HADÈS Archéologie

Pignol-bas

Fiche

  • Responsable : Julien OLLIVIER
  • Période de fouille : 2008
  • Localité : Moissac (Tarn-et-Garonne)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : MIDI

Résumé

Le site archéologique de Pignol-bas à Moissac (Tarn-et-Garonne) a été fouillé dans le cadre d’une opération de sauvetage, consécutive à la découverte de bâtiments d’époque romaine lors de terrassements préalables à la construction d’un centre commercial. Une première évaluation a été menée durant l’été 2008 par C. Dieulafait du Service régional de l’Archéologie de Midi-Pyrénées. Elle a permis de dresser un état des lieux qui a motivé la prescription d’une fouille, confiée à la société Hadès et effectuée entre octobre et décembre de la même année.

Malgré la destruction avancée des vestiges, liée aux travaux qui ont précédé notre intervention, mais aussi à des phénomènes d’érosion, cinq phases principales d’occupation ont pu être mises en évidence. La première (phase A) désigne tout ce qui est antérieur à l’établissement rural de la phase B. Il s’agit principalement d’un ensemble de fours à chaux (fig. 1), sans doute liés au chantier de construction des édifices, de quelques autres structures de combustion de plus faibles dimensions et de fosses isolées.

Le colmatage des fours est daté de la transition entre le Ier siècle et le IIe siècle apr. J.-C., qui correspond également à l’édification du complexe domanial de la phase B. Il comporte plusieurs ensembles répartis autour de deux cours. L’une d’entre elles (cour VIII) n’a été que partiellement reconnue à l’est, tandis que la seconde (cour VII) est cernée par plusieurs corps de bâtiments. Les édifices I, II et III, à l’est, constituent vraisemblablement des espaces de stockage et/ou des logements pour le personnel. Au nord, l’édifice IV est dédié à la production du vin. Il se compose en partie orientale des installations de foulage et de pressurage (fig. 2) et, en partie occidentale, d’un chai de 270 m2 environ. Au sud de la cour VII, le bâtiment V est formé de différents espaces consacrés au travail des métaux, principalement du fer, mais peut-être aussi des alliages cuivreux et du plomb. Enfin, l’édifice VI pourrait être la partie résidentielle de l’établissement, à l’articulation des deux cours. Sa partie nord, située dans le prolongement oriental du bâtiment IV, pourrait avoir abrité un balnéaire, comme le suggèrent différents éléments architecturaux.

L’établissement rural de Pignol-bas se caractérise donc par des activités très diverses. La plus importante paraît être la production de vin, encore mal documentée dans les marges orientales de la province d’Aquitaine. La présence de bâtiments de stockage n’est pas surprenante dans un tel complexe agricole. En revanche, l’identification d’un corps de bâtiment entièrement voué à des activités métallurgiques, en particulier la forge, est moins courante. Peut-être s’agissait-il d’unités de production – ce qu’il n’a pas été possible de déterminer dans le cadre du présent RFO –, ou d’ateliers de réparation qui ne seraient pas uniquement liés à l’entretien des outils, étant donné l’ampleur des installations. Dans la mesure où un grand nombre de pièces liées à l’équipement des chevaux ont été découvertes, l’hypothèse selon laquelle l’établissement a également pu faire office de lieu d’étape pour les voyageurs peut être formulée, même si les indices permettant de le certifier font défaut.

La phase C correspond à une réoccupation ponctuelle dont la chronologie est incertaine faute de mobilier. Il s’agit en premier lieu de bâtiments construits sur poteaux et, en second lieu, de fosses de plantations de vignes identifiées au niveau du bâtiment IV (fig. 3).

Les indices relatifs à la destruction de l’établissement, très mal documentée en raison de l’important arasement du site, ont été regroupés au sein de la phase D. Le mobilier céramique issu des couches datées de cette période est presque identique à celui de la phase B (Ier et IIe siècles), ce qui indiquerait une durée d’occupation très réduite. La découverte de mobilier métallique et de monnaies plus récentes, notamment des IIIe et IVe siècles, invite cependant à la prudence sur ce point.

Enfin, la phase E correspond aux occupations postérieures à l’Antiquité, très ponctuellement observées.

Julien OLLIVIER