HADÈS Archéologie

Le château épiscopal

Fiche

  • Responsable : Agnès MARIN
  • Période de fouille : 2004
  • Localité : Capestang (Hérault)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : MIDI

Résumé

L’analyse archéologique du château de Capestang, qui n’avait jusque là bénéficié d’aucune étude approfondie, a permis de mettre en évidence six grandes phases ayant marqué son histoire architecturale et qui apportent des jalons importants pour la compréhension de l’évolution de l’édifice et de ses fonctions au cours des siècles. En cela, c’est une source historique supplémentaire que nous avons tenté de constituer, source qui peut être utilement confrontée aux données d’archives lacunaires que nous avons pu rassembler.

En bref, il s’avère donc qu’un premier noyau de constructions a été édifié au cours du XIIe siècle. L’ampleur et la qualité de la mise en œuvre de leurs maçonneries signalent le rang aristocratique du commanditaire, mais les vestiges conservés de cette période ne suggèrent en rien qu’il s’agissait là d’un lieu fortifié. Cet état de fait concorde du reste bien avec la première mention attestée de la résidence en 1122 où elle est nommée « maison de l’archevêque ». Cette vocation défensive autant qu’ostentatoire n’apparaît que dans un second temps, probablement dans la deuxième moitié du XIIe siècle, avec la création d’un véritable donjon habitable d’une surface de 170 m2, défendu au sud par ses imposants mâchicoulis sur arcs. Ici, l’acte d’hommage de Gaucerand à l’archevêque en 1189 peut être invoqué puisque l’imposant couronnement du château semble cité . Probablement un peu plus tard dans le XIIIe siècle, le castrum s’est modernisé par l’adjonction d’une courtine de pierre flanquée de tours d’angles circulaires munies d’archères, qui s’inspire manifestement du modèle castral phillipien en pleine expansion dans le midi de la France dans la 2e moitié du siècle, dans la mouvance des grands chantiers royaux de Carcassonne et d’Aigues Mortes. La fonction défensive du site semble passer en second plan au XIVe siècle, avec le réaménagement, à l’étage du logis, d’une vaste aula desservie par les grands degrés, apanage obligé de ce type de programme : avec l’ouverture d’amples baies à remplages, la création d’un volume intérieur monumental résultant de la mise en place d’une charpente apparente sur arcs diaphragmes peut être peinte à cette époque et enfin, par le déploiement fastueux d’un décor mobilisant toutes les formes d’art monumental (sculpture, peinture murale et peinture sur bois, vitraux). Cette campagne manifeste avant tout la richesse et la puissance des archevêques durant cette période d’apogée du château. Le XVe siècle n’est pas en reste avec la création, vers 1446, de son magnifique plafond peint : au-delà de sa qualité artistique et technique, on a vu que cet aménagement marquait un net tournant dans l’organisation de la salle haute. Son ancienne fonction, avant tout publique, est alors tempérée par l’insertion d’un espace domestique que la conception même du plafond impliquait dès sa création : deux pièces (dont une cuisine à l’est) séparées par une cloison et desservies par un couloir. Les remaniements postérieurs à cette période montrent un déclin manifeste du lieu, qui continue néanmoins d’appartenir aux archevêques jusqu’à la Révolution. À une date qui reste indéterminée, l’édifice a été transformé en exploitation agricole, et ce, bien avant sa vente comme Bien National. Propriété communale depuis 1937, gageons que le projet actuel de réhabilitation permettra de sauver de l’oubli et de la destruction cet ensemble architectural longtemps négligé.

Agnès MARIN

Agnès MARIN