HADÈS Archéologie

Château et maison de Montarnal

Nos métiers Production scientifique Opérations Château et maison de Montarnal

Fiche

  • Responsable : Sylvie CAMPECH, Laurence MURAT
  • Période de fouille : 2000, 2006, 2009
  • Localité : Sénergues (Aveyron)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

 

2000, maison seigneuriale

Les habitations du village de Montarnal (commune de Sénergues) s’élèvent, en contre bas du château et à l’est de celui-ci, au fond de la vallée du Lot, sur la rive gauche qui sert de frontière entre l’Aveyron et le Cantal.

La maison seigneuriale de Montarnal se présente comme un vaste corps de logis orienté nord sud, situé à l’entrée du village, au bord de la rue principale. Elle forme une unité isolée séparée du château par un espace réduit formant une cour ouverte et séparée des maisons villageoises par des passages (chemin, venelles). Dans le cadre de l’aménagement de la cour et du drainage du mur ouest de la maison seigneuriale, d’importants terrassements étaient prévus. La Conservation Régionale des Monuments Historiques et le Service Régional de l’Archéologie de Midi-Pyrénées ont prescrit, préalablement aux travaux de décaissement, une évaluation par sondages afin de reconnaître la nature archéologique du sous-sol .

La maison de Montarnal, bien que construite dans un bourg rural, suit les modèles de l’architecture civile urbaine. Chaque niveau du bâtiment forme une entité distincte. Comme à la ville, où les rez-de-chaussée sont occupés, côté rue, par les entrepôts ou les boutiques, la maison de Montarnal possède un premier niveau à vocation économique caractérisé par la rareté de ses ouvertures (3 jours) et par la présence de deux larges portes à deux vantaux. La dualité des portes laisse penser qu’elles desservaient deux entités spatiales différentes. À l’étage, on retrouve la même dualité. Les deux portes jumelées devaient desservir deux unités d’habitation distinctes. Cet étage, comme dans les maisons des villes, est le niveau résidentiel de la maison. Les belles fenêtres géminées du XIVe siècle décorent la façade sur rue avec un but ostentatoire évident. L’intervention archéologique nous apprend que les deux portes de la façade ouest-permettant l’accès au premier étage se trouvaient élevées de 2 m du sol extérieur de la cour médiévale. Elles devaient être desservies par un escalier bâti ou en bois.

Dans un premier temps (au XIVe siècle), cette maison a fonctionné seule, comme un logis isolé. Plus tard, des murs ferment la cour ouest l’incluant, ainsi que la maison, dans l’enceinte du château.

Sylvie CAMPECH

2006, le château

Le château de Montarnal (Sénergues) prend place sur un promontoire rocheux dominant la vallée du Lot.

Le site castral se présente aujourd’hui comme une plate forme organisée sur deux niveaux. Elle est entourée de murs de courtine arasés à des hauteurs variables. Un donjon circulaire en partie ruiné prend place au sommet de la terrasse haute, tandis que la terrasse basse est libre de toute construction, à l’exception d’un bâtiment d’entrée situé à l’extrémité nord de l’enclos.

Dans le cadre de l’étude préalable à la restauration et à la mise en sécurité des vestiges du château, réalisée par M. Christophe Amiot, Architecte en Chef des Monuments Historiques, une évaluation archéologique a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologie. En parallèle, une surveillance des premiers dégagements entrepris par le propriétaire a été prévue.

Deux sondages ont été pratiqués sur la plate forme castrale afin d’évaluer sa puissance stratigraphique et d’identifier d’éventuels vestiges enfouis. Un sondage implanté sur la terrasse inférieure, contre la courtine occidentale, a révélé la présence d’une succession de niveaux de remblais d’époque moderne, peut être liés à la campagne de construction de cette partie de l’enceinte. Quant au sondage ouvert au nord-ouest de la terrasse supérieure, il a mis en évidence l’existence d’un bâtiment, ou du moins d’un espace couvert, dont seul l’angle nord ouest-a pu être observé. Il était fermé au nord par une partie du mur de clôture actuel de la terrasse, et à l’ouest, par un retour de ce mur vers le sud. Cette dernières conservée sur une faible hauteur, ayant fait l’objet d’une campagne de récupération. Le dernier sol observé dans cet espace est constitué d’une chape de mortier surmontée d’une recharge probablement ponctuelle. La pauvreté du mobilier archéologique collecté et les faibles dimensions du sondage ne permettent pas de préciser l’époque de construction de cet ouvrage ni celle de sa dernière occupation. Cependant, la présence d’un corps de logis dans ce secteur, qui aurait pu fonctionner avec le donjon, aujourd’hui isolé, est envisageable. D’autre part, le propriétaire ayant entrepris le dégagement partiel des vestiges du bâtiment d’entrée et l’évacuation des déblais qui comblent le donjon en partie basse, un suivi de travaux a été mené en parallèle. Une première étude succincte de la structure d’entrée a pu être engagée. Cette dernière prend la forme d’un bâtiment comprenant au moins deux niveaux. Au rez-de-chaussée, un couloir d’accès, originellement voûté, dont le sol est constitué d’une rampe rocheuse, est flanqué au sud d’une pièce de proportions réduites où se trouvait peut être un escalier permettant d’accéder au niveau supérieur. À l’étage, cette partition ne semble pas avoir existé. Par contre, l’évacuation des déblais comblant le donjon en partie basse est restée trop limitée pour autoriser une analyse archéologique.

