HADÈS Archéologie

Ancienne église des Carmes

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Fiche

Résumé

Les différentes interventions menées de 1999 à 2000 sur le site de l’ancienne église du couvent des Carmes de Limoges ont permis la redécouverte d’importants vestiges de l’édifice et un renouvellement conséquent des connaissances tant sur l’évolution du bâti qu’en ce qui concerne l’histoire du couvent (découverte de documents inédits). L’acquisition par la Caisse d’Épargne du Limousin de plusieurs parcelles adjacentes (en vue de l’agrandissement de son agence de la place des Carmes) et toutes situées sur l’emprise de l’ancienne église a offert l’opportunité d’une étude globale. Arrivé à Limoges en 1260, l’ordre mendiant des Carmes s’est implanté en 1264 à l’extrémité ouest d’un faubourg de la ville. Le chantier de construction de l’église a progressé du chœur vers la nef, du sud vers le nord. Le chœur était très profond (25 mètres) et les plans du XVIIIe siècle le présentent fermé par une abside dont l’originalité n’est cependant pas assurée. Seule cette abside était dotée d’une voûte tandis que la nef et la plus grande partie du chœur étaient charpentées, comme le suggère la présence d’une corniche en granit le long des murs. Les chapelles latérales (3 à l’est et 2 à l’ouest) s’ouvraient sur la nef par des grandes arcades. de plan similaire de 5 mètres sur 4 mètres, elles étaient couvertes de croisée d’ogives composées de voûtains construits à l’aide de briques carrées de 24 centimètres de côté et de 4 centimètres d’épaisseur. L’éclairage de la nef était assuré par les fenêtres des chapelles à l’exception d’une baie étroite fortement ébrasée percée à l’extrémité nord du mur gouttereau oriental. Celui-ci conserve un chaînage d’angle en pierre de taille qui marque l’emplacement de la façade primitive de l’église qui, achevée seulement dans le courant du XIVe siècle, mesure alors 45 mètres de long.

Malgré les vastes dimensions de l’édifice, la conception et la réalisation restent simples et c’est surtout dans la multiplication des peintures murales que les Carmes paraissent déployer leurs ressources. des scènes historiées parfois très mutilées se distinguent quatre anges musiciens d’une certaine qualité de la fin du XIIIe s. ou plus probablement de la première moitié du XIVe s. De la fin du XVe siècle et jusqu’en 1506, les Carmes réalisent d’importants travaux portant sur l’agrandissement de la nef vers le nord et la création de deux chapelles latérales supplémentaires à l’est et à l’ouest. L’extension de la nef se manifeste par la construction d’un mur contre le chaînage d’angle de l’ancienne façade (qui est alors détruite). La charpente est conservée dans cette partie de la nef, toujours couronnée d’une corniche, à l’exception de l’extrémité nord qui est pourvue d’un vestibule voûté d’une croisée d’ogives. Le sol de ce vestibule est plus haut que celui de la nef, et ce sont des marches qui devaient délimiter au sud cet espace de plan trapézoïdal. de cette nouvelle façade oblique, qui a dû adapter son plan au tracé de la voirie existante, il ne reste que quelques éléments provenant du portail, retrouvés en remploi.

Au XVIIe siècle, lors de la réforme de l’ordre effectuée par Jean Thuaud, les stalles des frères sont reportées au fond du chœur et l’autel installé vers la nef. Un escalier en vis est aménagé dans le mur du chœur pour desservir l’église directement depuis le dortoir et faciliter la célébration des offices de nuit. En 1674 un nouveau clocher, à bulbe, est construit au dessus du chœur. Le moule à cloche retrouvé à la jonction du chœur et de la nef peut correspondre à ce chantier. Dans les chapelles Saint Joseph et Sainte-Anne, de nouvelles baies avec des arcs en anse de panier sont aménagées. Les sépultures mises au jour lors de la fouille sont presque toutes de l’époque moderne. La plupart des inhumations a été effectuée dans l’axe de l’église (c’est à dire la tête au nord). Dans la nef, quelques alignements de sépultures étaient même perceptibles. À la Révolution, les bâtiments du couvent des Carmes sont déclarés Bien National et acquis par Jacques Joseph Juge de Saint Martin qui procède de 1791 à 1813 à l’allotissement et à la démolition du couvent, en réalisant ici une opération immobilière favorisée par le percement au beau milieu des bâtiments conventuels d’une rue nouvelle (rue Neuve des Carmes). Au début du XIXe siècle, le couvent disparaît progressivement du paysage urbain pour laisser la place à des maisons, des hangars et des ateliers… Enfin, et probablement dès l’extrême fin du XVIIIe siècle, des ateliers céramiques s’installent aux abords de l’ancien couvent des Grands Carmes. La fouille ainsi a révélé des indices d’industrie céramique sur l’emplacement même de l’église : une couche composée de ratés de cuisson et un four aménagé contre le mur extérieur de l’ancienne chapelle Saint Roch.

Julien DENIS, Sandrine CONAN et Catherine BOCCACINO

Julien DENIS, Sandrine CONAN