HADÈS Archéologie

Corbleu

Fiche

  • Responsable : Laurent D’AGOSTINO
  • Période de fouille : 2009
  • Localité : Pouydesseaux (Landes)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Sur le tracé de l’autoroute A65 (Pau-Langon), à la suite d’un diagnostic INRAP réalisé par Farid Sellami en 2008, la fouille préventive d’un établissement rural médiéval a été prescrite sur le versant sud de la vallée du ruisseau de Corbleu à Pouydesseaux (Landes). Il est caractérisé par des structures de stockage de type silos creusées dans le substrat sableux et aliotique et par des structures d’habitat et/ou de stabulation.

Au total, près de 600 structures ont été fouillées, auxquelles il faut ajouter une centaine de fosses reconnues en plan et topographiées mais non fouillées. Parmi ces structures, il a été possible de mettre en évidence vingt bâtiments caractérisés par des tranchées peu profondes (0,20 à 0,30 m) et larges de 0,25 à 0,45 m. Les traces de ces édifices appartiennent à des cabanes de plan subrectangulaire, aux angles arrondis, dont les dimensions varient de 2,80 x 2,95 m à 13,20 x 7,10 m, soit des surfaces au sol de 6 m2 à 86 m2 (fig. 1 et 2). Les fragments de clayonnage rubéfié retrouvés en fouille suggèrent un mode de construction des murs périphériques en branchages tressés enduits de terre, peut-être sur une armature de poteaux plantés dans les tranchées, et une probable couverture de chaume. Ces constructions légères, dont la durée d’utilisation ne devait pas excéder quelques années ou dizaines d’années, ne semblent que rarement avoir été dotées de poteaux porteurs ancrés au sol ; les largeurs de bâtiments suggèrent toutefois des structures de charpentes reposant sur des poteaux simplement posés sur les sols intérieurs des bâtiments, mode de construction fréquent dans les Landes jusqu’au XIXe siècle. Il faut ajouter à ces édifices trois constructions sur poteaux plantés.

Les fosses, difficiles à identifier du fait des faibles différences de textures et de couleur entre le terrain encaissant et leur comblement, sont pour la plupart peu profondes et comblées par un sédiment sableux et légèrement charbonneux. Malgré les faibles dimensions de la majorité d’entre elles, certaines présentent la forme caractéristique des silos utilisés pour le stockage des grains. Malgré la fragilité du substrat, plusieurs silos globulaires ou piriformes atteignaient pour certains 1,00 m à 1,50 m de profondeur (fig. 3). Des vestiges de foyers, très mal conservés, ainsi qu’un petit four domestique semi-enterré ont en outre été identifiés, ainsi que des fosses dépotoirs et des fosses cendriers.

Afin de caractériser au mieux cette occupation encore très méconnue, de multiples analyses ont été engagées. Parmi les points majeurs des résultats de ces recherches, les taxons identifiés lors de l’étude carpologique ont mis en évidence la présence conjointe de céréales d’été (millet) et de céréales d’hiver (seigle). Ces éléments, auxquels il faut ajouter la présence de plusieurs fragments de meules à grains et de fusaïoles suggèrent, contrairement aux hypothèses formulées au début de l’opération d’une occupation pastorale temporaire ou saisonnière, une occupation permanente, tout au long de l’année, d’une petite communauté paysanne. Malgré les difficultés d’une analyse stratigraphique dans ce contexte sédimentaire, vingt-quatre datations radiocarbone ont permis de cerner la période d’occupation dans un large haut Moyen Âge, entre le début du VIIe siècle et le début du XIe siècle, que la céramique suggère de resserrer aux IXe-début XIe siècles. En l’absence d’une fouille exhaustive du site, qui s’étendait hors des limites du chantier en direction de l’ouest, il reste difficile de caractériser avec certitude cette occupation, qui peut correspondre à des fermes groupées en hameau, préfigurant le système de l’airial du bas Moyen Âge et de l’époque moderne. De même, les bâtiments identifiés peuvent avoir été destinés à l’habitat aussi bien qu’à la stabulation des troupeaux, sans que la fouille ait permis de discriminer avec assurance les fonctions de ces différents espaces. Malgré ces limites, il s’agit d’une découverte exceptionnelle pour la région et la connaissance de l’habitat rural aquitain à l’époque carolingienne.

Laurent D’AGOSTINO