HADÈS Archéologie

Château

Fiche

  • Responsable : Bernard POUSTHOMIS, Catherine BOCACCINO
  • Période de fouille : 1998
  • Localité : Négrepelisse (Tarn-et-Garonne)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

La municipalité de Nègrepelisse ayant engagé la rénovation et la mise en valeur des vestiges du château, un état des lieux archéologique a été demandé par l’architecte pour l’aider dans l’élaboration de son projet. À cet effet, une dizaine de sondages archéologiques, complétés par l’analyse d’une trop rare documentation historique et par une lecture du bâti devaient déterminer les principales phases de construction, du Moyen Âge au XIXe s.

Le château de Nègrepelisse est mal connu des historiens de l’art et des archéologues. L’importance de la destruction qu’il a subie et l’absence de données historiques en sont certainement la cause. Les historiens qui se sont intéressés à ce site ont toujours supposé qu’il était de création royale, liée à la fondation de la bastide de Nègrepelisse vers les années 1280. Il est vrai que la qualité du bâti traduit une puissance financière hors du commun.

L’édifice appartient au courant des châteaux gothiques initiés par Philippe Auguste. Implanté sur une terrasse alluviale défendue sur deux faces par l’Aveyron et un ruisseau, il tire parti de la topographie du site. Une enceinte carrée de 50 m de cotées cantonnée d’une tour ronde à chaque angle. Une tour maîtresse carrée, greffée au centre de la courtine sud, se substitue au traditionnel donjon roman et protège l’entrée, percée dans la courtine. Plus tardivement, la résidence est reportée dans un corps de logis bâti dans la cour. La forteresse est bordée d’un fossé sur les faces sud et ouest, complété assez rapidement dans le Moyen Âge par un deuxième fossé, creusé plus au sud. Ce plan régulier et cohérent, du type « château cour » suivant la définition de A. Chatelain permet de dégager un large espace intérieur utile à la défense et à la vie du fort. L’étude archéologique a montré que la construction du château dans le troisième quart du XIIIe s. n’était pas établie. Les tranchées de fondations et une aire de gâchage de mortier associée à la phase de construction font apparaître un mobilier un peu plus tardif, à la jonction fin XIIIe début du XIVe s. Quant au donjon, il serait plus probablement bâti dans le courant du XIVe s.

L’évolution du château au cours des siècles suivants n’a rien d’original. du XIVe au début du XVIe s. on agrémente le bâti avec l’ouverture probable de baies décorées sur la façade sud du corps de logis. Cette « humanisation» est complétée à la fin du XVIIIe s., avant que la Révolution n’entame une longue période de décrépitude. Une petite série iconographique, dont plusieurs dessins de Fragonard (1773), permet de connaître les élévations de l’édifice avant sa destruction au milieu du XIXe s.

Un important mur de soutènement, bâti au dessus d’un moulin en bordure de l’Aveyron, a fait l’objet d’une étude particulière. Il se compose de trois niveaux d’arcatures dont les voûtes forment des alvéoles dans l’épaisseur de la maçonnerie. Trois grandes phases ont pu être déterminées, avec la construction d’un premier niveau en moellons de récupération vers le milieu du XVIIIe s., puis une première surélévation en briques à la fin du siècle ou au début du suivant et enfin une dernière surélévation au XIXe s. Cet ouvrage particulier met en œuvre une technique de construction en voûte qui ne se généralise qu’au XIXe s. dans les travaux de chemins de fer ou de quais. Il mérite une attention particulière autant pour son originalité technique que pour ses qualités esthétiques.

Bernard POUSTHOMIS, Catherine BOCACCINO