HADÈS Archéologie

Molle

Fiche

Résumé

La fouille archéologique préventive s’est déroulée sur la commune de Blanzac-Porcheresse, au lieu-dit Molle, entre la route départementale RD 5 et le ruisseau de la Font Larde. Elle s’insère dans le cadre du projet de la Ligne à Grande Vitesse Sud Europe Atlantique reliant Tours à Bordeaux (LGV SEA) en amont duquel plusieurs phases de diagnostic archéologique se sont déroulées, dirigées par l’INRAP. La phase 23 a concerné un tracé linéaire de 5,6 km traversant les communes de Blanzac-Porcheresse, Saint-Léger et Pérignac.

La fouille a permis de mettre en évidence sur le site une occupation diachronique depuis la Protohistoire jusqu’à la période moderne avec toutefois quelques hiatus. Ainsi, cinq phases d’occupation ont retenu l’attention.

La première phase correspond à une occupation de l’Âge du Bronze Ancien très ténue et seulement représentée par quelques fosses.

La seconde phase correspond à la période augustéenne qui présente des structures liées à une activité métallurgique de réduction ainsi qu’un secteur d’habitat comprenant au moins deux bâtiments sur poteaux et sur sablières basses dont l’un est peut être lié à une activité artisanale.

Le site semble ensuite se remodeler et changer d’activité principale durant la troisième phase, datée, très largement, du Haut Empire. Les activités métallurgiques disparaissent ou se délocalisent, et l’on observe, d’une part, la mise en place d’un axe viaire, qui redessine les espaces, et d’autre part l’installation de deux bâtiments maçonnés. Ces derniers sont probablement situés en marge d’un domaine plus important, localisé au sommet de la pente ouest du vallon. Le site semble désormais essentiellement dédié à l’habitat mais sa position en bordure de la fouille a limité les observations.

La quatrième phase se place entre la fin du IIIe et le tout début du VIe siècle. Le site se pare de constructions et connaît un épisode funéraire sans qu’aucune concomitance entre ces évènements ne puisse être prouvée. L’habitat est matérialisé par trois fonds de cabane, qui englobent chacun une petite superficie d’environ 10 à 12 m², et deux grands bâtiments sur poteaux. Ces deux derniers sont éloignés l’un de l’autre d’une centaine de mètre et occupent chacun une superficie de  plus de 200 m². La forte érosion n’a pas favorisé la conservation des niveaux de sol réduisant ainsi toute tentative d’approche des dispositions internes des unités de constructions. On peut seulement restituer deux bâtiments carrés de plan centré et entouré sur leurs quatre côtés de galeries. Ces aménagements sont datés par radiocarbone très largement de la fin du IIIe au Ve siècle.

L’ensemble funéraire se met en place le long de la voie ce qui permet d’envisager qu’elle marque encore le paysage à cette période. Les tombes sont datées de la fin du Ve et du tout début du VIe siècle par un mobilier métallique très homogène et présent en grand nombre ainsi que par une analyse radiocarbone qui corrobore cette datation. L’étude anthropologique combinée à celle du mobilier a permis de conclure à la présence d’une population de tradition gothique originaire de Germanie orientale (sépultures habillées, déformation des crânes).

Enfin, la dernière phase correspond à une occupation de la fin de l’époque carolingienne (IXe/Xe siècle), formée de silos et de grandes fosses probablement liées au stockage. L’habitat n’est pas caractérisé mais se situe peut être en dehors de la zone de fouille.

Claire MITTON