HADÈS Archéologie

Cour du Presbytère

Fiche

  • Responsable : Laura DEYE
  • Période de fouille : 2013
  • Localité : Arles (Bouches-du-Rhône)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : MEDITERRANEE

Résumé

Un projet d’exposition des reliques textiles de Saint Césaire, archevêque d’Arles de 502 à 542, dans la pièce voûtée de l’aile nord du cloître Saint Trophime, implique une régulation de l’hygrométrie par un drainage extérieur. Cet aménagement a été réalisé dans la cour du presbytère actuel, au pied du mur pignon oriental de l’aile septentrionale.

L’opération fait suite à un diagnostic archéologique réalisé par l’INRAP en 2011, elle a consisté à suivre d’une part le terrassement pour la mise en place d’un local technique associé au drainage, et d’autre part le creusement d’une tranchée dans la cour de la Prévôté au sud du mur du dortoir.

Le secteur concerné, situé dans le quartier canonial et correspondant à la cour du portique post scaenam du théâtre antique, était susceptible de préserver des vestiges.

En effet, le terrassement a permis de mettre au jour des élévations vraisemblablement tardo antiques qui ont été noyées dans les fondations d’élévations médiévales liées au fonctionnement du cloître. Enfin, le niveau de circulation de cet espace est modifié aux alentours du XVIIe siècle. Le volume est alors divisé en deux niveaux, impliquant l’abaissement du niveau de sol transformant les fondations des murs du XIIIe siècle en élévations et la mise en place d’une voûte.

Cette pièce inférieure voutée en berceau présente des maçonneries très hétéroclites, et seule une chronologie relative des faits a pu être proposée. Les vestiges d’un mur dont le mode de construction et les matériaux rappellent les élévations tardo antiques connues dans la cité semblent appartenir à la première phase de construction du site. Orienté nord sud, il est semblable au rempart antique de la ville. Sont adossées contre lui, deux maçonneries massives, constituées de moellons grossiers plus ou moins assisés. Elles forment un angle à chaque extrémité du mur oriental de la pièce voûtée. Elles sont sans doute contemporaines de la mise en place d’un système de canalisation, probablement un égout, adossé au vestige du premier mur, au sud de la pièce. Cette structure est composée de deux murs en petit appareil de calcaire froid couverts de dalles antiques.

Ces maçonneries deviennent les fondations des constructions du XIIIe siècle. En effet, à la fin du XIIe siècle voire au début du XIIIe siècle, la salle capitulaire est prolongée vers l’est. Le mur pignon oriental est adjoint d’élévations formant un espace rythmé par différentes baies, de 5,40 m de long (longueur du mur oriental) sur 2,90 m de large environ.

Le mur oriental de la salle capitulaire s’ouvre par une porte assez étroite (0,60 m de large) sur cet espace dès sa construction, suggérant alors un accès secondaire.

Au sud de l’espace, un passage de 1,22 m borde le contrefort. L’étude de cette ouverture n’a pu être réalisée de manière précise à cause des blindages et échafaudages de l’entreprise. Toutefois, la présence d’un accès vers le sud a été confirmée par F. Raynaud lors du diagnostic archéologique (Raynaud 2011).

Au nord, une baie de 1,57 m de haut sur 0,48 m de large sur 0,80 m d’épaisseur impose une réflexion concernant la nature et fonction de l’élévation. Pourquoi une telle exiguïté ? Ne s’expliquerait elle pas si ce mur appartenait à l’enceinte canoniale du début du XIIIe siècle ? Cependant, cette baie contraste avec l’arc plein cintre conservé sur le parement oriental de l’espace. Large de 2,62 m, cet arc peut s’apparenter soit à une entrée canoniale, similaire au portail sculpté situé dans la rue du cloître, soit à un passage dans l’enclos canonial desservant un espace fréquemment utilisé. La largeur de l’arc se retrouve dans la pièce inférieure entre les maçonneries d’angle, confirmant ainsi leur fonction de fondations.

Le niveau de circulation médiéval peut être restitué grâce à la feuillure de la porte du mur est. Ce dernier contredit l’hypothèse d’une entrée canoniale au regard de la hauteur de l’arc, trop réduite pour cette fonction. La théorie la plus vraisemblable reste que cet espace permettait de desservir différentes zones du quartier canonial. Sa composition suggère un flux assez important, notamment avec l’arc plein cintre à l’est. Toutefois, celle-ci contraste avec le fait que la porte desservant la salle capitulaire et l’église est trop étroite pour un passage fréquent des chanoines.

Seules des maisons de hauts dignitaires du Chapitre pourraient être situées à l’est du dortoir et de la salle capitulaire, mais la sécularisation du Chapitre ne se produit qu’en 1489.

Il semblerait que cette pièce soit abandonnée quelques siècles plus tard. Le niveau de circulation est rehaussé avec la construction d’une voûte en berceau.

Cette construction est sans doute liée à l’abandon de la circulation entre la salle capitulaire et ce secteur après la sécularisation du Chapitre. Le secteur oriental du quartier canonial est alors occupé par des maisons de chanoines. La mise en place de la voûte est ainsi associée à la création d’une fosse de latrines. La voûte présente d’ailleurs trois ouvertures, dont deux descentes de latrines et une trappe pour le curage de la fosse. Il semblerait que cette dernière soit utilisée jusqu’au XVIIe siècle, après quoi l’espace est entièrement remblayé et le niveau de la cour rehaussé.

Laura DEYE