HADÈS Archéologie

Les Bringuiers

Fiche

Résumé

Le site des Bringuiers, situé dans la zone Parc-Euronord à cheval entre les communes de Saint-Jory et Bruguières, s’étend sur un peu plus de 2 ha. L’intervention archéologique préventive a permis de mettre au jour 142 structures dont la datation s’échelonne du Néolithique moyen au très haut Moyen Âge, la majorité d’entre elles étant attribuée à la période protohistorique. Parmi ces aménagements, se distinguent deux fossés perpendiculaires qui traversent l’emprise, 38 fosses, 45 trous de poteau, 10 structures à galets chauffés, sept fours domestiques excavés et des zones d’épandages de galets peu denses et pauvres en mobilier. Six bâtiments de forme rectangulaire ont été reconstitués à partir de plus de la moitié des trous de poteau : quatre bâtiments sur quatre poteaux, dont la surface est comprise entre 5 et 12 m2, un autre de 14 m2 sur six poteaux et un dernier d’environ 60 m2 constitué de huit poteaux. Leur taille évoque des fonctions de greniers, d’abris et de petites habitations.

De plus, un paléochenal, interprété comme un ancien bras de l’Hers, traverse une grande partie de l’emprise de la fouille. Son fonctionnement est antérieur à toutes les occupations humaines identifiées. La légère dépression marquant son emplacement a persisté lors de toute sa phase de comblement, favorisant ainsi l’accumulation de mobilier, comme le suggère la présence, à l’emplacement de son ancien lit, de la plupart des épandages identifiés.

La chronologie des occupations a pu être précisée grâce à l’étude de la céramique et aux datations par le 14C.

La phase la plus ancienne (du Néolithique moyen au Chalcolithique) est matérialisée par quelques fosses et éventuellement par des aménagements circulaires de galets chauffés, probables foyers (fig. 1).

La période protohistorique, située entre les phases ancienne et moyenne du premier âge du Fer, est représentée notamment par de grandes fosses mesurant en moyenne 2 m de diamètre et 0,60 m de profondeur, dont le remplissage au caractère détritique contenait de nombreux charbons, nodules d’argile rubéfiée et tessons de céramique. La présence de fragments d’amphore massaliète dans l’une d’entre elles inciterait à élargir l’attribution au début du second âge du Fer. En outre, les six bâtiments reconstitués pourraient être rattachés à cette occupation. En effet, certains des trous de poteau qui leurs sont associés ont livré des tessons, en quantité certes très faible mais dont la facture est proche d’éléments plus complets, provenant notamment des grandes fosses évoquées précédemment. Ces structures semblent ainsi correspondre à un contexte d’habitat, ce qui reste exceptionnel pour cette période, essentiellement caractérisée par des nécropoles.

La découverte de fragments d’amphore italique et de tegulae, le plus souvent en contexte remanié, suggère une fréquentation des environs du site au second âge du Fer et/ou à l’Antiquité. Cependant, aucune structure ne peut être rattachée clairement à cette période.

Enfin, une occupation du début de l’époque médiévale est caractérisée par la présence de sept à neuf « fours à pain » excavés (fig. 2), auxquels peuvent être associés, de façon très hypothétique, quelques fosses ainsi qu’un radier constitué de fragments de briques et de tuiles. Les fours étaient composés d’une chambre de chauffe hémisphérique probablement voûtée et d’une fosse de travail de forme allongée, située en contrebas de l’aire de cuisson. Celle-ci était caractérisée par une rubéfaction du fond et des parois et, pour deux des fours, par la présence d’une plaque foyère constituée de fragments de briques et de tuiles. Les fosses de travail ont livré des niveaux très charbonneux et cendreux, interprétés comme des vidanges des cuissons, ainsi que de petits foyers. Ces fours et les structures annexes n’ont livré qu’une très faible quantité de céramique. Leur datation a cependant pu être appréciée grâce à l’analyse 14C d’échantillons provenant de quatre de ces structures. La fourchette large ainsi obtenue est située entre 415 et 655 apr. J.-C., faisant ainsi de ces découvertes un apport majeur. En effet, l’occupation de l’espace rural des environs de Toulouse est très mal connue, cette période étant essentiellement représentée par des nécropoles franques, tandis que les vestiges wisogothiques se concentrent particulièrement à l’emplacement de la ville actuelle.

Julie GASC