HADÈS Archéologie

Église Saint-Sixte

Fiche

Résumé

2008 – Sondages

L’église Saint-Sixte est située au cœur du chef-lieu de commune de Lamothe-Fénelon. Cet édifice est le lieu de culte d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Souillac au moins à partir du XIIIe siècle. Il comprenait vraisemblablement dans son premier état un vaisseau unique – terminé à l’époque romane par un chevet de plan semi-circulaire outrepassé – sur lequel ont été greffés ultérieurement deux chapelles mitoyennes au sud, un porche à l’ouest et une chapelle au nord, la chapelle de la Vierge, objet de cette étude.

D’importants problèmes de remontées d’humidité, et de nombreux désordres affectant les maçonneries de la chapelle, ont conduit la commune à envisager un projet de restauration ambitieux. L’étude préalable prévoyant l’ouverture d’une tranchée pour la mise en place d’une semelle de fondation en béton, le service régional de l’Archéologie a souhaité que soit réalisée une intervention archéologique de 4 jours en amont de cette campagne de travaux, dans le cadre de la mission de suivis de travaux sur Monuments Historiques en Midi-Pyrénées. L’objectif était d’évaluer la stratigraphie extérieure avant restauration. Pour ce faire, trois sondages implantés perpendiculairement à chacun des murs de la chapelle ont été ouverts mécaniquement, sous surveillance archéologique (fig. 1).

Cette courte intervention a permis de retracer l’évolution chronologique du secteur.

Le substrat, constitué en surface d’une couche de terre argileuse stérile, a été reconnu dans chacun des sondages (fig. 2).

Une phase d’occupation primitive du secteur a été soupçonnée grâce à la découverte d’une tranchée d’épierrement isolée au nord de la chapelle de la Vierge et de remblais de nivellement à la surface tassée qui semblent y être liés, mais toute interprétation ou proposition de datation reste délicate en l’absence d’indices probants.

Un premier état de l’édifice, probablement antérieur à 1176, a été mis en évidence. Il est a priori représenté par une courte portion du mur gouttereau nord de la nef, située entre la chapelle nord et la tour d’escalier du clocher. Celle-ci met en œuvre des pierres de taille en grés disposées en assises régulières, formant un appareil soigné.

Le ressaut de fondation du chevet, qui aurait été mis en place dans la 2e moitié du XIIe siècle au plus tôt, est construit en tranchée pleine. Les parties basses de deux contreforts et de la travée droite du chœur, ont pu être observées (fig. 3). Ces maçonneries sont constituées de pierres de taille en grés jaune clair disposées en assises régulières et formant un appareil très soigné.

La chapelle nord actuelle est très probablement construite avant 1497, date à laquelle Jean de Salignac demande à être enterré dans le caveau familial qu’elle renferme. Ses fondations, comme attendu, n’atteignent pas le substrat rocheux. Elles sont en ressaut uniquement à l’est (fig. 3). Elles sont installées dans d’étroites tranchées à fond plat (fig. 4). Les élévations, irrégulières, sont constituées de moellons de grés jaune clair et rose, et de calcaire. Un niveau de chantier correspondant à cette phase de travaux est présent sur tout le pourtour de la chapelle.

Selon toute vraisemblance, le sol reconnu à la surface de ce dernier a perduré comme niveau de circulation après les travaux à l’est comme au nord. À l’ouest, par contre, un niveau d’occupation s’est constitué.

Le clocher et sa tour d’escalier, ainsi qu’un mur arraché observé à l’extrémité est de son mur nord, appartenant peut-être à la clôture du prieuré, ont vraisemblablement été construits ou reconstruits à la fin du Moyen Âge ou dans les toutes premières années de l’époque moderne. Les fondations du présumé mur d’enceinte sont constituées de blocs de calcaire auto-bloqués liés au mortier (fig. 5). Elles sont installées au sein d’une tranchée peu profonde dont le comblement est surmonté d’un remblai de nature très proche, assimilable à un niveau de chantier et/ou de nivellement, présent sur toute l’emprise du sondage. Ce mur est principalement constitué de moellons de grés, et de quelques éléments de calcaire. Sa mise en œuvre est soignée malgré des assises irrégulières.

