HADÈS Archéologie

Église Saint-Sour

Fiche

Résumé

Le projet de restauration de l’église Saint-Sour à Terrasson-Lavilledieu par l’architecte en chef des Monuments Historiques prévoyait la réalisation d’un drainage à l’extérieur du chevet et la réfection du sol à l’intérieur de l’édifice. Une fouille préventive a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologie afin de tenter de comprendre les origines de cette ancienne abbaye bénédictine et de déterminer la présence d’une occupation antérieure. Les investigations ont été menées autour du chevet et le long du flanc sud de l’église, sur le tracé du drain équivalent à un linéaire de 65 m, et dans l’église, par la réalisation de trois sondages, représentant une surface explorée de 9 m².

La réfection du sol de l’église prévoyait un impact minime de l’ordre de 30 cm. Les sondages, réalisés sans limite de côte de profondeur, devaient permettre d’appréhender la présence de sépultures et éventuellement de distinguer des structures antérieures à l’édifice de culte actuel.

Ainsi, une inhumation en cercueil, orientée est ouest, ainsi qu’une maçonnerie axée nord sud, d’une largeur d’un mètre, assez mal conservée, dont on ignore la fonction, ont été mis au jour dans le sondage situé dans la première travée du chœur. Le sol primitif de l’église situé 2 mètres en dessous du niveau de circulation actuel ainsi que la banquette et la base décorée de la colonne de l’arc doubleau ont été retrouvés au cours du sondage effectué dans la première travée de la nef contre le mur sud de l’église. Enfin, un ancien mur de clôture érigé après les guerres de religions réduisant l’espace du culte à la croisée du transept et au chevet a été partiellement dégagé lors du sondage situé à proximité de la chaire de l’église.

Vingt neuf sépultures dont 27 coffrages bâtis en pierres calcaires, 1 cuve de sarcophage, 1 sépulture en pleine terre ont été mis au jour lors de la surveillance effectuée à l’extérieur. L’orientation des sépultures varie en fonction de la disposition des vestiges architecturaux. Les individus sont tous déposés sur le dos avec la tête à l’ouest. Trois sépultures en coffrage étaient pourvues chacune d’un vase funéraire. Il s’agit de pégaus à panse légèrement globulaire du type « rouge polie ». Deux d’entre eux étaient disposés à droite du crâne d’un individu. Le troisième a été découvert sur le couvercle d’une sépulture. Les datations radiocarbones effectuées sur les ossements de six sépultures proposent de placer cette occupation funéraire entre les IXe et XIIe siècles. Les pots glaçurés retrouvés dans un ossuaire au sud de l’église permettent de supposer une continuité de ce rite funéraire jusqu’au XIVe siècle.

Plusieurs tronçons de murs antérieurs au chevet de l’église ont été dégagés entre les renfoncements des contreforts. Les vestiges d’une salle souterraine (cave ?) composés de deux murs et d’un escalier de 5 marches ont été partiellement dégagés au sud de la chapelle méridionale.

La guerre franco-anglaise puis les guerres de religion ont fortement endommagé l’abbaye réduite à l’édifice de culte. La reconstruction de l’église au cours des XVe et XVIe siècles ainsi que l’agrandissement du bras sud du transept à la fin du XIXe siècle se sont fait au détriment des vestiges antérieurs.

Natacha SAUVAÎTRE