HADÈS Archéologie

La “Porte du Port”

Fiche

Résumé

En 2006, Sophie Guevara effectuait une prospection inventaire du centre-ville de Langon. Elle répondait à une demande du Service Régional de l’Archéologie soucieux d’anticiper sur les travaux d’aménagement et en particulier ceux déjà entamés sur le port en novembre 2005. Son travail a en outre permis d’envisager les constructions près du port comme une portion d’enceinte urbaine, jointive d’une porte dite «de la Mer» ou «du Port». Cette conclusion était néanmoins présentée avec certaines réserves. L’auteur insistait sur la nécessité de recherches archéologiques et historiques complémentaires. L’opération réalisée en 2008 s’inscrit dans la continuité de cette étude.

Dix jours ont été accordés à une personne pour des recherches historiques. L’étude archéologique comprenait 5 jours à 2 personnes pour une analyse des vestiges en élévation sur les parcelles cadastrales 386 et 336. 5 jours ont ensuite été alloués à 3 archéologues pour réaliser trois sondages sur les mêmes parcelles. Enfin, 10 jours ont été nécessaires pour la rédaction du rapport archéologique et de la synthèse historique. Après un état des sources et de la bibliographie, le rapport présente un rappel du contexte historique et archéologique de la ville. Un chapitre développe particulièrement l’état des connaissances et les problématiques liées aux enceintes urbaines de Langon. Un autre chapitre expose ensuite quelques données topographiques concernant le port. Enfin, à partir de données historiques, une évolution chronologique des parcelles directement concernées par la fouille est suggérée. La dernière partie confronte cette hypothétique évolution aux vestiges étudiés en élévation et en fouille. En résultat, malgré l’ampleur et la qualité de la bibliographie, l’étude historique a révélé l’existence d’une importante quantité de sources encore inexploitées. La plupart offrent des indications primordiales pour une analyse de l’évolution de la ville de Langon, mais également pour des études monumentales qui s’avèrent encore insuffisantes.

La fouille des abords du port de Langon n’a apporté aucun élément nouveau concernant les périodes de l’Antiquité et du haut Moyen Âge, même si une occupation du 1er siècle se manifeste sporadiquement par du mobilier résiduel. Les prémices d’une occupation pérenne sont envisagées au XIIe voire au XIIIe siècle lors de la construction d’une enceinte de bourg. Cette architecture défensive a pu être ponctuellement observée mais le contexte stratigraphique n’améliore pas la datation. La portion de courtine nord, parallèle au cours de la Garonne était ouverte par une porte dite de la Mer. Celle-ci n’entretenait pas de relation physique avec une construction située plus au nord, sur la parcelle 386. Les maçonneries observées n’ont pu être datées. Elles pourraient correspondre aux vestiges d’une «maison du port» mentionnée dans une source de la seconde moitié du XIIIe siècle. L’analyse du bâti a révélé un minimum de sept phases. La maison du port aurait vraisemblablement été reconstruite à la fin du XIIIe siècle. Son plan aurait alors été modifié. Une destruction est envisagée au début du XIVe siècle. La situation extra muros l’a certainement rendu vulnérable aux conflits de la guerre de Cent Ans. La datation repose sur l’identification d’un mobilier céramique issu des couches stratigraphiques. Les hostilités ont débuté dès 1328. La ville est alors assiégée. Elle l’est également en 1340. On ignore l’état de l’édifice au cours du XIVe siècle. Une reconstruction en tour est suspectée au début du XVe siècle à partir d’une mention de «novam turrim» en 1422. Le commanditaire serait alors Guillaume Arnaud de la Mothe, chevalier, seigneur de Langon. Le caractère défensif de cette architecture transparaît à peine des vestiges qui se résument aujourd’hui à des latrines. La construction est néanmoins de qualité. Dénommée Castera en 1604, elle est représentée avec seulement deux petites ouvertures sur un dessin de 1614. Les phases postérieures sont plus documentées par les sources et documents iconographiques que la stratigraphie. Les sols comprenaient très peu de niveaux construits ou d’occupation. La maison et les parcelles étudiées deviennent la propriété Cazenave vers 1639. Elles le restent jusqu’au XIXe siècle. L’évolution du bâti est perçue à travers une carte d’arpentage datée 1716 et les plans du cadastre dit napoléonien.

Patrick BOUVART