Pour finir, probablement seulement au XXe siècle, l’esplanade qui borde l’édifice au nord est aménagée avec la mise en place de revêtements successifs, précédée de travaux de nivellement.

 

Laurence Murat

 

2011 – Étude

L’église Saint-Sixte, classée au titre des Monuments Historiques, est située à Lamothe-Fénelon, dans le département du Lot. Cet édifice d’époque romane est le lieu de culte d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Souillac au moins à partir du XIIIe siècle.

De dimensions modestes, il répond à une orientation atypique, n’étant pas parfaitement orienté (fig. 6). Il comprenait vraisemblablement dans son premier état un vaisseau unique auquel a été greffé un chevet de plan semi-circulaire outrepassé dès l’époque romane. À différentes époques ont ensuite été ajoutées deux chapelles mitoyennes au sud, un porche à l’ouest et une chapelle au nord, la chapelle de la Vierge, objet de cette étude (fig. 7).

D’importants problèmes de remontées d’humidité, et surtout de nombreux désordres affectant les maçonneries de la chapelle, dont les fondations n’atteignent pas le rocher, ont conduit la commune à envisager un ambitieux projet de restauration. L’étude préalable prévoyait la mise en place d’une semelle de fondation en béton. Une première intervention archéologique a été organisée en 2008 dans le cadre de la mission de suivis de travaux sur Monuments Historiques en Midi-Pyrénées. Le service régional de l’Archéologie avait alors seulement prescrit des sondages à l’extérieur de l’édifice afin d’évaluer la stratigraphie en place et d’observer les fondations de chaque élévation de la chapelle avant travaux.

Or en 2010, des travaux très invasifs, consistant à accéder aux fondations pour leur reprise en sous-œuvre par terrassements en « touches de piano » – et donc à procéder au décaissement du sous-sol de la chapelle sur presque toute son emprise – ont été entrepris à l’intérieur de l’édifice. Ils ont immédiatement entrainé la mise au jour d’éléments lapidaires, de vestiges bâtis et de sépultures qui ont provoqué l’interruption du chantier et amené le service régional de l’Archéologie à prescrire une opération archéologique.

L’objectif était de fouiller le sous-sol de la chapelle, sépultures comprises, dans les meilleurs délais et dans la mesure du possible, intégralement. L’urgence à intervenir pour permettre la reprise des travaux de stabilisation de la chapelle a induit le type d’intervention programmée : une opération de sauvegarde par l’étude.

Cette intervention s’est déroulée dans des conditions particulières tenant à sa nature – durée limitée et situation d’urgence – et à la profusion de vestiges en présence. Malgré tout, cette fouille a livré d’abondantes informations inédites sur l’édifice. Douze phases de l’évolution chronologique du secteur ont pu être déterminées :

Le substrat se compose d’une roche calcaire dure, recouverte d’une épaisse couche de terre argileuse de teinte ocre rouge.

Une première phase d’occupation matérialisée par deux trous de poteaux et par un niveau d’occupation, non datée mais antérieure à tout autre fait anthropique, a été reconnue.

L’édifice dans son premier état, c’est-à-dire avant 1176, première mention connue du prieuré, comprenait vraisemblablement une nef à vaisseau unique épaulée de contreforts massifs. Deux portions de maçonneries et un niveau de chantier correspondant ont été mis au jour (fig. 6).

La nef est munie d’une abside de plan outrepassé scandée de contreforts, postérieure, selon toute vraisemblance, à la seconde moitié du XIIe siècle (fig. 6).

Un niveau d’occupation marque l’abandon des présumées structures antérieures à l’édifice. Il s’agirait d’un niveau extérieur fréquenté entre le XIIe et la fin du XIVe siècle. Un secteur d’inhumation dédié aux immatures a été reconnu en son sein (fig. 8).

