HADÈS Archéologie

Église Saint-Géraud, crypte

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Fiche

  • Responsable : Mélanie CHAILLOU
  • Période de fouille : 2006
  • Localité : Monsempron-Libos (Lot-et-Garonne)
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Le prieuré bénédictin de Monsempron semble avoir été créé au début du XIe siècle, sous l’autorité de l’abbaye de Saint-Géraud d’Aurillac. L’existence d’un prieur est attestée dès la fin du XIe siècle, mais l’église actuelle ne date que du XIIe siècle pour ses élévations les plus anciennes. Toutefois, la crypte semi-enterrée qui provoque la surélévation du transept et du chœur est plus ancienne. À des époques diverses, parfois difficiles à identifier, plusieurs remaniements ont modifié cette église. Dès le XIXe siècle, elle a suscité l’intérêt car elle est classée au titre des monuments historiques dès le 2 décembre 1848. En revanche, le prieuré flanqué au nord de celle-ci est seulement inscrit le 20 juin 1950.

Dans les années 1870, avant même les restaurations de 1896-1897, l’accès à la crypte depuis le vaisseau central de l’église est rétabli quand le curé décide le déblaiement du cimetière qui encombre la nef sur près de 1,5 m. Outre ce passage, la confession était accessible depuis une porte dans le prieuré. Mais elle ne devait plus être utilisée à des fins religieuses depuis de nombreuses décennies car elle n’est pas mentionnée dans les visites paroissiales du XVIIe siècle et les reliques de l’église, jugées non authentiques en 1738, avaient été enterrées dans le cimetière.

Dans le souci de rendre de nouveau la crypte accessible au public, la Conservation régionale des monuments historiques d’Aquitaine a confié à l’architecte en chef des Monuments Historiques, le projet de restauration et de mise en valeur de cette crypte. Pour mieux comprendre cette partie souterraine de l’église, des recherches documentaires et une étude du bâti, accompagnée de sondages localisés, ont été commandées à Hadès. Un historien a retracé l’historique du prieuré et réuni tous les (rares) documents concernant l’église et sa restauration, mais presque aucun n’aborde la crypte. Par ailleurs, des piquages préalables des enduits masquant presque totalement les élévations de la crypte ont été réalisés par un restaurateur indépendant. Ils ont confirmé l’existence d’anciennes peintures sur le cul-de-four de l’abside ; en revanche, si des badigeons ont été reconnus çà et là sur les voûtes, aucun enduit peint n’a pu être identifié dans les vaisseaux (sauf peut-être deux petits fragments dans le vaisseau central, mis au jour lors de l’étude monumentale).

L’analyse du bâti a mis en exergue la complexité du lieu. Il existait bien une crypte primitive, sans doute du XIe siècle, dont l’église supérieure a été arasée pour la construction de celle du XIIe siècle. Le plan du chevet trilobé de cette première église est donc fossilisé dans le plan de la partie orientale de la crypte, mais on ne sait presque rien de ce bâtiment, ni de son couvrement. Avant l’étude, l’allure générale massive des piliers et les raccords dans les ébrasements des jours indiquaient déjà que les parements de cette première crypte avaient été chemisés, sans doute au moment de la construction de la croisée du transept de l’église. Les piquages, limités autour de certaines ouvertures et à la jonction des murs, ont permis d’établir une chronologie relative des modifications et renforts apportés à la construction primitive, étroitement liés aux travaux dans l’église, mais surtout marqués par des hésitations : les changements de parti dans la construction du transept ont dû provoquer la crainte de l’écroulement du bâtiment, d’où des travaux importants dans la crypte qui, par conséquent, ont dû ralentir ceux de l’église.

La fouille n’a pas bouleversé cette analyse. En revanche, elle a révélé l’existence d’un bâtiment plus ancien dont le plan nous échappe, mais qui est peut-être lié à l’abside centrale. Ce bâtiment pourrait être contemporain de quatre sépultures rupestres mises au jour à divers endroits de la crypte. En effet, ces dernières ont été perturbées par la construction de la crypte du XIe siècle, dont certaines portions des niveaux de circulation – différents entre la nef, l’abside et les collatéraux – ont été mis au jour.

Toutefois, il n’a pas été possible d’établir avec certitude où et en quel nombre se trouvaient les accès à la crypte selon les époques. De même, la dissymétrie du plan semble ancienne et incohérente avec les circuits de circulation habituels dans une crypte. Ces incertitudes sont surtout imputables aux chemisages qui masquent les parements primitifs. Ainsi, certains sondages dans les maçonneries auraient pu être instructifs, mais ils risquaient de compromettre la stabilité de l’édifice.

Mélanie CHAILLOU