HADÈS Archéologie

Résidence l’Abbaye

Fiche

Résumé

Le projet de démolition d’un groupe de quatre bâtiments situés dans le bourg de Macau en Médoc par l’Office Public d’HLM Gironde Habitat a conduit le service régional de l’Archéologie d’Aquitaine à prescrire une étude archéologique du bâti menacé de destruction ainsi qu’une série de sondages. L’opération, confiée au bureau d’études archéologiques Hadès, s’est déroulée au mois de février et juin 1998 et a consisté en un relevé des élévations anciennes et en la réalisation d’un plan de l’aménagement inté­rieur des immeubles.

L’analyse sommaire des murs a permis d’établir les principales phases chro­nologiques des quatre immeubles visés par l’étude (fig. 1). Parmi les plus anciennes maçonneries repérées, figurent deux extrémités d’un mur encadrant une porte en plein-cintre dont il ne subsiste que le sommier et le premier des claveaux de l’arc. Cette maçonnerie a été détruite lors de la construction d’un logis édifié sur deux niveaux aux XVe et XVIe siècles. Ce dernier loge­ment était éclairé d’une fenêtre à meneau au premier étage, d’une large ouverture sous un arc en plein cintre (porte charretière ?) et de petites lucarnes à l’encadrement chanfreiné au rez-de-chaussée. La salle de l’étage disposait d’une cheminée monumentale dont il ne subsiste aujourd’hui que les corbeaux moulurés (fig. 2). L’ensemble de ce bâtiment a profondément été mutilé par l’installation d’une caserne de sapeurs-pompiers au début du XXe siècle.

Deux autres logis des XVe et XVIe siècles étaient accolés au sud du précé­dent. Il ne subsiste du premier que la porte et la cheminée de l’étage et du second, que l’encadrement droit d’une belle porte et les corbeaux chanfrei­nés du plancher. Ces logements ont été remaniés principalement lors de l’aménagement d’un chai à vin à la fin du XVIIIe siècle.

Au nord de cet ensemble, un logement du XVIIe siècle a été appuyé contre le premier logis du XVIe siècle. De plan carré et établi sur trois niveaux, l’im­meuble était ouvert d’une porte avec un arc en anse de panier au rez-de-chaussée. On y remarque également des traces d’une cheminée, aujourd’hui détruite, précédée d’un sol de carreaux en terre cuite. À l’étage, on trou­vait une porte avec un encadrement à bossage. Ce logement fut agrandi au XVIIIe siècle d’un fronton ouvert d’une porte à linteau droit mouluré, puis subdivisé par un mur de refend au XIXe siècle.

De cet îlot bâti situé au sud-est de l’église paroissiale de Macau, l’étude architecturale, outre le fait d’avoir donné quelques informations sur l’organisation intérieure des logements d’époque médiévale et moderne, aura permis d’aborder des questions concernant plus directement la topographie urbaine du bourg de Macau. Cette ancienne sauveté établie au XIe siècle autour d’un prieuré de l’abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux était jusqu’à présent peu documentée sur le parcellaire du lotis­sement médiéval. L’étude menée apporte ainsi les premiers éléments d’une réflexion historique et topographique dont la problématique reste encore à élaborer. Le seul regret de l’opération est de n’avoir pu réaliser les sondages archéologiques prévus initialement, investigations qui auraient pu préciser les chronologies de mise en place du bâti étudié.

Jean-Luc PIAT