Les fondations arasées d’une première chapelle ont été mises au jour (fig. 9). Elle pourrait avoir été construite après 1367, date à laquelle le bourg est pris et l’édifice fortement dégradé. Un grand caveau maçonné, évoquant une sépulture collective de type familial, occupe un de ses angles (fig. 10).

La phase d’inhumation correspondant à l’occupation du caveau est matérialisée par une profusion d’ossements humains en position secondaire et par une seule sépulture en place (fig. 11).

Ces maçonneries sont arasées régulièrement et en partie reprises en fondation d’une nouvelle chapelle de dimensions plus importantes, réputée construite en 1496 (fig. 7 et 12). Elle comprend une cheminée et une niche. Elle est couverte d’une voûte d’ogives, mais pourrait avoir d’abord été simplement charpentée. Sa fenêtre nord est la seule qui soit d’origine (fig. 7), les autres étant plus tardives. Un caveau à compartiment unique est installé à l’entrée de la chapelle, au centre (fig. 9 et 13). Le premier état connu du sol de la nef correspond à un simple empierrement très lacunaire et dégradé, son aspect initial restant inconnu. La nature du sol originel de la chapelle, quant à elle, n’a pas pu être déterminée.

Une phase d’occupation mal circonscrite, comprise entre la fin du XVe siècle et le XIXe siècle, est matérialisée par cinq sépultures, une fosse et un niveau d’occupation. La première sépulture est un sarcophage de plomb installé dans le caveau (fig. 13). Un terminus post quem a pu être déterminé grâce à une monnaie collectée au sein de la couche de remplissage supérieure de la tombe livrant la date de 1642. Le caveau n’a par la suite plus été utilisé. Ce sarcophage n’a pas été fouillé par décision du SRA qui a préconisé des mesures de sauvegarde afin de le laisser en place tout en assurant sa protection au cours des travaux prévus. Une sépulture d’immature est installée au sein d’un mur arasé de la chapelle primitive. Si ces deux sépultures sont clairement postérieures à la reconstruction de la chapelle, tel n’est pas le cas pour les trois autres, qui pourraient très bien être antérieures, deux d’entre elles étant toutefois postérieures à l’abandon du caveau primitif. Néanmoins, en l’absence de tout indice probant, elles sont considérées comme tardives. Une probable sépulture d’immature a pu être disposée au sein du caveau encore en usage. Les deux dernières sépultures se succèdent quasiment au même emplacement, à l’aplomb du caveau abandonné, la première étant très lacunaire. Une fosse pour laquelle aucune interprétation assurée ne peut être proposée a été ménagée à l’aplomb du caveau. On peut éventuellement penser à un repentir lors du creusement d’une fosse sépulcrale. Enfin, un mince niveau d’occupation surmontant le sol empierré matérialise la fin de l’occupation de ce sol avant son remplacement par le dallage actuel.

Une phase de restauration de l’édifice a eu lieu dans la seconde moitié du XIXe siècle. Un sol de chantier irrégulier surmonté d’une couche de démolition scellant les restes du sol pourrait être lié à la réfection des fenêtres de la chapelle. Par la suite est entreprise la mise en place du dallage actuel de l’église, comprenant de nombreux remplois (fig. 14).

Les derniers indices d’occupation reconnus pourraient être postérieurs à la réfection du sol. Une fosse indéterminée n’a pu donner lieu à aucune interprétation assurée. Il serait peut-être seulement envisageable d’y reconnaître une fosse sépulcrale non utilisée. Enfin, une réduction multiple disposée avec soin dans un petit coffre funéraire de bois cloué est installée dans une large fosse peu profonde, à l’aplomb de la fosse indéterminée (fig. 15).

Pour finir, un revêtement bitumé mis en place au XXe siècle contre l’édifice à l’extérieur est responsable de l’accélération des dégradations subies par la chapelle, à l’origine des travaux entrepris en 2010. Ceux-ci ont entrainé diverses perturbations au sein des couches et vestiges supérieurs du fait de l’emploi d’une pelle mécanique. Cependant, grâce à l’interruption des travaux, seul un premier creusement en touche de piano a été pratiqué.

 

Laurence Murat