dont l’une comporte un hypocauste en sous-sol. Ce bâtiment est vraisemblablement à interpréter comme une domus comprenant dans son premier état une aire thermale de laquelle participe également le balnéaire fouillé en 1997. Vers la fin du IIème siècle apr. J.-C. cet habitat connaît des restructurations (nouveaux murs) dont l’intervention n’a pas permis de préciser les modalités. Mais des différences dans les mortiers utilisés, la proximité de murs accolés, corroborent diverses campagnes de travaux.

Une seconde entité antique, dont les liens avec celle de la Place de la Libération demeurent pour le moment inconnus (s’agit-il de la même domus, d’une autre construction ?) occupe quant à elle le nord de la rue. La fouille y a mis en évidence un espace constitué de murs en opus mixtum dallé de grands carreaux de terre cuite portant systématiquement l’estampille LV.VAL et appartenant à un second état de sol. Cet état ne serait pas antérieur à l’époque flavienne (datation entre +75 et +225).Cet espace est bordé au nord par un empierrement en cailloutis compacté correspondant très certainement à une rue dont l’axe pourrait coïncider avec celui d’une voirie détectée par F. Réchin dans le quartier du Bialé. Il faut noter que c’est dans cette zone, au nord de la rue Rieupeyrou, que les structures sises à une profondeur plus importante sont les mieux conservées.

Au cours de l’Antiquité Tardive, une nécropole mérovingienne s’installe sur le site et des inhumations en sarcophages (en marbre et sans doute en calcaire) s’y pratiquent. Par la suite, ce n’est qu’à partir du XIe siècle au plus tôt qu’une occupation retransparaît sous la forme d’inhumations qui remploient des sarcophages antiques mais également de sépultures en coffres recouverts par une planche monolithe en bois. Plusieurs de ces couvercles issus du sud de la rue présentent un excellent état de conservation. La topographie de ce quartier au cours du bas Moyen Âge reste malheureusement encore incompréhensible en raison de l’absence de structures médiévales autres que les sépultures.

Nicole GANGLOFF

Nicole GANGLOFF