Fiche

Résumé

La fouille archéologique du site de Saint Martin d’Ary « Le Noret » a été prescrite par le service régional de l’Archéologie, suite aux diagnostics effectués dans la commune, dans le cadre de la construction d’une nouvelle ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique. L’intervention, recouvrant à peu près un hectare, a permis de mettre au jour 90 structures, dont 26 ont été attribuées à l’époque protohistorique, 10 autres à l’Antiquité et 13 autres à l’époque actuelle. Près de 40 structures n’ont pas pu être datées. Les vestiges étaient très arasés.

L’occupation protohistorique, rattachée à la fin du 2e âge du Fer, plus précisément entre La Tène C2 (200 140/130 av. J. C.) et La Tène D1 (140/130 90/80 av. J.-C.), est caractérisée essentiellement par trois sortes de vestiges immobiliers et mobiliers : un enclos fossoyé de forme quadrangulaire d’environ 50 m sur 80 m, soit 4000 m2, dont la branche sud, la plus imposante, présente une interruption de 6,50 m en son centre, qui pourrait matérialiser un système d’entrée ; quatre charbonnières en fosse ; 500 kilos de résidus relatifs à l’activité métallurgique du fer.

On peut ajouter à ces éléments un hypothétique grenier, de nombreuses fosses, dont la fonction est inconnue, et d’éventuels bâtiments, plutôt de simples abris, dont la datation est plus qu’incertaine. La nature de ces vestiges nous permet d’interpréter le site comme une occupation à vocation artisanale, le charbon qui y a été produit étant probablement utilisé dans la réduction du minerai de fer.

Cette activité n’est, par contre, matérialisée que par la présence des résidus (scories et parois de four vitrifiées), aucun bas fourneau n’ayant été identifié comme tel.

Les différents éléments scorifiés analysés se rapportent aux deux techniques de réduction du fer, à savoir les bas fourneaux à scorie piégée, et les bas fourneaux à scories écoulées. Mais leur contexte de conservation, en position secondaire, détaché des structures métallurgiques, empêche d’avancer des hypothèses concernant l’évolution technologique des fourneaux, qui semble justement intervenir à la fin du 2e âge du Fer.

Le travail de post réduction est également évoqué, mais seulement par une quantité infime de restes (scories en calotte).

Le site ne présente aucun signe de monumentalité, la profondeur maximale des fossés de l’enclos, dans la zone où il est le mieux conservé, étant d’environ 2 m, et leur largeur à l’ouverture maximale étant proche d’1 m. de plus, aucun talus n’a été mis en évidence et la superficie de l’enclos est inférieure à 1 hectare.

Les structures les plus intéressantes sont finalement les charbonnières, et plus particulièrement l’une d’entre elle, la plus grande. Elle mesure 4,5 m de diamètre et a une profondeur de 1,15 m. Son comblement, ainsi que les multiples aménagements des parois à l’aide d’un placage d’argile, nous ont permis d’identifier trois phases d’utilisation, dont la dernière semble ne pas avoir abouti, eu égard à l’épaisse couche de cendres qui la caractérise. Les trois autres charbonnières ont des diamètres compris entre 1,85 m et 4 m et leur profondeur n’excède pas 0,50 m.

Les comparaisons régionales de la céramique vont dans le sens de la partition culturelle entre Aunis et Saintonge, perceptible durant la période comprise entre LTC2 et LTD1 : la Saintonge continentale et méridionale, dans laquelle se situe Saint Martin d’Ary, aurait plutôt été tournée vers l’isthme gaulois, tandis que l’Aunis et la Saintonge océanique auraient été sous influence armoricaine.

La nature de l’occupation antique est difficile à appréhender. La principale structure est un fossé, qui recouvre toute la longueur de l’emprise de fouille. La présence de scories en calotte dans quelques fosses attribuées à cette période pose cependant la question de la continuité de l’activité métallurgique.

Julie GASC