HADÈS Archéologie

La “Maison Julia”

Fiche

  • Responsable : Sandrine CONAN
  • Localité : Perpignan (Pyrénées-Orientales)
  • Agence : MIDI

Résumé

CONCLUSION Les datations en dendrochronologie permettent de confirmer la présence d’un bâti au XIIIe siècle sur la parcelle de la maison Julia en partie observée par l’analyse des élévations.

La demeure composée de deux corps de bâtiment organisés autour d’une cour intérieure paraît exister dans son ensemble dès le début du XIVe siècle. C’est vraisemblablement à partir du XVe siècle et pendant le XVIe siècle que les parcelles attenantes au nord, alors vraisemblablement composées d’un patus et peut être d’une ruelle, sont en totalité recouvertes par de nouvelles pièces dont il subsiste encore les plafonds à poutres et solives.

Ces apports successifs qui se poursuivent jusqu’au XXe siècle ne transforment pas le programme architectural de la demeure médiévale qui est aujourd’hui en grande partie connu. La maison s’inspire des demeures méditerranéennes et particulièrement de l’architecture gothique catalane et son décor sculpté dont les formes conservent une tradition romane sont datables du début du XIVe siècle. Les plafonds en bois composés de poutres et solives sur corbeaux, datés de 1319 ou 1364, sont tous conservés avec leurs décors peints qui seraient, d’après la chronologie relative, contemporains voire quelques peu postérieurs.

Le bâtiment principal avec son plan en L présente une longue façade sur la rue fabrique den Nabot test doté à l’angle d’une tour qui domine l’ensemble de l’édifice. La parfaite conservation (ou restauration !) de la cour intérieure laisse supposer la présence d’un degré extérieur permettant d’accéder au niveau d’habitation, situé au premier étage, et notamment à la grande salle de la demeure dont les dimensions révèlent un espace exceptionnel.

L’introduction de la mode à la française aux XVIIIe et XIXe siècles se traduit principalement par l’ajout d’un grand escalier, alors implanté à l’intérieur de la demeure, et la multiplication des espaces qui ne portent cependant pas préjudice au bâti médiéval. La demeure, dont les origines bourgeoises sont évidentes, se pare de décors d’un goût nouveau que sa transformation au XIXe siècle en édifice locatif ne fera pas disparaître.

À la lecture des documents de 1914, il apparaît que les travaux, placés en partie sous l’autorité des Monuments Historiques, ont fait disparaître de nombreux éléments médiévaux et modernes qui avaient jusque-là été conservés. Il semble que la volonté des nouveaux propriétaires était alors d’essayer de retrouver le caractère originel de la maison, sans pour autant supprimer les éléments intéressants des autres époques.

Un suivi des travaux de réhabilitation serait nécessaire, voire indispensable, pour répondre aux nombreuses incertitudes et aux différentes interrogations suscitées par cette étude. En outre, un dépouillement exhaustif des archives notariales permettrait sans doute d’exhumer de nouveaux actes une fois que l’origine de propriété sera clairement établie pour la période antérieure à 1839. Cette recherche complémentaire pourrait notamment infirmer ou confirmer la thèse Nebot, lignée qui aurait donné le premier propriétaire de la maison Julia au Moyen Âge et peut être encore au XVIIe siècle, jusqu’à son extinction vers le milieu de ce même siècle.

Sandrine CONAN