HADÈS Archéologie

Dussin

Fiche

Résumé

Cette opération de fouille préventive s’inscrit dans le cadre d’un projet de déviation routière implantée à l’est de l’agglomération dacquoise. Cette intervention fait suite au diagnostic archéologique réalisé par F. Marembert en 2010 et 2012, qui a révélé sur la commune de Narrosse, au lieu-dit Dussin, une occupation du Néolithique final.

La fouille, comprise sur une surface de 710 m2, a confirmé les premiers résultats obtenus à l’issue du diagnostic : une occupation peu étendue caractérisée par des structures fossoyées et une structure à galets chauffés.

Soulignons que sur ce site, la collection de vestiges lithiques est remarquable (Fig. 1 et 2). Cette dernière constitue le plus important corpus de pierres taillées pour la période du Néolithique final dans les Pyrénées nord-occidentales. Elle est composée majoritairement de rejets de taille de silex originaire de la Chalosse, ainsi que par un macro-outillage. Ce matériel présente des caractères connus localement pour la période du Néolithique final et du Chalcolithique. Les vestiges de pierres taillées se caractérisent par une industrie classique dont la matière première est exploitée de manière opportuniste avec une tendance à optimiser le moindre éclat.

Les structures fossoyées, souvent très arasées, ne présentaient pas d’organisation particulière. Les aménagements en creux sont de morphologie assez disparate, et présentaient souvent un comblement dépourvu (ou presque) d’artefacts et de restes organiques. En effet, le contexte géomorphologique n’a pas permis une conservation optimale de ces derniers.

La structure à galets chauffés, mal conservée, ne présentait que peu d’éléments en place. La forte concentration de galets chauffés dans l’emprise de fouille laisse supposer l’existence d’autres structures similaires. Néanmoins, les bioturbations, hydrauliques et racinaires, n’ont pas permis de déterminer leur implantation. D’autre part, la répartition spatiale des vestiges n’a révélé aucune autre aire d’activité spécifique.

La chronologie du site, basée sur une analyse chronotypologique du matériel lithique et céramique, qui est en partie corroborée par les datations radiocarbone, indique une occupation homogène à la fin du Néolithique (3334-3212 av. J.-C. en dates calibrées).

Si la phase principale d’occupation est à dater du Néolithique, les datations de deux structures témoignent d’une fréquentation du site durant le haut Moyen Âge (774-890 apr. J.-C. en dates calibrées).

La vocation du site reste difficile à déterminer. L’analyse tracéologique a mis en évidence des activités variées : découpe de végétaux, découpe et raclage sur des éléments de boucheries. Ces indices sont peut-être à mettre en relation avec les résultats des récentes études paléoenvironnementales réalisées sur le secteur du Marsan, qui ont mis en évidence les prémices d’activités agro-pastorales (Faure, Galop, « La fin du paradigme du désert landais : histoire de la végétation et de l’anthropisation à partir de l’étude palynologique de quelques lagunes de la Grande Lande », dans Merlet, Bost dir., De la lagune à l’airial : le peuplement de la Grande Lande, Pessac, 2011, p. 43‑59).

Le contexte archéologique, dans l’environnement proche du site, est assez peu connu, car composé de gisements attribués de façon incertaine soit à la fin du Néolithique, soit à la transition avec l’Âge du Bronze et/ou le Chalcolithique. Cela est généralement dû au contexte géomorphologique du secteur, mais aussi à un mobilier souvent découvert sans contexte précis.

Mohamed SASSI