HADÈS Archéologie

Pôle universitaire (ancienne Caserne de La Nive)

Nos métiers Production scientifique Opérations Pôle universitaire (ancienne Caserne de La Nive)

Fiche

  • Responsable : Nicole GANGLOFF
  • Période de fouille : 2001
  • Localité : Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Depuis quelques années, diverses opérations de diagnostic et de surveillance (sondages de S. Riuné-Lacabe en 1993, de Ch. Normand en 1999 et 2000) ont permis de révéler le potentiel historique de cette zone du « Petit Bayonne » caractérisée par des terrains marécageux sur lesquels se développent, à partir des XIIe-XIIIe siècles, des faubourgs extra urbains. Toutefois, en dépit d’indices d’occupation de plus en plus flagrants, la topographie médiévale de ce secteur entre le Château-Neuf et la halle orientale de l’ancienne caserne demeurait assez floue contrairement à la période Moderne bien représentée sur le site par les restes d’un établissement religieux (couvent de Clarisses) et des constructions défensives (bastion Saint-Jacques construit au début du XVIe siècle, fortifications Vauban de la fin du XVIIe siècle). Cependant, la plupart de ces réalisations n’étaient connues que par d’anciens plans.

Le service régional d’Archéologie d’Aquitaine a donc prescrit la réalisation de treize tranchées de reconnaissance, réparties sur l’ensemble de l’emprise potentielle de l’aménagement. L’opération archéologique a été réalisée en six semaines, du 1er octobre au 9 novembre 2001. L’objectif consistait à dresser un état exact de la contrainte archéologique, notamment pour ce qui concerne les diverses structures bâties, qu’elles relèvent de fortifications, de bâtiments religieux ou d’habitat civil. La cartographie détaillée de ces vestiges avait pour but de définir les emprises constructibles définitives, en évitant les structures présentant un fort intérêt patrimonial ou susceptibles de générer des difficultés techniques dans le projet de construction. La caractérisation fonctionnelle et chronologique, ainsi que l’évaluation du degré de conservation des différents bâtis, devaient contribuer en outre à fixer les impératifs de préservation ou les possibilités de mise en valeur (intégration au projet architectural) de ces vestiges relevant pour partie d’une protection au titre des Monuments Historiques.

Les données archéologiques confrontées à un examen attentif des sources anciennes ont amené des informations inédites tant sur la topographie médiévale que moderne de l’emprise concernée. Un des acquis majeurs du diagnostic concerne le Couvent des Clarisses dont l’emplacement exact au cours du Moyen Âge a suscité bien des controverses. Il nous semble aujourd’hui établi, à la lecture du devis d’adjudication de la reconstruction de cet établissement en 1520 1521, que le monastère primitif est à rechercher sur le site même, directement au sud de l’église où il aurait été démoli avant d’être reconstruit quelques dizaines de mètres plus au nord à l’occasion de travaux sur les fortifications voisines. Un mur inédit ainsi qu’un niveau de circulation sous le cavalier de terre confirment la présence de constructions très arasées dans cette zone.

L’« enceinte anglaise » représente une autre structure médiévale importante du site. Seuls 26 mètres linéaires de ce rempart ont été retrouvés. Sa datation dans le cours du XIVe siècle semble probable bien que le mobilier archéologique rarissime issu des sondages ne permette pas d’en dire plus. Une occupation antérieure, sous forme d’un fossé peut être liée à une structure défensive plus ancienne (fortification palissadée ?), précède la construction de cette courtine dont le démantèlement s’effectuera à partir de l’époque Vauban en 1685. La portion de rempart étudiée semble n’avoir été conservée que pour fournir un point d’appui au bastion Saint Jacques dont la construction remonte à la période 1521 1524 et dont une grande partie du flanc nord a été dégagée au cours des sondages. À cette occasion, un certain nombre d’aménagements inédits du XVIe siècle (orillon) ou des siècles suivants (poterne) ont pu être observés.

La topographie de l’époque moderne se caractérise sur le site par l’édification de nouvelles structures défensives (bastions et boulevards) mais aussi par la création à l’arrière de la courtine d’un grand cavalier de terre qui vient recouvrir le premier monastère arasé des Clarisses. En 1520, Celui-ci est reconstruit sur une emprise légèrement décalée vers le nord. de ce second établissement subsistent les fondations de murs, des sépultures et les restes d’un four à cloche installé sans doute à l’intérieur même de l’église. Les niveaux de circulation correspondant à l’activité des lieux n’ont pas été conservés, ils devaient coïncider avec la dalle de béton de la halle actuelle.

Les derniers états du site (XVIIIe-XIXe siècles) sont représentés par des structures peu importantes (égouts, fonds de murs) plus ou moins bien connues par les plans anciens dont nous disposons. Un état primitif de la halle ouest est matérialisé par des soubassements de piliers qui devaient, contrairement à aujourd’hui, scinder l’espace originel en plusieurs travées. Dans une tranchée effectuée au pied du flanc interne du cavalier est apparue une galerie souterraine voûtée dont la fonction reste à ce jour inconnue.

Nicole GANGLOFF