HADÈS Archéologie

Abbaye de Belleperche

Fiche

  • Responsable : Catherine BOCCACINO, Laurence MURATurat
  • Période de fouille : 1999, 2006
  • Localité : Cordes-Tolosannes (Tarn-et-Garonne)
  • Type d’opération : 
  • Période :  , ,
  • Agence : MIDI

Résumé

 1999

L’abbaye cistercienne de Belleperche, commune de Cordes-Tolosanes (82) a fait l’objet d’une série de trois interventions archéologiques entre mars 1999 et mars 2001. Ces trois opérations ont été réalisées dans le cadre de suivis de divers travaux : • l’installation d’un chauffage par le sol des salles du rez-de-chaussée de l’aile aux moines (intervention n°1) décidée par le Conseil Général du Tarn et Garonne, • le drainage de la façade de l’aile aux moines engagé par la Conservation Régionale des Monuments Historiques (intervention n°2), • la pose d’une ligne électrique souterraine assurée par le Syndicat Départemental d’Électricité du Tarn et Garonne (intervention n°3).

Le site est établi sur le bord sud d’une terrasse qui domine la Garonne de plusieurs mètres. Son emprise actuelle se réduit à la surface au sol occupé autrefois par les bâtiments conventuels et une partie des jardins. Les vestiges subsistants se situent surtout au nord du cloître dans un grand corps de bâtiment fondé au Moyen Âge, puis sans cesse remanié au cours des siècles. Le secteur sud où s’étendaient autrefois l’église et l’aile des moines (sacristie et salle capitulaire) a entièrement été arasé à la fin du XIXe siècle.

Si l’origine du monastère remonte aux premières décennies du XIIe siècle, les témoignages matériels concernant cette première abbaye se limitent à des éléments lapidaires éparpillés. C’est au cours de la première moitié du XIIIe siècle, qu’une nouvelle église abbatiale est construite. Elle sera dédicacée en 1263. Les noms des operarii qui se succèdent sur le chantier, pendant les XIIIe et XIVe siècles, révèlent l’ampleur et la durée de cette entreprise. La guerre de Cent Ans, le laxisme des abbés commendataires marquent une période de régression. La communauté réduite à quelques moines n’a plus les moyens d’entretenir ses bâtiments qui pourtant auraient besoin de sérieuses restaurations.

Il faut attendre la venue de Jean de Cardaillac, en 1485, pour que de nouveaux travaux soient engagés. En 1551, le monastère est de nouveau dit : « bien réparé en entretenu de ses édifices » . Une résidence abbatiale est même construite entre 1563 et 1564. Mais, on ignore tout de l’emplacement de cet édifice qui pourrait selon Jean Michel Garric avoir été localisé par la prospection géophysique, réalisée en juin 1991.

En 1572, survient un incendie qui touche plus particulièrement les constructions situées à l’est du cloître. Les dégâts ajoutés à la vétusté des bâtiments nécessitent le remaniement voire carrément la destruction de certaines parties du monastère (l’aile des moines et l’église sont fortement touchées) En 1672, le réfectoire à son tour menace de s’effondrer.

Le XVIIIe siècle marque une période de renaissance, marquée par trois campagnes de travaux : la première entre 1701 1703, la deuxième entre 1703 1750, la troisième après 1761. Ces travaux verront entre autre la création des salles nord où ont été réalisés les sondages archéologiques. C’est aussi de cette époque que datent les derniers embellissements et les décors de gypseries.

Après la Révolution, les moines devront quitter l’abbaye (1791) et leurs biens seront vendus (1796) en trois lots dont les limites subsisteront grosso modo jusqu’en 1980 . L’ensemble du monastère est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 14 avril 1947. Certaines parties ne seront classées qu’en 1978 et 1988. Il sera trop tard pour sauver l’église, démolie à partir de janvier 1799, et l’aile des moines et le réfectoire effondrés dans les années 1840 1880. Depuis 1993, le Conseil Général du Tarn et Garonne devenu le propriétaire a commencé les restaurations les plus urgentes et notamment la mise hors eau de l’édifice avec la réparation d’une partie des toitures.

Dans le cadre de ces trois interventions, les études archéologiques étaient entièrement assujetties aux opportunités créées par les travaux. Elles apportent néanmoins une somme d’indices archéologiques qui permettent de dresser un bilan sur l’état de conservation des vestiges et sur l’état des occupations du Moyen Âge à nos jours. Elles témoignent surtout de l’importance et de la méconnaissance archéologique de ce site.

La fouille a pu circonscrire l’emprise d’un vaste bâtiment médiéval (peut être l’infirmerie) construit sur une terrasse naturelle, renforcée par un important mur de soutènement. Entre le XVe et le XVIIe siècles, ce bâtiment est agrandi sur l’emprise de la terrasse pour devenir le grenier de l’abbaye. Il abrite 10 silos ovoïdes et verticaux, dont la répartition paraît aléatoire : certains sont regroupés et même tangents, d’autres paraissent totalement isolés. Ils sont tous creusés dans le sous-sol, mais leur embouchure est parfois renforcée par une margelle en briques plates. Certains silos seront légèrement arasés lors du remaniement de cet espace aux cours des XVIIe XVIIIe siècles.

Catherine BOCCACINO

 

2006

Laurence MURAT