HADÈS Archéologie

Lalévie (ZAC de Bas-Pays)

Nos métiers Production scientifique Opérations Lalévie (ZAC de Bas-Pays)

Fiche

Résumé

Le site de Lalévie se trouve dans la partie nord-ouest de la commune de Montauban (Tarn-et-Garonne), à environ quatre kilomètres du centre ville. L’opération, qui fait suite à un diagnostic réalisé par l’Inrap en 2013, s’est déroulée du 10 juin au 11 juillet 2014 et se place dans le cadre de l’aménagement de la ZAC de Bas-Pays. Elle a eu pour mission d’étudier un enclos de la fin de l’âge du Fer et les structures qu’il enserre, afin de comprendre son organisation et d’affiner sa datation.

La stratégie d’intervention a été perturbée par l’aménageur qui a entamé ses travaux alors qu’une prescription archéologique avait été émise par le SRA de Midi-Pyrénées. L’implantation d’une voirie desservant un futur lotissement avait irrémédiablement détruit une partie des 27 000 m² initialement prescrits. Certaines zones paraissant très peu denses en vestiges archéologiques, au vu des résultats du diagnostic, il a été décidé, en concertation avec les agents de l’État, de réaliser les terrassements en trois phases pour s’attacher à l’étude des zones contenant des vestiges laténiens et laisser à disposition de l’aménageur les secteurs négatifs. Des tranchées (fig. 1), à l’instar d’un diagnostic, ont donc été réalisées dans les zones les moins denses en vestiges archéologiques (au sud-ouest, au sud et au nord-est de l’emprise). D’autres tranchées ont été ouvertes pour suivre les tracés des fossés aux abords de la zone principale présumée de l’enclos protohistorique. Parallèlement, cette dernière a été décapée de manière extensive sur 6000 m2 environ.

Sous une soixantaine de centimètres de terre arable remaniée, sept fossés, six trous de poteau et trois fosses forment un ensemble homogène spatialement et chronologiquement. Deux fossés délimitent les côtés nord-ouest et sud-ouest d’un enclos probablement quadrangulaire et légèrement curviligne (fig. 2). Leurs pendants, au nord et à l’est, doivent se développer hors emprise. À l’intérieur de l’enceinte, deux fossés alignés partitionnent l’espace et un troisième pourrait, avec deux autres tronçons fossoyés, former un second enclos en partie superposé au premier. Les trous de poteau peuvent marquer l’ancrage de deux petits bâtiments, au plan identique, couvrant une surface au sol de 10 à 15 m2 chacun (fig. 3).

L’étude du mobilier céramique et amphorique contenu dans les comblements des structures place l’occupation du site de Lalévie durant La Tène D1, entre 140 et 80 av. J.-C. Des parallèles ont pu être faits avec le vaisselier de sites contemporains du Toulousain et les types d’amphores représentés (concomitance de gréco-italiques et de Dressel 1A) confirment cette datation.

La zone principale présente des traces agraires qui ont profondément impacté le sous-sol. Il en résulte un état de conservation des vestiges très médiocre. Les structures les plus profondes comme les fossés ne sont conservés que sur 0,60 m de profondeur au maximum (fig. 4) alors que les trous de poteau ne dépassent pas 0,30 m de profondeur conservée. La faible densité de structures à l’intérieur de l’enclos (seulement deux bâtiments identifiables et trois fosses dont la fonction est indéterminée) ne permet pas de se prononcer de manière certaine quant à la fonction de cet établissement rural enclos. Il a pu abriter une ferme sans vocation artisanale et de rang assez modeste, malgré la présence de certains mobiliers de prestige. Le bassin en bronze (fig. 5) et les trois amphores décolletées (fig. 6) dans un des fossés de partition laissent supposer que du vin a été consommé sur place lors d’occasions particulières. Ces témoins sont trop ténus pour envisager une fonction d’enclos à banquets.

L’établissement rural enclos laténien de Lalévie à Montauban vient enrichir un corpus de seize sites aux caractéristiques identiques mis au jour dans les départements du Tarn-et-Garonne, du Tarn et de la Haute-Garonne. Il existe néanmoins des disparités dans la connaissance de chacun d’eux et les comparaisons restent limitées. La compilation des données sur les superficies des enclos et leur nombre, la forme de leur plan et la présence de partition interne et de bâtiments sur poteaux ne permet pas encore de définir une typologie pour ces établissements. Il faut donc espérer que d’autres enclos laténiens pourront être fouillés afin d’étoffer le corpus de cette région et de mieux comprendre l’organisation des campagnes du Sud-Ouest à la fin de l’âge du Fer.

Julien COUSTEAUX