HADÈS Archéologie

Basilique Saint-Sernin

Fiche

Résumé

Situé à l’extrémité occidentale de la basilique, le massif de façade (fig. 1) fait pendant, par ses masses, au développement oriental. Deux tours inachevées font saillie sur la nef et encadrent un double portail aujourd’hui dépouillé des sculptures en marbre qui ornaient son avant-corps. Ces sculptures, mentionnées encore au XVIe siècle par Antoine Noguier et au XVIIe siècle par Guillaume Catel et Raymond Daydé, figuraient des épisodes de la vie et du martyre de saint Saturnin. Elles furent peut-être retirées ou détruites lors de travaux menés en 1737. Seuls subsistent aujourd’hui huit chapiteaux placés sur des colonnes dans les ressauts de chacune des deux entrées et qui forment un ensemble thématique cohérent montrant une forêt de feuillages exubérants peuplée de lions ou d’êtres hybrides.

Ce massif sert d’entrée monumentale à l’église et fonctionne de manière assez indépendante par rapport au reste de l’édifice. La travée centrale qui comporte le double portail ouvre sur un espace autrefois unique qui donnait directement sur la nef, mais qui en a été séparé à la fin du XVIIe siècle par un pilier portant la tribune de l’orgue, puis par une cloison. De chaque côté, deux salles sont aujourd’hui utilisées comme chapelle (Saint-Pierre ; fig. 2) au sud et comme sacristie au nord. On y accède aujourd’hui par deux petites portes depuis les bas-côtés, mais elles étaient à l’origine largement ouvertes vers l’est et vers la travée centrale par des grandes arcades à colonnes engagées latérales dont subsistent des vestiges encore visibles derrière les bouchages. Chaque salle accueille une voûte sur croisée d’ogives qui s’appuie sur les angles saillants que dessinent les larges supports périphériques. Les murs gouttereaux ainsi que les murs pignons de ces espaces latéraux sont percés par quatre baies à ébrasement simple. Elles se répartissent extérieurement entre chacun des gros contreforts du massif occidental, mais sont accolées deux à deux à un contrefort de dimensions plus réduites, identique à ceux qui rythment les bas côtés de la nef. Le rapprochement des deux ouvertures, visible seulement depuis l’extérieur, provient de ce que le plan cruciforme de la salle, en privilégiant l’implantation de supports importants aux angles, rétrécit à l’intérieur l’espace disponible pour le percement. Cette observation donne un sens au rôle que devaient jouer les supports des angles : être capables d’asseoir des tours probablement prévues dès l’origine de la construction.

Deux escaliers en vis (fig. 3), logés partiellement dans les contreforts extérieurs, permettent d’accéder depuis la nef aux deux salles octogonales de l’étage flanquant l’actuelle tribune d’orgue, et par elles, aux tribunes de la nef jusqu’aux combles. Ces deux salles octogonales, contrebutées à l’extérieur par de massifs contreforts plats, flanquent deux autres espaces cloisonnés établis contre les premières travées des tribunes : la salle du trésor et la salle des archives. La travée centrale de ce massif est quant à elle couverte d’une voûte d’ogives quadripartie à oculus central et s’ouvre de chaque côté par deux baies géminées en plein cintre, qui éclairaient à l’origine l’espace depuis les salles octogonales. Vers l’ouest, elle est éclairée par une série de 5 baies en plein cintre séparées par des lancettes, flanquées par une étroite galerie en surplomb bordée de colonnes à chapiteaux en direction de la nef qui reliait les salles octogonales latérales. Une grande baie circulaire vient ouvrir l’espace sommital avant le développement du mur pignon orné de courtes baies rectangulaires.

David MOREL