HADÈS Archéologie

Parvis de l’église monolithe

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Fiche

Résumé

Dans le cadre du projet de mise en valeur du parvis d’entrée à l’église souterraine de Saint-Emilion, l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, Michel Goutal, propose la création d’un auvent ou balet. Ce projet se fonde sur des témoignages historiques, mais la réalité de cet ancien aménagement est méconnue et demande à être étayée par des preuves matérielles. En conséquence, et suite aux relevés de décisions de la commission d’examen des projets sur Monuments Historiques du 21 juin 2013, la Conservation des Monuments Historiques demande une campagne de reconnaissance archéologique. Le bureau d’étude Hadès, mandaté par la mairie de Saint‑Emilion, a réalisé du 12 au 23 mai 2014 une campagne de sondages sur l’emprise du parvis depuis le portail jusqu’à l’escalier d’accès à la terrasse. Les terrassements ont été menés sur les cinquante premiers centimètres sur une surface avoisinant 56 m².

Les sources écrites attestent la présence d’un balet devant l’entrée de l’église souterraine. La plus ancienne mention date de 1579. L’absence de vestiges au sol sur l’emprise sondée ainsi que sur la façade rend très difficile toute restitution. Le portail dans son état de conservation actuel ne dispose d’aucune trace d’encoche. Aucun indice n’est perceptible à la lecture des anciennes photographies. L’absence de vestige au sol nous amène à nous interroger sur le rôle joué par la paroi rocheuse chemisée d’un mur entre le portail et la chapelle de la Trinité. L’angle formé par le retour de la paroi rocheuse à l’ouest pourrait avoir servi d’appui à une structure en bois. On pourrait alors restituer un auvent à deux pans s’appuyant sur le haut du gable avec des parties saillantes ou corbeaux installés pour la réception des chevrons. Il faut se rendre à l’évidence que les différents travaux entrepris au XIXe siècle sur l’église souterraine en auraient fait disparaître les traces. En l’état actuel, il nous est donc impossible de restituer l’élévation d’un auvent ou d’un balet devant l’entrée sud de l’église souterraine de manière assurée.

A défaut d’avoir mis en évidence des preuves archéologiques sur la présence d’une structure protégeant le portail, notre intervention a permis de révéler une partie du cimetière avec la mise au jour de 42 sépultures.

Trois niveaux d’inhumation ont pu être distingués. Les plus anciennes tombes sont creusées dans le rocher calcaire et présentent des formes anthropomorphes. Elles peuvent être datées entre le XIe et le XIIIe siècle. Ces sépultures semblent toutes avoir été vidées de leur contenu. Le second niveau se caractérise par des inhumations réalisées en coffre bâti. Ces contenants ont fait l’objet de réutilisation à l’époque moderne. Le dernier niveau d’inhumation se caractérise par l’emploi généralisé du cercueil de bois cloué. Les individus inhumés au cours de cette phase ont pour la plupart étaient déposés avec des pièces de monnaie (double tournois des XVIe-XVIIe siècles).

L’apport de l’étude biologique est assez limité. Sur les 32 individus analysés 8 femmes, 11 hommes et 12 sujets indéterminés ont été identifiés. Un seul sujet immature a été reconnu. Il se distingue par ailleurs par son orientation différente des autres. Toutes les classes d’âge sont représentées. Les individus inhumés dans ce cimetière correspondent à une population paroissiale classique.

L’opération menée initialement pour trouver les vestiges archéologiques d’une protection au-devant du portail d’entrée sud s’avère décevante de ce point de vue là. Elle apporte néanmoins des informations inédites sur la gestion du cimetière dépendant de l’église souterraine et vient de ce fait compléter les recherches menées actuellement sur ces problématiques funéraires.

Natacha SAUVAÎTRE