HADÈS Archéologie

Église Saint-Pantaléon

Fiche

Résumé

 

2001, sondages

L’église Saint-Pantaléon à Sergeac remonterait au XIe ou au XIIe siècle pour sa partie orientale. Elle aurait été fortifiée à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe par les détenteurs de la commanderie de l’ordre des Templiers ou plus vraisemblablement par leurs successeurs de l’ordre de Malte au XIVe siècle. La chapelle nord, flanquant le chœur, daterait du XVe siècle . La nef, détruite au XVIe siècle aurait été rebâtie entre 1617 et 1631 en conservant le portail roman, et aurait été restaurée en 1648 . Elle fut aussi restaurée dans les années 1960, après divers effondrements, par l’injection d’un coulis de ciment.

À l’initiative de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, l’édifice doit faire l’objet d’une reprise en sous œuvre des fondations. La présente intervention archéologique est destinée à évaluer le potentiel archéologique des abords immédiats de l’édifice dans le cadre de ces travaux projetés.

Trois sondages d’ampleur inégale ont été ouverts au pied des murs gouttereaux sud et nord et au chevet.

L’intervention était initialement prévue pour deux semaines à deux archéologues, avec la fouille complète des trois sondages, jusqu’au niveau nécessaire à la réalisation des travaux. La complexité et la qualité des vestiges mis au jour par le sondage n° 1, et la fragilité de l’édifice, ont conduit le Service Régional de l’Archéologie d’Aquitaine à ramener à une simple reconnaissance l’objectif des deux autres sondages (n° 2 et 3).

Le délai imparti pour réaliser ces sondages n’a pas permis de mettre en œuvre une méthode de fouille stratigraphique fine qui s’impose dans le cadre de l’étude d’un cimetière. Les observations recueillies permettent toutefois de restituer, pour le sondage n° 1, une chronologie relative de l’utilisation des lieux.

Pierrick STÉPHANT

 

2001, fouille

L’intervention de sauvetage archéologique conduite en plusieurs phases de mars à novembre 2001 a été provoquée par la reprise en sous œuvre des fondations de l’église Saint-Pantaléon sous l’égide de la Conservation Régionale des Monuments Historiques. Il s’agit d’un édifice complexe qui porte les traces de nombreuses transformations et destructions. Le chœur à chevet plat et le faux transept dateraient du XIIe siècle mais conservent des éléments antérieurs pré romans. La nef actuelle et la fortification du chœur et du faux transept dateraient du XIVe siècle. Les sondages et le suivi des travaux ont permis de mettre en évidence une occupation du site depuis l’Antiquité tardive.

Les premiers indices montrent l’existence d’un édifice indéterminé, de vaste dimension, dont il ne subsistait que quelques lambeaux de maçonnerie. Il est antérieur aux plus anciennes inhumations effectuées le long de ces maçonneries au milieu du VIe siècle. Une sépulture habillée retient surtout l’attention. Il s’agit d’un sujet féminin adulte inhumé en coffre de bois et paré de bijoux (2 paires de fibules épingle à cheveux , bague cloisonnée en or, perles en pâte de verre et en cristal de roche) et accompagné de dépôts symboliques (2 urnes funéraires intactes). Cette inhumation se situerait entre la seconde moitié du IVe siècle et le premier quart du VIe siècle. Nous voyons apparaître très rapidement une première série d’inhumations en sarcophages. Ces premières sépultures semblent encore respecter l’existence de l’édifice antérieur. Il s’agit pour la plupart de cuves trapézoïdales monolithes taillées dans un calcaire gréseux ou lacustre local. On remarque la présence de quelque cas de trous d’évacuation et de deux logettes céphaliques. Les quelques couvercles conservés sont des couvercles plats, parfois légèrement bombés, hormis deux cas de couvercles en bâtière. La fréquentation de cette nécropole a été soit intensive, soit longue, dans un espace apparemment contraint puisque nous voyons rapidement apparaître des réutilisations de sarcophage et des empilements qui atteignent par endroit trois cuves superposées. Cette concentration semble être aussi à l’origine des orientations très diverses des inhumations. Pour les dernières inhumations effectuées en sarcophage, il semble que le cadre architectural antérieur ait disparu, du moins partiellement. La période de fonctionnement de cette nécropole se place entre le VIe et le VIIIe siècle d’après les quelques indices typologiques rencontrés dans les comblements (pâtes de verres, fibule ansée symétrique et plaque boucle en fer damasquinée). Nous observons à la fin de cette seconde phase d’occupation, un hiatus dans l’occupation funéraire. Quatre silos ont été découverts, témoignant d’un réinvestissement temporaire de l’espace funéraire par les vivants. Malgré leur mauvais état de conservation et leur répartition disparate, ils sont tous antérieurs aux premières inhumations du Moyen Âge central. Ces dernières ont été pratiquées dans des coffrages soigneusement maçonnés et dotés de logettes céphaliques. Un cas de dépôt de cruche à bec ponté aux pieds d’un défunt et de bris rituel d’un vase de même type sur le couvercle de dalles est attesté pour cette période. Ces inhumations marquent nettement la présence du cimetière chrétien au plein sens du terme (binôme cimetière/église).

Nous percevons nettement par la suite une longue continuité d’occupation depuis ces premières sépultures maçonnées jusqu’à celle d’un agent des Postes et Télégraphes de la fin du XIXe siècle. Tous les types d’inhumations, et d’orientations, ont été rencontrés : des sépultures en pleine terre, des coffres de forme trapézoïdale, des coffres anthropomorphes, des inhumations en cercueil, des ossuaires.

Pierrick STÉPHANT