HADÈS Archéologie

Place Puy-Paulin

Fiche

Résumé

2012

Entre les mois de juin et septembre 2012, une surveillance archéologique a été réalisée à l’occasion de travaux de rénovation des réseaux d’eau (assainissement et eau potable ; fig. 1), de gaz et d’électricité dans le cœur de la ville de Bordeaux. Le secteur concerné, celui de la place Puy-Paulin et des rues Guillaume-Brochon et Louis-Combes, se situe à l’intérieur de l’emprise du castrum de la ville du Bas-Empire, entre la courtine septentrionale du rempart au nord (au droit de l’actuelle rue Paul-Painlevé) et, au sud, un des decumani de la ville, la rue Porte-Dijeaux.

L’intérêt de cette opération résidait dans la possibilité de réaliser des observations dans un secteur où les dernières recherches archéologiques et historiques ont mis en lumière de nouvelles pistes de réflexion sur le rempart de Bordeaux et l’organisation urbaine intra-muros entre le Bas-Empire et le Moyen Âge.

Le suivi archéologique de ces travaux pouvait ainsi permettre d’apporter quelques éléments complémentaires aux réflexions avancées, notamment en ce qui concerne l’existence d’une porte dans l’enceinte urbaine, qui serait située à la hauteur de la rue Guillaume-Brochon. Les observations menées dans le cadre des tranchées ouvertes sur la place Puy-Paulin elle-même pouvaient, par ailleurs, apporter quelques renseignements sur la localisation et le fonctionnement du cimetière de l’ancienne paroisse Notre-Dame du Puy-Paulin.

Les diverses ouvertures, pratiquées à différentes profondeurs en fonction du type de réseau concerné, n’ont fourni aucun indice sur l’occupation antique dans le secteur. En effet, même dans le cadre des tranchées pour le réseau d’assainissement, ouvertes sur la place Puy-Paulin à plus de 2 m de profondeur, les travaux n’ont pas permis d’atteindre ces niveaux et seuls des remblais, dits « terres noires », ont pu être observés. De même, dans les sections sud des rues Guillaume-Brochon et Louis-Combes, juste au débouché de la rue Paul-Painlevé, et alors que la topographie de ces rues laissait présager la présence du rempart antique de la ville à proximité de la surface, aucun indice de vestige construit n’a pu être identifié.

Le seul élément bâti mis au jour lors de ce suivi a été localisé à l’extrémité sud de la rue Louis-Combes (fig. 2), à la hauteur de l’intersection avec la rue Saige et la place Puy-Paulin, et correspond à une maçonnerie (certainement un mur) d’axe nord-sud. D’après la position stratigraphique de cette construction (à quelques centimètres sous le niveau de la chaussée actuelle) et en la recalant sur les différents plans connus pour ce secteur, il semblerait qu’il s’agisse d’un vestige à rattacher soit à l’hôtel de l’Intendance, soit à l’ancienne église Notre-Dame du Puy-Paulin.

Mathieu ROUDIER

2013

Préalablement aux travaux de réaménagement de la place Puy-Paulin et des rues adjacentes (rues Guillaume Brochon, Paul Painlevé et Louis Combes), une intervention archéologique a été prescrite.

La réalisation de la fouille s’est organisée en deux phases qui se sont déroulées sur l’année 2013. Dans un premier temps, l’intervention archéologique comprenait la réalisation de six sondages, d’emprise plus ou moins importante, répartis entre les rues Louis Combes (1 sondage) et Guillaume Brochon (1 sondage) et la place Puy-Paulin (4 sondages), entre le 18 février et le 21 mars. Dans un second temps, au cours de la période allant du mois de juin au mois de décembre, un suivi archéologique des travaux a été mis en place. Ce dernier n’a toutefois pas apporté d’informations essentielles puisque les aménagements entrepris pour la pose d’un nouveau pavage sur les espaces concernés se sont limités à un décaissement d’une trentaine de centimètres de profondeur au maximum. Seule la stratigraphie supérieure de ces espaces, déjà impactée par les nombreux travaux de remise en état des réseaux existants, a été touchée. Les rares éléments archéologiques apparus avaient, d’ailleurs, déjà été observés lors des suivis de travaux sur ces mêmes réseaux et ont donc simplement fait l’objet, à cette occasion, de remarques complémentaires.

En ce qui concerne les fouilles de la première phase, il est difficile de rapprocher les résultats obtenus en raison de l’éloignement entre les fenêtres de fouille (fig. 3). Nous pouvons cependant regrouper certains sondages entre eux en raison de la similitude des informations qu’ils ont livrées.

Ainsi, les ouvertures 2, 3 et 6, qui se déroulent d’ouest en est sur la place Puy-Paulin, ont livré une importante épaisseur de terres noires (fig. 4), d’époque médiévale, dans laquelle quelques rares traces d’occupation (sols et solins) ont été assez difficilement identifiées, sans que nous puissions clairement définir leurs emprises et fonctions en raison de l’exiguïté des zones de fouille (fig. 5). L’abandon du sondage 4 pour des raisons techniques (trop grande confluence de réseaux qui auraient considérablement gêné la fouille) a permis, en accord avec la CUB et le SRA, d’élargir le sondage 2. Ce dernier, situé à moins d’une vingtaine de mètres de la fouille de sauvetage réalisée en 2008 par S. Girond (Hadès) dans les sous-sols de la boutique « Newlook » présentait un intérêt certain pour tenter de rapprocher les résultats de ces deux fouilles. L’extension et surtout l’approfondissement de cette fenêtre ont ainsi permis d’atteindre le toit des niveaux antiques qui, bien que recoupés par ce qui semble être une importante fosse médiévale, sont visibles à travers deux maçonneries assez bien conservées (fig. 6).

Les sondages 5 et 7 (respectivement rue Brochon et rue Combes) peuvent également être mis en parallèle puisque leur implantation a été réfléchie afin de pouvoir vérifier la présence du rempart du castrum de Bordeaux. Ils ont ainsi permis de retrouver deux tronçons de la fortification (fig. 7), même s’ils sont moins bien conservés que les éléments du rempart mis au jour en 2001 place Pey-Berland par W. Migeon (Inrap). Cette découverte, bien qu’attendue, ne répond toutefois pas aux interrogations existantes sur cette partie de la muraille, notamment celles concernant la présence éventuelle d’une porte fortifiée dans l’axe de la rue Brochon.

Enfin, le sondage 1, légèrement excentré par rapport aux autres, a livré les vestiges d’une cave voûtée, confirmant ainsi que, jusqu’à récemment, l’îlot marquant la séparation entre la place Puy-Paulin et la rue Porte Dijeaux se développait davantage vers l’ouest (fig. 8).

Mathieu ROUDIER