HADÈS Archéologie

Brion

Fiche

  • Responsable : Céline MICHEL-GAZEAU
  • Période de fouille : 2012
  • Localité : Saint-Germain-d’Esteuil (Gironde)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Le site de Brion est localisé sur la commune de  (Gironde).

Il s’agit d’une agglomération secondaire gallo romaine appartenant à la cité des Bituriges Vivisques. Elle s’est implantée sur un promontoire calcaire au milieu d’un marais, à moins de 10 km de la rive gauche de l’estuaire de la Gironde et à environ 60 km au nord-ouest de Bordeaux, capitale de cité. Fondée au milieu du Ier siècle après J.-C., la ville se développe sur environ cinq hectares et plusieurs bâtiments publics sont construits, dont un théâtre édifié à l’extrémité sud-ouest de l’affleurement calcaire, à l’écart du centre urbanisé. Le site est abandonné à partir de la seconde moitié du IIe siècle et ce n’est qu’au dernier quart du XIVe siècle que le théâtre est réoccupé avec l’installation d’une maison forte. Le monument antique sert alors de protection naturelle et de carrière de pierres. Si l’ensemble de l’agglomération gallo romaine a fait l’objet de différentes investigations archéologiques depuis le milieu du XXe siècle, le théâtre n’a été étudié qu’à travers la fouille de l’habitat médiéval. Seule une restitution de son plan a pu être proposée.

Dans la perspective d’un projet de restauration de cet édifice, la commune de Saint-Germain-d’Esteuil, à la demande du service régional de l’Archéologie d’Aquitaine, a mis en place un accompagnement afin de surveiller et de guider les travaux de terrassement. Dans un premier temps, il a été décidé que le programme se limiterait au quart sud est de la cavea afin de servir de test. La principale attention devait être portée sur la zone du vomitoire à dégager, mais également sur les autres structures antiques, sans oublier la possibilité de reconnaître des traces liées à la réoccupation médiévale.

La mise au jour du talus extérieur et du quart sud est de la cavea a permis de compléter, mais aussi de modifier le plan sur lequel le projet était fondé. En effet, ce monument, qui semblait posséder un schéma régulier bien appréhendé, se révèle plus complexe et bien différent de ce qui a pu être proposé. Ainsi, le dernier vomitoire oriental mentionné dans le plan du projet de restauration s’est avéré inexistant et l’extrémité orientale de la cavea très différente de la restitution.

L’étude architecturale laisse également apparaître une modification intervenue au cours de la construction de l’édifice que l’on peut situer au Ier siècle de notre ère d’après le mobilier céramique. Le projet initial de construction prévoyait l’édification de murs rayonnants chaînés avec le mur périphérique et répartis entre les vomitoires afin de soutenir les gradins de la cavea. Or, ces murs n’ont pas été construits, mais des dispositifs de pierre d’attente montrent qu’ils ont bien été prévus au départ.

Seul un mur rayonnant semble avoir été conservé au niveau de l’extrémité orientale.

Le nombre de murs rayonnants a finalement été augmenté, sans doute pour consolider le système de soutènement. S’appuyant tous contre le mur périphérique, ils présentent des parements frustes. Seul le parement oriental du mur le plus à l’est est monté en opus vittatum avec des joints tirés au fer, à l’image du parement extérieur du mur périphérique. Il pourrait s’agir du mur de fermeture de la cavea, venu modifier un espace ouvert antérieur caractérisé par la présence d’un niveau de sol.

Le décapage a également fait apparaître une maçonnerie quadrangulaire inédite à l’extrémité orientale du mur périphérique. Son étude montre qu’elle a subi au moins deux remaniements.

Un seul vomitoire a pu être entièrement vidé de son comblement, mais la présence d’une souche au niveau de son entrée a compliqué l’étude architecturale et sédimentaire. Le second vomitoire concerné par cette étude n’ayant été dégagé qu’au niveau de son entrée, il n’a pas été possible de présenter un descriptif général des dispositifs d’accès aux gradins.

Enfin, le décapage du talus extérieur a permis de confirmer la présence d’une maçonnerie plaquée contre le mur périphérique. Restituée partiellement sur les différents plans du théâtre établis depuis le milieu du XXe siècle, elle n’a cependant jamais été mentionnée dans les rapports. Son pendant y est toutefois rapporté au niveau de l’autre extrémité de la cavea. Les remblais postérieurs à cette structure sont sans doute liés aux périodes d’abandon et de destruction du monument, tout comme les niveaux identifiés dans les caissons. Quelques céramiques ramassées au cours du terrassement du talus attestent de l’occupation médiévale du site.

La surveillance archéologique, plus que nécessaire, a donc permis d’aborder la mise en place, l’évolution et l’abandon de cet édifice de spectacle. Ce monument, qui semblait posséder un plan régulier, se révèle plus complexe et bien différent de ce qui a pu être proposé. Seulement étudié à travers la réoccupation médiévale du site, le théâtre n’a été pris en compte qu’en raison de son imbrication avec les structures postérieures. La réalisation d’investigations archéologiques plus approfondies devrait permettre l’établissement d’un plan des structures, nécessaire au déroulement du projet de restauration.

Céline MICHEL-GAZEAU