HADÈS Archéologie

Hôtel du Cloître

Fiche

Résumé

Novembre 2012 – Janvier 2013

Suite à la seconde tranche de travaux d’aménagement de l’Hôtel du Cloître, un suivi archéologique de ces travaux de démolition a été prescrit par le SRA. L’objet de l’intervention était de documenter l’édifice situé entre l’ancien palais archiépiscopal et l’ancien logis du prévôt afin de caractériser et de dater les différentes campagnes de construction. Cette opération s’est déroulée sur plus d’un mois, au gré de l’avancement des travaux.

D’après le développement topographique du quartier canonial, les parcelles étudiées n’ont été l’objet de constructions que bien tardivement. Ces constructions ont été enregistrées en sept phases différentes : 1 – Remploi antique 2 – XIIIe siècle 3a – Aile orientale du palais épiscopal XIVe siècle 3b – Le nouveau tinel XIVe siècle 4 – XVe et XVIe siècles 5 XVIIe et XVIIIe siècles 6 XIVe siècle 7 – les aménagements des XXe et XXIe siècles.

Au XIIIe siècle, il est attesté la présence d’un édifice bordant la rue du cloître et à l’ouest des parcelles étudiées. Au cours de ce même siècle, le prévôt est déjà installé dans un petit logis à l’angle sud-est de l’enceinte canoniale, au-dessus du porche, entrée méridionale du quartier canonial au XIIIe siècle. L’enceinte canoniale s’ouvre à l’ouest-par une meurtrière, indiquant ainsi un espace ouvert bordant le claustrum.

En 1340, la mention du tinel neuf atteste l’existence de l’aile orientale du palais épiscopal : « tinale novum confrontum cum carreria canonicorum et cum camera domini prepositi et cum hospicio archiepiscopali » (Beltran 1999, p. 46). Lors de l’extension du palais au sud de la tour de Gioffredi au début du XIVe siècle, il semblerait que le mur oriental de l’édifice préexistant ait été rehaussé d’un bel appareil de taille. Les ouvertures de cette aile sont réduites lorsqu’elles s’ouvrent sur rue. En effet, sur la rue du Cloître, au sud du palais, nous avons pu observer une petite baie chanfreinée, ainsi que deux meurtrières. de la même façon, à l’est du palais le mur ne s’ouvre que par trois baies chanfreinées, ce qui indique clairement que la parcelle 433 n’est pas construite, jusqu’au moins peu avant 1340, date à laquelle est mentionné le tinel. Les baies chanfreinées situées sur le mur opposé de l’édifice étudié ici indiquent une information similaire : les vestiges des baies correspondent à leur ébrasement extérieur. Elles appartiennent au logis du Prévôt et s’ouvrent sur un espace ouvert, et peut être même de circulation entre le palais épiscopal et l’enceinte canoniale. Le tinel a donc été construit dans cet espace ouvert. Il ne se passe presque qu’un demi-siècle entre la construction de l’aile orientale du palais épiscopal et la construction du tinel. Cela met en exergue l’importance et l’extension rapide du palais dans le quartier canonial. Le mur occidental du claustrum est certainement alors prolongé au sud. L’espace est clôturé au sud et au nord jusqu’au mur du palais épiscopal. G. Beltran situe le tinel novum et les greniers de la dîme du Bourg sur ce même espace. Au XVIIe siècle, le bâtiment subit de nombreux remaniements. Il abrite le doyenné, et cela entraîne la création de nombreuses ouvertures, de modifications de niveau de plancher, etc. L’Épicerie est construite contre la façade orientale, et devient la chambre du prêtre. Les accès de l’espace contigu à l’ouest du porche vers la cour de la Prévôté sont condamnés, de nouvelles portes sont ouvertes parallèlement à la rehausse du niveau du sol. Le plafond est remarquablement décoré de stuc durant cette campagne. Les différentes fonctions et occupations des siècles suivants entraînent de multiples reprises, ouvertures, comblement de baies, etc.

Cette opération archéologique a permis de compléter la connaissance du quartier canonial et a mis en valeur l’important dynamisme de construction du site cathédral. Les résultats de cette étude sont issus des observations réalisées sur les élévations, combinés à la documentation historique et archéologique existantes. des recherches documentaires supplémentaires permettraient sans doute d’apporter de nombreuses précisions quant à l’occupation et l’évolution du site aux périodes médiévale et moderne.

Laura DEYE

 

Avril 2013

Dans le cadre des travaux de restauration de l’hôtel du cloître, l’entreprise en charge du projet a été contrainte de creuser une tranchée traversant la cour de la Prévôté d’est en ouest en vue de l’installation de réseaux. Cette cour séparant le cloître de Saint-Trophime de l’hôtel du cloître fait, en effet, l’objet d’un programme de rénovation depuis 2010. Au vu du caractère exceptionnel du lieu, une opération de sauvetage urgent a été prescrite.

Cette opération de suivi archéologique s’est déroulée sur 3 jours et son objectif principal était d’appréhender l’environnement stratigraphique de cette cour et de mettre au jour d’éventuels vestiges bâtis. L’opération s’est présentée sous forme d’un suivi des terrassements mécaniques pendant deux jours. Une journée supplémentaire a été nécessaire à l’étude et aux relevés (topographiques, orthophotographiques et manuels) de la stratigraphie et des éléments bâtis.

La tranchée (fig. 1), longue d’environ 25 m et profonde de 0,60 à 1,10 m (largeur n’excédant pas 0,60 m), a permis la mise au jour d’une stratigraphie relativement intacte et ce malgré les conditions d’observation.

À l’instar des opérations anciennes, et malgré quelques remaniements récents observés, liés généralement à la mise en place de réseaux anciens, une stratigraphie présentant des remblais allant de l’Antiquité (présence notamment d’un important remblai d’abandon daté du IVe siècle) jusqu’à l’époque contemporaine a pu être observée. Une fosse, dont le comblement charbonneux présente de nombreuses scories peut être hypothétiquement mis en relation avec le four métallurgique daté probablement de la Révolution et mis au jour au centre du cloître en 2008 lors d’une opération de diagnostic. Un mur traversant la tranchée du nord au sud a également pu être observé.

Romain AIME