HADÈS Archéologie

Église Saint-Pierre des Chartreux

Nos métiers Production scientifique Opérations Église Saint-Pierre des Chartreux

Fiche

  • Responsable : Yann HENRY
  • Période de fouille : 2009
  • Localité : Toulouse (Haute-Garonne)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

Le couvent des Chartreux de Toulouse est localisé sur la rive droite de la Garonne, à proximité de la place Saint Pierre, au 21 rue Valade. La construction de ce vaste ensemble architectural remonte au tout début du XVIIe siècle (1602), suite aux Guerres de Religion et à l’expulsion des Chartreux de leur couvent de Saïx (près de Castres). Si quelques travaux anciens permettent de retracer l’histoire du complexe actuel, son sous-sol, en revanche, demeure à ce jour inexploré par l’archéologie. Dans le cadre des travaux de strict entretien de l‘édifice voulus par la Conservation Régionale des Monuments Historiques (installation d’un réseau pluvial longeant le mur gouttereau ouest-permettant un raccord au réseau urbain de la rue Valade), et compte tenu du fort potentiel archéologique de ce secteur de la ville médiévale, une série de sondages exploratoires a été prescrite par le Service Régional d’Archéologie de Midi-Pyrénées (dossier suivi par L. Izac-Imbert). Deux sondages équivalents à une emprise de 6 m2 ont donc été implantés manuellement à l’aplomb du mur gouttereau sud-ouest de l’église, dans un espace arboré correspondant à l’ancien jardin botanique des religieux.

Le sondage 1 a permis de mettre au jour, sur une surface de 2 m2, la limite nord-ouest d’une calade, parfaitement conservée à – 1 m sous le niveau de sol de l’église actuelle. Cet aménagement se compose de galets de Garonne calibrés (modules compris entre 10 et 20 cm) disposés sur l’arête de façon jointive et assemblés à la terre. Les éléments qui forment la bordure extérieure se distinguent par leur module important. La mise en œuvre soignée de ce sol et sa pente marquée vers le mur gouttereau de l’église contredisent l’idée d’une coexistence entre les deux. L’examen de leur point de contact confirme l’antériorité de la calade, installée du reste dans un remblai daté du XIVe siècle par la céramique qu’elle a livrée. Situé à une vingtaine de mètres au sud-ouest du précédent, le sondage 2 n’a pas permis de retrouver la calade de galets, dont l’extension (au nord est comme au sud ouest) demeure inconnue. Le seul aménagement mis au jour (partiellement)est une fosse ovale apparue à – 75 cm, remplie de galets de Garonne et d’éclats de briques et tuiles canal jetés pèle mêle. Par sa composition et la disposition de ses éléments, elle parait correspondre à un drain dont l’installation est liée à la présence du mur gouttereau de l’église, ce que confirme la correspondance altimétrique entre le niveau d’ouverture de la fosse et le ressaut de fondation du mur gouttereau.

Les données recueillies dans les deux sondages implantés dans le jardin du couvent des Chartreux de Toulouse autorisent à formuler quelques observations.

En ce qui concerne la faisabilité du réseau pluvial voulu par le maitre d’ouvrage, la présente intervention montre qu’aucune destruction de vestiges n’est à prévoir en fonction des côtes établies.

Par ailleurs, sur un plan purement archéologique, trois remarques peuvent être faites. La première concerne la découverte d’une calade de galets parfaitement conservée, antérieure à l’église moderne et possiblement en lien avec un bâtiment antérieur. La datation de cet aménagement, manifestement installé et utilisé entre le XIVe et la fin du XVIe siècle, constitue une donnée inédite qui mérite d’être soulignée. La seconde tient à l’absence de sépulture en place dans les remblais fouillés, lesquels renferment dans certains cas des restes épars sans connexion anatomique : cet état de fait traduit vraisemblablement la présence d’inhumations dans un périmètre « proche » des deux sondages. À ce titre, il est intéressant de noter que la couche ayant livré le plus grand nombre de restes est datée du XIVe siècle.

Une ultime observation, d’ordre plus général, concerne les stratigraphies observées dans chacun des deux sondages. Les puissants exhaussements de sols liés à la construction de cette partie du couvent induisent un enfouissement significatif des niveaux médiévaux, qui apparaissent en effet à plus d’un mètre sous le sol de l’église actuelle. Ceci augure du moins pour le cadre strict du jardin botanique d’une bonne préservation des éventuels vestiges anciens (médiévaux voire paléochrétiens) que le sous-sol de cette partie de la ville, entre le Conservatoire (fouille de l’Hôpital Larrey) et l’église Saint Pierre des Cuisines, est susceptible de receler.

Yann HENRY