Laurence MURAT

2009, le château

Une surveillance archéologique de terrassements prévus par le propriétaire des lieux a été programmée par le service régional de l’Archéologie. Elle s’est effectuée en trois temps, dans le cadre de la mission de suivis de travaux sur Monuments Historiques en Midi-Pyrénées, entre 2007 et 2009.

Cette intervention a permis de compléter les observations effectuées lors de l’opération menée en 2006, concernant le bâtiment d’entrée et la zone voisine à l’est, et d’aborder deux secteurs du site castral encore inexplorés : le niveau inférieur de la tour ronde et le secteur sud est de la terrasse haute.

Différentes phases de l’évolution du site ont pu être mises en évidence dans chaque secteur exploré. Une tentative de phasage chronologique peut donc être proposée.

L’emprise du bâtiment d’entrée, qui serait antérieur à la tour ronde, s’est révélée plus importante qu’attendu, son extension totale restant toutefois encore inconnue. Il était accessible par une porte ouverte dans son mur oriental. Son sol était peut être constitué par le rocher lui même dans un premier temps, un plancher pouvant ensuite avoir été mis en place.

La tour ronde qui domine le site aurait été mise en place dans le courant du XIVe siècle. Correspondant peut être à un espace de stockage, son niveau inférieur, probablement aveugle, n’a été investi que de manière très occasionnelle. Il semble donc qu’on entrait dans l’édifice par le premier étage. Dépourvue de tout aménagement de confort, cette tour, peut être utilisée comme retranchement en périodes de troubles, revêt un caractère ostentatoire évident permettant d’y voir la tour maîtresse de l’ensemble castral.

Un bâtiment occupait vraisemblablement le secteur septentrional de la terrasse haute. Il comportait un jour ou une archère au nord. Le sol de son niveau inférieur était constitué d’une chape en mortier de chaux. Il est possible que cette construction ait fait office de logis, la tour ronde ne revêtant pas de rôle résidentiel.

L’enceinte sud est défendait le flanc le plus exposé du site, également couvert par les archères de la tour maîtresse. Sa construction est généralement attribuée à la deuxième moitié du XVe siècle au plus tôt d’après le type de ses archères canonnières. Or, ces dernières pourraient appartenir à un deuxième état de l’enceinte. Sa mise en place initiale aurait donc pu avoir lieu entre la construction du donjon, apparemment isolé dans un premier temps, et la reprise des maçonneries du réduit, à partir du XIVe et peut être avant le milieu du XVe siècle.

L’occupation de la tour ronde semble cesser définitivement entre la fin du Moyen Âge et le début de l’époque moderne, ce qui pourrait signaler une interruption de la fréquentation du site.

Une importante phase de travaux consistant à renforcer les défenses du site par la clôture du front nord de la plate forme, que ne défend plus le bâtiment d’entrée, apparemment déjà ruiné, et la reconstruction de l’enceinte au sud est, est entreprise à l’époque moderne.

Une nouvelle interruption de la fréquentation du site semble intervenir, suivie d’une phase de réaménagement, comprenant la remise en état de l’enceinte et des travaux de remblaiement, qui ne serait pas antérieure au XVIe ou au XVIIe siècle.

Des apports de terre arable signalent ensuite la transformation de l’enclos en jardin, sans doute après la Révolution. Seul le donjon et le bâtiment d’entrée semblent dès lors encore en partie conservés en élévation.

L’état des connaissances sur le site castral de Montarnal reste aujourd’hui encore largement lacunaire, ces campagnes de fouille mettant en évidence tout l’intérêt qu’il y aurait à poursuivre les investigations, de nombreuses questions restant à ce jour en suspens.

Laurence MURAT