HADÈS Archéologie

Logis Abbatial, château Abbatial, Parvis de L’abbaye, Boulevard Charlemagne

Nos métiers Production scientifique Opérations Logis Abbatial, château Abbatial, Parvis de L’abbaye, Boulevard Charlemagne

Fiche

Résumé

 

1998

Un sondage d’évaluation, effectué dans la partie sud-ouest de l’esplanade de l’abbaye bénédictine de Brantôme, a été confié par la municipalité au bureau archéologique HADES. Il a été réalisé au mois de mai 1998 sur l’emprise présumée de l’aile sud de l’ancien logis abbatial. Cette opération visait à définir le plan et les niveaux de sols et d’arasement des murs de cet ancien édifice, construction connue par une iconographie et des textes du XVIIe s. ainsi que par des fouilles anciennes menées en 1912 par Georges Bussière.

Ces recherches archéologiques venaient en prévision de travaux d’aménagements des terrasses de l’abbaye situées en bordure de la Dronne. Une tranchée de fouille de près de 30 mètres de long sur deux mètres de large a permis de retrouver le corps de logis principal, d’axe est/ouest, arasé à une faible profondeur sous le niveau de circulation actuel.

Ce bâtiment se compose d’une tour d’angle circulaire défendue de canonnières. Cette tour est engagée dans l’angle sud-ouest d’une petite salle (9 x 7,5 mètres) dans laquelle un sol de dalles calcaire a pu être observé à un mètre sous le niveau de circulation actuel. Cette salle était munie d’une première cheminée placée dans l’angle formé par la tour et le mur occidental du logis. Un four en brique, partiellement détruit, pourrait avoir été plaqué contre cette cheminée. des fouilles réalisées en 1912 l’avaient déjà sans doute mis au jour ainsi que deux bassins en pierre disposés sur le côté du mur longeant la Dronne. Une seconde cheminée, au foyer formé de carreaux de terre cuite, a été retrouvée contre le mur de refend qui sépare cette première pièce d’une grande salle se développant vers l’est.

Dans cette seconde salle (12,5 x 7,5 mètres), plusieurs couches de remblais ont été dégagées. Parmi celles-ci, un important agglomérat de pierres sculptées et moulurées était posé sur un sol de carreaux en terre cuite seulement conservé sur une petite partie de la pièce. Contre le mur oriental de cette grande salle, la base de trois assises d’une cheminée monumentale a été découverte, construction à laquelle pourrait appartenir un certain nombre de sculptures recueillies, particulièrement le corps imposant d’un griffon.

À l’est de cette salle, le bâtiment se rétrécit enfin par un perron d’entrée ouvert d’une porte encadrée de pilastres moulurés (un seul est conservé). Ailleurs, d’autres accès ont été dégagés sur l’ensemble du logis, notamment une porte de sortie de la grande salle vers une cour extérieure nord et une porte de communication entre la grande et petite salle.

La durée d’occupation du logis abbatial a pu être assez clairement établie grâce aux documents d’archives venus appuyer les découvertes de terrain. Ainsi, la construction du bâtiment peut être attribuée au temps d’Amanieu d’Albret (1504 1519), premier abbé commendataire de Brantôme dont les armes ont été retrouvées sculptées sur deux clefs de voûtes du logis. des réfections architecturales ont sans doute été menées ensuite sous les abbatiats de Pierre de Mareuil (1538 1556) et de Pierre de Bourdeilles (1556 1614), ce dernier connu sous le nom de Brantôme en raison de ses œuvres littéraires rédigées en grande partie dans cette bâtisse. Finalement, le logis abbatial disparaît dans le deuxième quart du XVIIIe s. avec l’agrandissement du réfectoire et l’aménagement de l’esplanade toujours visibles aujourd’hui. Le logis abbatial de Brantôme apparaît au vue de cette fouille archéologique, comme un petit château d’époque Renaissance, riche d’ornementations sculptées et muni d’un système fortifié pour le tir à l’arme à feu. Il représente la riche demeure de trois générations d’abbés ayant marqué l’histoire du monastère de Brantôme, dont la figure de proue reste encore celle de Pierre de Bourdeille. Les témoignages écrits laissés par cet illustre personnage consacrent d’ailleurs le logis abbatial comme véritable lieu de mémoire, que le projet d’aménagement de l’esplanade envisage apparemment de restituer.

