HADÈS Archéologie

Chemin de la Naute

Fiche

Résumé

La fouille préventive réalisée au lieu-dit Chemin de la Naute a été prescrite par le service régional de l’Archéologie de l’Auvergne dans le cadre d’un projet de construction d’une maison individuelle (fig. 1). La parcelle étudiée (380 m2) se situe sur la frange orientale du secteur où s’est installée, dès le Ier siècle de notre ère, la ville de Ruessium (Saint-Paulien). L’opération fait suite à un diagnostic réalisé en février 2008 par F. Baucheron (INRAP). Elle s’est déroulée du 15 mars au 7 juin 2011. La fouille a livré de nombreux vestiges témoignant d’une occupation depuis le Haut-Empire jusqu’à nos jours. Cinq états ont ainsi été définis sur la base d’arguments stratigraphiques appuyés par des données issues des études de mobilier et des datations radiométriques.

Le premier état n’a pu être caractérisé que par quelques lambeaux de niveaux de circulation en terre. Il correspond à une fréquentation du site qui s’étale de la période augustéenne jusqu’au début du IIe siècle.

Le deuxième état correspond à la construction d’une demeure urbaine qui s’inscrit très probablement dans un vaste programme d’urbanisation de la frange est de Ruessium (fig. 2). De grand travaux visent tout d’abord à corriger l’irrégularité du terrain grâce à l’aménagement d’une terrasse bloquée à l’est par un mur de soutènement. La maison est alors dotée d’une cour bordée de galeries surplombant une série de pièces probablement étagées. Ces dernières forment l’aile orientale de l’ensemble bâti. La plupart des espaces étudiés peuvent être associés à des locaux de service se développant en rez-de-chaussée, bien que l’absence d’aménagements ou de mobiliers spécifiques entrave toute tentative d’interprétation. Pour autant, l’une des pièces, ouvrant sur un espace mitoyen (situé hors de l’emprise de la fouille) par l’intermédiaire d’une petite arche (fig. 3), s’inscrit dans la typologie des salles de chauffe (praefurnium). La présence de plusieurs espaces longitudinaux, somme toute exigus, suggère l’existence de plusieurs cages d’escalier, permettant ainsi d’envisager l’étagement de cette aile de bâtiment. La demeure, qu’il est possible de restituer par symétrie et répétition des principaux modules de pièces, occupe une superficie minimale d’environ 800 m2 au sol. Les éléments de décor sont peu nombreux. On pourra toutefois mettre en avant la découverte d’un chapiteau toscan, de quelques fragments d’enduits peints et de placages en marbre (pour l’un d’entre eux importé depuis la mer Égée).

La construction de la domus peut être datée au plus tôt du deuxième tiers du IIe siècle de notre ère. En revanche, son abandon (État III) est plus difficile à apprécier et ne peut être placé que dans un éventail chronologique relativement large, compris entre la deuxième moitié du IIe et le IIIe siècle. À cette période, une partie de la demeure est démolie. Certaines pièces de l’aile orientale sont par la suite remblayées. Aucune trace de fréquentation au Bas-Empire n’a pu être relevée.

L’occupation suivante (État IV) intervient au cours des Ve-VIe siècles. Elle se traduit par l’installation de tombes, dont un sarcophage (fig. 4), au sein des ruines de la domus.

Le cinquième état se caractérise quant à lui par une fréquentation de la parcelle, partagée entre récupération de matériaux et apports progressifs de remblais qui participeront à donner au terrain sa forme actuelle. Il s’inscrit dans le temps long, entre le Moyen Âge et le XXe siècle.

Malgré l’étroitesse de la fenêtre d’étude, ces découvertes représentent un jalon important dans la connaissance de ce quartier de la ville de Ruessium, qui, du fait de sa position topographique, en bas de pente, semble avoir conservé en sous-sol des vestiges d’une très grande qualité. De nouvelles opérations dans ce secteur permettraient à n’en pas douter de compléter utilement les quelques données collectées à l’occasion de cette fouille.

Rémi COLLAS, Damien MARTINEZ