HADÈS Archéologie

ENSEEIHT

Fiche

Résumé

Les locaux de l’ENSEEIHT (École Nationale Supérieure d’Électrotechnique, d’Électronique, d’Informatique, d’Hydraulique et des Télécommunications) se situent dans le quartier du Port Saint-Sauveur à Toulouse. Ce secteur, à l’est du centre-ville actuel, a livré de nombreux indices d’occupation de la fin de l’âge du Fer au gré des travaux ayant affecté le sous-sol depuis un demi-siècle. Plus largement, le quartier est connu pour ses sépultures antiques et médiévales et il demeure une zone à vocation funéraire jusqu’au milieu du XIXe siècle. Mais aucune fouille exhaustive n’avait été menée avant ces dernières années et les grands travaux urbains (Cité de la Musique à la Halle aux grains, station François Verdier de la ligne B du métro).

L’extension et la restructuration de l’ENSEEIHT offraient ainsi l’occasion d’étudier une zone sensible à plusieurs titres. C’est pourquoi le service régional de l’Archéologie de Midi-Pyrénées a prescrit une fouille préventive faisant suite au diagnostic positif réalisé en 2003 par P. Gardes (INRAP). À cette occasion, deux tranchées avaient fait apparaître quatre sépultures datées de l’Antiquité tardive ainsi que de rares vestiges attribués à la fin du Moyen Âge. Cependant, aucune trace de l’occupation gauloise décrite par G. Fouet en 1960 n’avait pu être mise en évidence. La prescription du service régional de l’Archéologie demandait donc l’étude de l’ensemble funéraire et des éventuelles occupations antérieures. La fouille, réalisée entre le 28 janvier et le 20 mars 2008 sur une surface de 444 m², a permis la découverte de vestiges datés entre la fin de l’âge du Fer et l’époque moderne.

Les traces d’occupation les plus anciennes sont celles d’un fossé de la fin du deuxième âge du Fer, situé sous le colluvionnement qui a scellé les niveaux observés par G. Fouet et datés de la même période. Orienté nord-sud, il s’étend au-delà de l’emprise fouillée sur sa longueur comme sur sa largeur, qui disparaît sous la berme ouest. Un seul tronçon à peu près complet a ainsi pu être observé dans sa totalité. Son comblement est composé en partie supérieure de fragments d’amphores italiques (fig. 1). Ce qui permet de dater son abandon des IIe-Ier siècles avant notre ère tout en confirmant la présence dans le secteur d’une occupation gauloise encore difficile à cerner.

Après la phase d’abandon matérialisée par l’accumulation de colluvions issues de la butte du Calvinet, les premières sépultures apparaissent autour du milieu du IVe siècle. La zone sépulcrale s’étendait probablement sur toute l’emprise du projet et même au-delà si l’on se fie aux descriptions anciennes. Malgré les perturbations postérieures et notamment contemporaines, localisées pour l’essentiel au nord et à l’ouest du site, 49 sépultures ont été recensées. Sur ce total, la plupart sont des inhumations dans des coffrages en matériau périssable et parfois cloutés, mêlées à quelques sarcophages en grès tendre d’origine molassique. Leur état de conservation est très variable. Les sarcophages ont tous été détruits et dans le meilleur des cas, il ne reste que le fond de la cuve, résultat d’un pillage ancien. En ce qui concerne les autres sépultures, beaucoup ont été bouleversées soit par des constructions postérieures, soit par un remaniement qui a principalement affecté la partie haute du site, à l’est. L’horizon funéraire, qui suit la déclivité naturelle du terrain d’est en ouest, a été mis en évidence dans deux couches légèrement différentes dans leur composition mais contemporaines (IVe-Ve siècles).

La fouille de l’ENSEEIHT a également livré un enclos funéraire. Édifié au moyen de galets de Garonne et de forme rectangulaire, il abrite deux sépultures, un sarcophage en grande partie détruit et une inhumation en cercueil d’un individu de sexe féminin.

La destruction des sépultures est immédiatement (Ve-VIe siècles) suivie d’une réoccupation dont il est difficile de dresser un tableau précis. Le bâtiment mis au jour est hélas très arasé et sa fonction reste mystérieuse. Il est composé de trois murs plus ou moins bien conservés et construits en galets de Garonne et en briques qui sont probablement issus d’une récupération de matériaux. D’autres aménagements qui pourraient être contemporains de cette phase ont été repérés mais ils n’ont pas livré d’indices concernant la nature de cette occupation postérieure aux inhumations.

Enfin, un grand four de tuilier (XVIIIe s. ?) a été exhumé dans le coin sud-ouest de l’emprise fouillée (fig. 2). Ses grandes dimensions et sa bonne conservation nous ont conduits à faire une étude rapide de son architecture et du comblement de l’alandier occidental. La priorité devait en effet être accordée aux niveaux sépulcraux, largement perturbés voire totalement disparus dans ce secteur.

Julien OLLIVIER