HADÈS Archéologie

La « Vieille église »

Nos métiers Production scientifique Opérations La « Vieille église »

Fiche

  • Responsable : Patrick BOUVART
  • Période de fouille : 2005
  • Localité : Saint-Pantaléon-de-Lapleau (Corrèze)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

Le site de la « Vieille église » où est implanté le prieuré casadéen de Saint-Pantaléon-de-Lapleau est un petit éperon rocheux aux versants très abrupts dominant à l’ouest-le cours de la Luzège et, à l’est, un petit ruisseau ou torrent appelé des Berles. L’accès y est seulement possible par l’amont de l’éperon, au nord. Celui-ci était autrefois barré par un fossé, lequel est aujourd’hui en partie comblé. Dans ce secteur, un bâtiment édifié à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle a récemment été détruit. Au-delà du fossé, le site conserve d’importants vestiges : une église prieurale établie en travers de l’éperon et des bâtiments attenants à l’ouest, ainsi qu’au sud de celle-ci, au-delà d’une vaste plateforme aujourd’hui dépourvue de toute construction. L’étude archéologique de ce prieuré casadéen résulte d’un projet de valorisation des vestiges classés au titre des Monuments Historiques depuis 1963. Elle bénéficie d’une recherche historique réalisée par Angélique Marty dans le cadre de ses travaux de repérage et d’évaluation du patrimoine dans l’aire des Communautés de communes de Ventadour, du Doustre, de la Luzège et des Gorges de Haute Dordogne.

La problématique définie préalablement à l’intervention interrogeait sur la chronologie et les modalités de l’implantation du prieuré : quelles en sont les dates et les conditions d’installation ; quelle est la nature et l’organisation des bâtiments en relation avec cette occupation ; quelle relation le prieuré a-t-il entretenu avec le petit bourg situé à proximité correspondant à l’ancien chef-lieu de la paroisse ? Enfin, l’existence d’un fossé et des mentions tardives de château ont posé la question de la chronologie de cet aménagement et des raisons de cette appellation. Sont-ils liés à un site castral antérieur ? Concernant l’église, cinq phases ont été déterminées. Les vestiges de la construction primitive se caractérisent par l’emploi d’un appareil régulier de pierres de taille en granite. Ils se résument à un chœur pentagonal, une absidiole nord et l’arrachement d’une absidiole sud. Aucune hypothèse de plan de la partie occidentale ne peut être étayée. La typologie des chapiteaux et des comparaisons avec des églises présentant des similitudes inciteraient à situer cette construction dans la seconde moitié du XIIe siècle. L’analyse de l’organisation des communications conduit à considérer cet édifice comme une église destinée à accueillir des reliques pour devenir un lieu de pèlerinage. La seconde phase est une destruction massive dont la datation au XVe siècle est en partie suggérée par les sources, mais peut être sujet à controverse. En effet, l’église aurait été ravagée par un incendie en 1462. Or, cet événement ne justifie pas à lui seul la disparition d’une grande partie des maçonneries et une reconstruction intégrale de la nef ainsi que des couvrements de l’absidiole et du collatéral nord dans une troisième phase. Ces espaces reçoivent alors des voûtes d’ogives. Cette reconstruction aurait été ordonnée par l’évêque lors d’une visite pastorale en 1495. En revanche, l’absidiole sud a alors été complètement supprimée. Les deux phases suivantes sont assez confuses et se distinguent mal. La première est succinctement évoquée par des sources et se situerait vers 1625. Ces travaux comprendraient la construction d’un arc entre le collatéral nord et la nef, et le remplacement éventuel des voûtes d’ogives effondrées par une simple charpente en appentis. La seconde pourrait dater du XIXe siècle. Elle comprendrait notamment, la construction d’un portail nord remployant intégralement celui de la façade occidentale établi à la fin du XVe siècle. Les niveaux de sols auraient alors été abaissés. Enfin, une sacristie est reconstruite sur l’emplacement de l’ancienne absidiole sud. Le délabrement est l’une des raisons de la désaffection de cet édifice à la fin du XIXe siècle, mais sa ruine serait surtout imputable à l’incendie de 1920 et à la récupération des matériaux, notamment pour la construction du bâtiment édifié en amont du fossé. La maison située à l’ouest de l’église était la propriété de la famille Mauriac au XIXe siècle. Elle présente encore des élévations dont la hauteur avoisine 4 m. Le niveau d’arasement correspondrait au départ de voûtes d’arêtes. La documentation n’a pas permis de connaître la date d’abandon exacte. Le bâtiment est dans un état de délabrement déjà très avancé vers 1920 ainsi qu’en témoignent des cartes postales anciennes. Il y apparaît lié à une sorte de porterie aujourd’hui ruinée. Aucune datation n’a pu être suggérée pour ces deux éléments car l’étude n’a consisté qu’en une simple observation.

Un autre édifice se trouvait à l’extrémité sud de la plateforme. Il s’agissait d’un presbytère. Aujourd’hui, il n’est plus repérable sur le terrain hormis une partie identifiée comme « cave » par des documents d’archives. Une ouverture a pu être localisée dans le mur sud. L’intérieur de la pièce est comblé de gravats. Aucune datation ne peut encore être avancée pour cette construction.

La cour du presbytère correspond à une grande plateforme plus ou moins plane. Approximativement au centre de celle-ci, se trouve une citerne creusée dans le rocher et divers aménagements dont deux sépultures ont pu être étudiés mais sans qu’il soit possible de tirer de véritables conclusions. En bref, les vestiges conservés sur le site de la « Vieille église » de Saint-Pantaléon-de-Lapleau sont relativement importants, mais ils se caractérisent par une accessibilité difficile, une grande fragilité et un état de ruine très avancé. Les diverses phases d’occupation et d’aménagement n’ont pas pu être clairement définies. Les prochaines études auront finalement encore toutes les problématiques citées à prendre en considération.

Patrick BOUVART