HADÈS Archéologie

Hôpital La Grave

Fiche

Résumé

Une partie des bâtiments au sud-ouest de l’actuel hôpital Saint Joseph de La Grave à Toulouse est concernée par un vaste projet de réhabilitation devant entraîner des travaux en sous-sol dans les années à venir. Préalablement à cette opération, le SRA de Midi-Pyrénées a prescrit la réalisation de cinq sondages destinés à quantifier précisément le risque archéologique dans ce quartier très ancien de la ville. Ce diagnostic sédimentaire s’est accompagné d’une brève étude du bâti dont l’objectif était de dater, situer et d’analyser les parties les plus anciennes des élévations visibles actuellement sur le site. En outre, cette étude devait permettre de mettre en parallèle les élévations conservées avec les fondations ou les structures découvertes en sondages.

L’histoire du site de La Grave est étroitement liée au développement du quartier médiéval de Saint Cyprien. À partir du XIIe siècle s’affirme la vocation hospitalière du secteur où des établissements religieux ont commencé à s’installer. Dans la seconde moitié du XVe siècle, les Clarisses y fondent un couvent dont l’entrée principale donne sur l’actuelle rue Réclusane. Celui-ci coexistera avec l’Hospice de La Grave au nord jusqu’à la Révolution, avant que les deux entités ne fusionnent définitivement au profit d’une même unité hospitalière en 1797.

Le diagnostic effectué a permis de mesurer l’importance des fondations anciennes conservées dans le sous-sol de l’hospice et d’esquisser un premier tableau diachronique du site. Les résultats portent essentiellement sur les trois périodes chronologiques bien documentées par les plans anciens conservés aux Archives de Haute Garonne, à savoir : le couvent des Clarisses ; les bâtiments construits sur le site entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle ; les ailes de l’hospice des aliénés édifiées à partir des années 1822 1824. Toutefois, les acquis les plus intéressants de l’opération concernent surtout l’époque moderne.

Au vu des données sédimentaires comparées aux analyses architecturales, il est désormais acquis que les édifices conventuels les plus anciens sont représentés par l’église, une partie des ailes est et ouest de l’ancien cloître et les espaces sis près de l’entrée de la rue Réclusane. Bien que ces trois secteurs livrent des structures souvent très arasées voire totalement épierrées (mur bahut du cloître, mur de refend de la chapelle), le mobilier qui en provient appartient à la phase la plus ancienne de l’établissement religieux : les XV XVIe siècles.

Il semble que jusqu’en 1631 le couvent des Clarisses se composait d’une église et de bâtiments conventuels organisés autour d’un cloître mais indépendants les uns des autres. Les vestiges de ce premier état ont été reconnus dans les murs gouttereaux d’une cave voûtée sise sous l’actuelle cuisine de l’hôpital, dans ceux de la chapelle et de l’aile occidentale ainsi qu’au niveau des murs d’enceinte du couvent, à l’est. des états plus tardifs attestent de transformations morphologiques au XVIIe siècle, période au cours de laquelle l’aile est du cloître connaît une extension vers le nord. C’est dans ce secteur de l’aile orientale que les fondations anciennes –bâties en arcs brisés directement sur le substrat graveleux et les espaces en sous-sol sont les mieux conservés et les plus spectaculaires (3,60 m de hauteur au maximum). Le secteur de la chapelle, bien que très arasé a livré les restes d’un mur inédit appartenant à la première phase de l’édifice.

Une occupation antérieure au couvent, manifeste sous la forme de fosses et de mobilier résiduel a également été repérée sous l’aile occidentale, dans la partie la plus haute du site. Elle daterait du XIVe siècle. Quelques surprises inédites sont dues à des matériaux exogènes au site : une poignée d’éléments antiques utilisés dans le blocage des murs de la chapelle pourrait provenir d’une occupation peu éloignée, tout comme quelques céramiques et un fragment de hache polie du Bronze Final, déposés par les alluvions de la Garonne sur le site avant son anthropisation au bas Moyen Âge.

Nicole GANGLOFF

Nicole GANGLOFF, Stéphanie CONAN