2000

Les travaux de terrassements destinés à l’aménagement d’une promenade sur l’esplanade située en façade sud des bâtiments abbatiaux de Brantôme, le long de la rive droite de la Dronne, entre la porte des Réformés et la fontaine Médicis, ont permis de révéler un ensemble de substructions arasées à moins de 50 cm sous la chaussée de circulation actuelle. Ces structures bâties ont fait l’objet de fouilles et de relevés archéologiques avant qu’elles ne soient enfouies sous les nouveaux parterres : il s’agissait d’en établir le plan au sol, de déterminer les relations architecturales des maçonneries, d’estimer une datation relative et de replacer dans le contexte abbatial l’ensemble des informations recueillies.

Le chantier, effectué entre les mois d’août et septembre 2000 par deux archéologues de la société Hadès, a consisté au dégagement à la pelle mécanique et à la fouille manuelle de deux zones archéologiques sensibles.

La première concerne l’emprise de l’ancien château abbatial, construit dans le style de la première Renaissance en trois corps de logis au début du XVIe siècle par le cardinal Amanieu d’Albret et détruit vers 1744. Un sondage d’évaluation, réalisé en mai 1998, avait permis de cerner la stratigraphie du comblement intérieur et l’étendue de l’aile sud du logis, en bordure de Dronne. Depuis, les terrassements sont venus préciser le plan du rez-de-chaussée : une tour d’angle circulaire au sud-ouest, bâtie sur cave voûtée, a livré un sol pavé en calcaire. Elle communique avec l’aile sud composée de deux salles éclairées en façade de Dronne par trois travées de fenêtres. La plus petite de ces salles, chauffée par deux cheminées, communique avec l’aile occidentale du château abbatial dont il ne subsiste presque plus rien, détruite par les terrassements d’une ligne de tramway et les tranchées de réseaux. La plus grande salle, qui disposait d’une cheminée monumentale, s’ouvre sur sa façade nord, par deux portes encadrées d’une colonnade ayant supporté vraisemblablement une galerie extérieure. Le logis se termine, vers l’est, par deux petits bâtiments accolés, le premier abritant un four, directement relié par une porte à la grande salle du logis, l’autre, en suivant, comblé d’un éboulis de pierres de taille. Au-delà, entre le logis abbatial et le pont, plusieurs éléments de démolition ont été observés dans l’espace autrefois affecté à la basse cour du château abbatial.

La deuxième zone intéresse tout le flanc sud de l’église abbatiale et la galerie sud du cloître. Cette dernière, construite dans la deuxième moitié du XVe siècle et détruite au milieu du XIXe siècle, a livré cependant quelques fondations qui en délimitent l’emprise. Ailleurs, dans l’espace compris entre le mur gouttereau sud de la nef et la Dronne, plusieurs constructions arasées et imbriquées, considérablement tronquées par des tranchées de réseaux, ont été dégagées. Le long de la rivière, on note trois bâtiments : le premier, observé sur une moitié seulement, conserve un sol de pisé avec un motif de dessins et le foyer d’une cheminée. Une construction plus petite, dotée d’un sol de galets, lui est accolée. Il s’agit d’appartements monastiques construits aux environs du XVe siècle. Vient enfin un vaste bâtiment de plan carré, bâti sur caves, avec de larges murs en pierre de taille. L’angle nord-est de ce dernier bâtiment que nous n’avons su dater précisément, relié par un mur à la travée du chevet de l’église, a été recoupé par la construction le long du gouttereau de la nef, d’une galerie et d’une sacristie bâties au XVIIIe siècle et détruites en 1848. Ces deux constructions sont venues masquer les absides de deux chapelles romanes latérales à la nef, la première partiellement conservée et incorporée dans les constructions, la seconde détruite complètement avant le XIVe siècle. Ces deux chapelles en hémicycles et qui conservent des éléments remarquables (bases de colonnes, sculptures), sont enfouies plus profondément que les fondations actuelles de l’église, soubassements repris au milieu du XIXe siècle par l’architecte Paul Abadie lors de la reconstruction de la nef. Il n’a donc pas été possible de dégager les fondations primitives du vaisseau et d’établir de ce fait, des relations chronologiques précises entre ces deux chapelles romanes et le reste du sanctuaire. Celui-ci a vraisemblablement été relancé sur un édifice du milieu du XIe siècle (le clocher date de cette époque), au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle (chapiteaux, demi-colonnes et autres éléments de cette époque) et achevé par le chœur dans le premier quart du XIIIe siècle (voûtes gothiques de style angevin).

L’ensemble de cette opération apporte de précieux jalons sur le développement topographique et architectural d’une grande partie du site abbatial, lequel s’avère être aujourd’hui au cœur de vives préoccupations de mises en valeur touristiques et patrimoniales.

Jean-Luc PIAT