HADÈS Archéologie

Le donjon

Fiche

Résumé

Dans le cadre d’une restructuration urbaine des abords du donjon de Niort, un projet de réaménagement du front ouest a été décidé par la ville. Le jardin-terrasse surplombant le quai de la Préfecture et la rue Léon Blum devait laisser la place à un espace paysager en pente, entraînant un terrassement important jusqu’en-dessous du niveau de la route. Un diagnostic archéologique ayant révélé de nombreux vestiges maçonnés sur l’emprise au pied du donjon, le service régional de l’Archéologie de Poitou-Charentes a émis une prescription de fouilles.

Les résultats viennent considérablement enrichir la connaissance des abords du donjon, entre ce dernier et la Sèvre, sur le front ouest. Pour la troisième fois, les investigations ont confirmé l’occupation précoce du site à l’époque des Xe – XIIe siècles, dans une zone qui n’avait pas été explorée jusqu’ici. Un bâtiment à contreforts plats est avéré à une époque antérieure au donjon, vers les XIe – XIIe siècles. Si sa fonction reste à déterminer, sa construction prend place dans un espace entre la rivière et le plateau qui sert d’assise au château. Sa datation permet de le replacer dans un paysage urbain médiéval en plein essor, peu de temps après la mention du castrum dans les sources écrites vers 946. Lorsque le donjon à deux tours est édifié sur le promontoire calcaire dans le dernier quart du XIIe siècle, il est difficile de dire à quelles activités est dévolu cet espace tourné vers la rivière. Le premier aménagement qui atteste d’une réorganisation spatiale autour du donjon est le creusement du fossé périphérique sur ses fronts nord, est et sud, ainsi que la construction d’une fausse-braie à l’est. Côté ouest, deux courtines rectilignes ferment une cour basse située au pied du donjon, dont elles assurent la défense et dont l’accès se fait par une entrée au nord. Ces constructions modifient considérablement les abords du donjon et renforcent son caractère fortifié de manière manifeste. Ils sont datés des XIIIe – XIVe siècles. Par la suite, l’escarpe ouest est maçonnée et un bâtiment est construit contre le parement nord de la courtine sud au XVe siècle. Ce dernier sert probablement d’écurie dans un premier temps, avant d’être divisé en plusieurs salles pour abriter une salle d’armes, un magasin aux poudres et un magasin d’artillerie jusqu’au début du XVIIe siècle. À partir de 1727, la salle centrale et la pièce orientale de ce bâtiment sont réaménagées de voûtes et leurs niveaux de sol sont décaissés pour donner un aspect casematé à ces nouvelles pièces qui abritent les approvisionnements en poudres et en artillerie. Le bâtiment est en ruine vers 1817 et sera comblé et remblayé pour la construction du jardin-terrasse qui remplace le préau de la maison d’arrêt du donjon en 1853. La partie nord de l’emprise a révélé les vestiges de l’ancien magasin aux pompes à incendie construit au début du XIXe siècle et d’une maison d’habitation qui disparaîtra lors du lotissement des abords du donjon à l’époque contemporaine. Le jardin-terrasse est doté d’un monument commémoratif des soldats niortais morts lors de la Première Guerre Mondiale.

Aujourd’hui, le projet de réaménagement au pied du donjon consiste en un accès piétonnier depuis la rue Du Guesclin vers la Sèvre, avec une pente végétalisée recouvrant les vestiges archéologiques de l’enceinte basse du château.

Caroline CHAUVEAU