HADÈS Archéologie

Abbaye de Valence

Fiche

Résumé

L’abbaye cistercienne de Valence est située sur la commune de Couhé dans la Vienne. La communauté de communes, propriétaire du site depuis 1995, poursuit un programme de restauration et de réhabilitation des bâtiments. Dans ce cadre, en 2007, le cabinet Marie Pierre Niguès, architecte du patrimoine a sollicité une étude archéologique d’un édifice appelé «grange» et d’une porterie. L’opération a consisté à relever et analyser l’ensemble des élévations. Trois semaines de terrain ont alors permis d’établir une chronologie relative pour chacun des deux édifices. Cependant, les datations et la plupart des interprétations restaient hypothétiques. Un relevé topographique a par ailleurs mis en évidence l’importance des remblais sur lesquels étaient établis les sols intérieurs des bâtiments. Convaincus du potentiel archéologique, le représentant de la communauté de communes, le cabinet d’architecte Marie Pierre Niguès et le Service Régional de l’Archéologie représenté par M. Baratin, conservateur ainsi que Madame Fourteau, ingénieur, responsable du département de la Vienne ont convenu de l’intérêt de mettre en place une fouille programmée en 2008.

L’opération effectuée du 7 au 25 juillet avec une quinzaine de bénévoles comprend 6 sondages répartis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’édifice. Les données recueillies valident l’ensemble des phases définies lors de l’étude de bâti de 2007, mais également précisent l’existence d’une phase intermédiaire entre les phases III et IV. Leur nombre s’élève ainsi à 8.

L’existence et la chronologie relative de la phase I ont pu être vérifiées, mais la nature et l’emprise des vestiges demeurent mal cernées. Un bâtiment de pratiquement 9 m de long se trouverait dans la parcelle cadastrale n° 215. Orienté comme les bâtiments conventuels, sa construction pourrait être contemporaine de ces derniers, soit à partir de 1230. La durée de son occupation demeure ignorée mais sa démolition précéderait la construction de l’édifice de la phase II. Le plan et la nature des élévations de la phase II sont précisés. Une division interne et une porte ont été mises au jour dans l’ES 6. Elles confirment l’existence d’un vestibule et permettent de reconsidérer l’ampleur des pièces du rez-de-chaussée. Dans les ES 5 et 6, la question des accès aux latrines en façade occidentale n’est toujours pas résolue. de même, dans l’ES 5, l’existence d’une cloison entre l’ESC 5 et la pièce n’a pas encore été démontrée. La structure n’a pas laissé de vestige ou l’emprise du sondage est peut être insuffisante. Pour cette phase, le mobilier collecté dans les différents sondages témoigne de la richesse de certains aménagements architecturaux tels les sols ou les cheminées. Ces nouvelles appréciations remettent en cause l’interprétation fonctionnelle d’au moins une partie de l’édifice. En effet, l’étage de la moitié nord est peut être une salle d’apparat. Le bâtiment aurait alors servi de résidence temporaire à des membres de la famille Lusignan. Des indices supplémentaires attestent une campagne de transformations en phase III. La chronologie reste cependant indéterminée. Dans le sondage 3, le bouchage de la cheminée avalise l’hypothèse d’un abandon de la fonction hôtelière ou résidentielle de cette partie de l’architecture. La phase IV identifie désormais les dévastations opérées pendant les guerres de Religion. Elle intègre néanmoins des indices d’occupation et même, des constructions spécifiques tel le foyer pour la fonte de métaux découvert dans l’ES 6.

La phase V correspond à la réhabilitation en écuries, grange et étables au XVIIe siècle. Les sols sont établis sur les remblais accumulés en phase IV. Le pavage de l’ES 5, peut être seulement établi en phase VI, est postérieur à 1640. Les connaissances sur les phases VII et VIII n’ont pas été accrues. Les futures opérations seront toujours liées au projet de restauration et de valorisation. des mesures de sécurité doivent auparavant être appliquées. Par conséquent, aucune demande d’autorisation de fouille programmée n’a été adressée au Service Régional de l’Archéologie pour l’année 2009.

Patrick BOUVART