HADÈS Archéologie

Rue de La République

Fiche

Résumé

Le projet de rénovation de la rue de la République, à l’intersection de la rue Chancelier de l’Hôpital et de la Place Charles de Gaulle a entraîné la réalisation d’un sondage effectué par Hervé Gaillard (SRA Aquitaine), en juillet 2010. Ce dernier, situé à l’emplacement du tracé présumé de l’enceinte médiévale et plus particulièrement de la porte Saint Silain, a permis d’observer une maçonnerie conservée sur deux à trois assises.

En fonction de ces résultats, le Service Régional de l’Archéologie a prescrit une opération de fouille préventive sur une superficie réduite à moins de 100 m², à cause de l’existence de nombreux réseaux. La société Hadès a réalisé la fouille archéologique du 20 septembre au 1er octobre 2010.

Les gravures et les plans anciens donnent des informations ponctuelles sur l’enceinte. Arlette Higounet Nadal propose dans son étude sur la formation de l’agglomération médiévale que l’enceinte existait en 1182, lors du siège du Roi Richard Cœur de Lion. L’acte d’union de la Cité et du Puy de 1240 précise l’existence de cinq tours.

Les enjeux de cette intervention consistaient, selon le cahier des charges, à caractériser la maçonnerie découverte en juillet 2010, à reconnaître son plan, à étudier son mode d’édification et à la dater grâce au mobilier récolté. Cette opération devait permettre également d’étudier les niveaux de « terres noires » afin de récolter des indices sur les premières occupations non funéraires dans ce quartier de la ville.

Malgré les nombreuses perturbations trois phases ont été distinguées. La première correspond à l’occupation du site au cours du Moyen Âge. La maçonnerie repérée lors du sondage a été entièrement dégagée. Il s’agit en fait de deux murs se croisant à angle droit dont la largeur atteint au maximum 0,90 m. Cette maçonnerie se compose de blocs calcaires grossiers et irréguliers. Elle a été fortement perturbée à la fois par l’installation d’un caniveau maçonné ancien et par le réseau d’assainissement actuel. Son état de conservation varie entre une et trois assises du sud au nord. Elle a été suivie sur une longueur de 4,50 m du nord au sud et sur 2 m d’est en ouest. Son état de conservation et sa faible largeur ne permettent pas de certifier l’appartenance de cette maçonnerie à l’enceinte médiévale. Deux fosses et un puits ont été mis au jour sous les niveaux d’abandon du site. Le plan des fosses est partiel, en raison des nombreuses perturbations récentes. des fragments de céramique « rouge polie » ont été ramassés dans le comblement de l’une d’elles. L’utilisation du puits est placée dans cette phase grâce à la chronologie relative. Il a été fortement endommagé par l’édification d’habitations modernes puis par la pose des réseaux.

Les observations sur les niveaux de « terres noires » ont été restreintes du fait des nombreuses contraintes. des prélèvements ont cependant été effectués afin d’analyser les charbons piégés à l’intérieur. Leur étude permet d’évoquer le faciès arboré des zones de collecte de bois brûlés avec une prédominance pour la chênaie et la châtaigneraie. L’intervention d’un sédimentologue n’a pas été jugée pertinente de ce fait. des datations radiocarbones sur des charbons de bois extraits de ces niveaux et une étude par thermoluminescence sur des tessons de céramique dite « rouge polie » donnent des résultats contrastés. La datation C14 retenue se situe entre 878 et 990 AD. L’analyse des tessons de céramique « rouge polie » par thermoluminescence permet de connaître leur dernière cuisson. L’évaluation de l’ancienneté de ce mobilier piégé dans un niveau de terres noires placerait cette production vers 500 AD. Elle diffère de l’analyse typologique qui la place entre 950 et 1250 AD. Les résultats obtenus doivent être nuancés par des vecteurs d’incertitudes. La deuxième phase, située au cours de la période moderne, se caractérise par le développement de l’habitat domestique. Trois entités spatiales ont été partiellement reconnues. L’installation des réseaux a rompu tout lien stratigraphique entre ces unités. Une maçonnerie de 0,55 m de large, dégagée sur 3,50 m de longueur, ainsi qu’un niveau de sol associé, constituent le premier espace bâti. Il est orienté selon un axe nord ouest/sud est. Le niveau de sol de petits galets associé permet de supposer un espace ouvert vers l’extérieur. La maçonnerie correspond au mur porteur d’un édifice dont on suppose un développement vers le nord mais dont on ignore la nature.

Le plan de la seconde bâtisse, définie par quatre maçonneries, se présente sur le même axe. Les murs sont montés à partir de moellons liés par un mortier ocre.

La largeur des murs varie entre 0,27 et 0,33 m. Un seul mur a pu être dégagé sur toute sa longueur, équivalente à 4,50 m. Aucun niveau de sol en relation n’a été reconnu.

La partie située au nord de ce mur a été interprétée comme une cave tandis que la partie méridionale semble constituer un espace à ciel ouvert. La troisième entité spatiale reconnue se compose d’un mur orienté nord sud, dégagé sur un peu moins de 3 m de long et sur 0,90 m de haut. La largeur varie entre 0,30 et 0,80 m. Le parement ouest-comporte un soupirail qui permet d’interpréter cet espace comme une ancienne cave se développant vers l’ouest. L’ensemble de ces constructions est arasé et comblé dans le cadre du programme d’embellissement de la ville au milieu du XIXe siècle (phase 3) pour permettre le percement de la rue de la République actuelle.

Natacha SAUVAÎTRE