HADÈS Archéologie

Église Notre-Dame de l’Espérance

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Fiche

Résumé

Suite à la programmation de la restauration de la charpente et de la toiture de l’église Notre-Dame de l’Espérance à Cannes, une opération de relevé et d’analyse de la charpente a été prescrite. Elle avait pour but de vérifier la contemporanéité ou non des pièces de bois avec la construction de l’édifice avant que les remaniements n’effacent ces traces. Parallèlement, des prélèvements dendrochronologiques devaient éventuellement permettre de caractériser les essences et dater l’abattage des arbres.

L’église paroissiale de Cannes, dans son état actuel, a été achevée dans la première moitié du XVIIe siècle. Elle présente un plan classique à chevet pentagonal. Les sources écrites permettent de retracer une histoire très mouvementée de la construction qui, de trois années initialement prévues, dura en réalité plus d’une quinzaine. Le relevé et l’examen de la charpente actuelle indiquent que l’ensemble est en place au niveau du chœur (fig. 1) et de la nef (fig. 2). 143 pièces de bois composent l’ensemble (29 pour le chœur, 114 pour la nef). Toutefois, plusieurs éléments montrent que les poutres employées dans la charpente sont en partie des remplois (poutres retaillées notamment). Certaines de ces pièces présentent également des marques de charpentier qui ont parfois été modifiées (fig. 3). L’ensemble a été grossièrement mis en œuvre de sorte qu’il est fortement probable que la charpente ait été installée par un maçon à partir d’un projet qui a été modifié.

Cinquante prélèvements par carottages ont été effectués au niveau des charpentes de l’abside et de la nef. Parmi ces échantillons, quinze ont fait l’objet d’analyses dendrochronologiques (V. Labbas). Les résultats ne se sont toutefois pas avérés très pertinents. Ils indiquent que l’on est en présence de mélèze dont les séries de cernes étaient trop courtes pour envisager de proposer une datation de leur abattage. Toutefois, ces éléments montrent que les constructeurs étaient en possession de bois jeunes, ce que retranscrivent partiellement les sources écrites consultées. En effet, les prix-faits du XVIIe siècle associés à la (re)construction de l’église montrent que les bâtisseurs ont eu des difficultés pour s’approvisionner en mélèze dans l’arrière-pays niçois. Le travail sur ces sources n’a cependant pas été suffisamment exhaustif pour apporter d’autres éléments.

Il apparaît ainsi que les bois qui constituent la charpente actuelle de l’église ont été très certainement mis en œuvre lors de sa construction entre 1628 et 1645, mais on s’interrogera sur leur provenance et notamment sur le fait qu’il puisse s’agir de remplois relatifs à un projet modifié. On notera par ailleurs qu’une importante campagne de restauration et d’amélioration de la charpente est intervenue en 1768, millésime que l’on retrouve sur le terrain comme dans les sources écrites.

Fabien BLANC