HADÈS Archéologie

Château de La Garde

Fiche

  • Responsable : Patrick BOUVART
  • Période de fouille : 2008
  • Localité : Salignac-sur-Charente (Charente-Maritime)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Le château de la Garde est situé dans la commune de Salignac sur Charente, dans le département de la Charente Maritime. L’édifice est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1987. En 2008 2009, il a fait l’objet d’une campagne de restauration par son propriétaire, Monsieur Paul Poziumschi. Les travaux intégraient une réhabilitation des dépendances et une mise en valeur des espaces verts. Dans ce cadre, des investigations archéologiques ont été préconisées par le Service Régional de l’Archéologie afin de vérifier l’existence de fossés défensifs et d’une clôture flanquée d’une tour. Dans le même temps, la prescription prévoyait un suivi archéologique de l’évacuation de gravats accumulés dans les fosses des latrines situées dans les tours du château. Une recherche documentaire devait compléter l’opération afin de resituer les découvertes et le site dans leur contexte historique.

L’intervention sur le terrain s’est déroulée en septembre octobre 2008. Cinq jours ont suffi à 2 archéologues pour effectuer 5 sondages et suivre les travaux de purge des latrines. Dans le même délai, du temps a été consacré à des observations architecturales. La démarche s’est appuyée sur des plans et relevés de façades effectués par la société Urbanhymns. Cette phase s’est conclue par un relevé topographique de l’emprise des sondages et des différentes constructions.

Cinq jours ont été consacrés aux recherches historiques. La localisation du château en limite des départements de la Charente et de la Charente Maritime a imposé une investigation dans les deux fonds d’Archives départementales. Les Archives municipales de Cognac ont également été consultées.

Enfin, sept jours ont été nécessaires pour la rédaction d’une synthèse et la mise au net des relevés.

L’origine de la seigneurie de la Garde demeure méconnue. Elle pourrait éventuellement correspondre à une motte établie pour contrôler un passage sur le Né au lieu dit actuel le Pérat, micro toponyme les «Mottes de la Garde» (fig. A). Toutefois, aucune source ne permet véritablement d’envisager l’existence de cette seigneurie durant la période médiévale. En outre, l’évolution de cette supposée fortification est certainement restée minime en raison de la proximité de la motte de Merpins, chef lieu de la châtellenie. La constitution d’un domaine fieffé pourrait, par conséquent, se révéler plus tardive et résulter d’un démembrement de la terre de Merpins au XVe siècle en faveur de la famille Gorric ou Green de Saint Marsault, ainsi que l’insinuent certains généalogistes.

Malgré l’importante fortune de ce second lignage, la valorisation de la terre ne semble cependant pas effective avant le début du XVIIe siècle. Elle coïnciderait avec la construction de l’actuel château de la Garde dont les chronologies du logis et des communs sont suggérées par le millésime 1606 inscrit sur une baie du pigeonnier et 1610 sur un cartouche sommant la porte d’entrée du château (fig. B). Ces datations identifient Daniel Green de Saint Marsault comme maître d’ouvrage. Celui-ci est alors chevalier, seigneur de la Garde, de Salignac, Saint Laurent des Combes et des châtellenies de Salles, du Roullet et de Rudepierre et en passe de devenir, baron de Chatelaillon.

D’après les sondages et les vestiges conservés en élévation, l’actuel site du château de la Garde se révèle une construction ex nihilo. Une délocalisation du siège de la seigneurie résulte probablement des incommodités du site des «Mottes de la Garde» dont la nature marécageuse et le caractère inondable sont avérés par la toponymie environnante.

L’ensemble architectural s’apparente à un manoir de plaisance n’accordant qu’un faible intérêt au dispositif de défense (fig. C). La présence de canonnières judicieusement réparties est uniquement dissuasive contre d’éventuels voleurs. En effet, en l’absence de fossé et de courtine et compte tenu du nombre d’ouvertures au rez-de-chaussée, le château n’opposerait aucune résistance à un assaut militaire.

L’unité du plan, l’homogénéité des constructions et la qualité des encadrements des baies témoignent d’un chantier encadré par un architecte et réalisé par une main d’œuvre qualifiée présente en continu. L’édifice correspond parfaitement à l’architecture édifiée durant le règne d’Henri IV. Il se démarque des autres châteaux construits dans la région à la même période par la discrétion des aménagements militaires, souvent ostentatoires voire «fantaisistes»1.

En conclusion, les futurs réaménagements des espaces verts du château de la Garde offrent peu de possibilité pour un approfondissement de l’étude. Ces derniers peuvent normalement être effectués sans contrainte archéologique. La restauration des constructions présente également peu de risques de perte d’information.

Patrick BOUVART