HADÈS Archéologie

Abbaye Saint-Jouin

Fiche

Résumé

L’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes se situe aux confins du pays de Thouars, au milieu de la plaine poitevine, au nord est du département des Deux Sèvres. Le cloître et l’abbatiale se dressent à l’ouest de la commune de Moncontour sur une colline naturelle qui surplombe la vallée de la Dive.

L’église abbatiale est l’un des monuments romans les plus impressionnants du Haut Poitou. Témoignage expressif de l’évolution architecturale et ornementale introduite dans la région au cours des XIe et XIIe siècles. C’est un monument qui depuis plusieurs années a fait l’objet de nombreuses études. Le cloître de l’abbaye est lui, en revanche, méconnu. L’historiographie n’en fait que très peu mention. Il connaît pourtant une histoire mouvementée à l’image de l’abbatiale. Attesté en 1139 par un acte du cartulaire de l’abbaye, les historiens se sont surtout attachés à la date de 1476, année au cours de laquelle Pierre d’Amboise met en œuvre la reconstruction de certains bâtiments monastiques parmi lesquels il figure. Cependant, les sources restent lacunaires quant à la nature des travaux. Par la suite, il est surmonté d’une infirmerie au XVIIIe siècle puis sert de cour et de bâtiments de ferme. Fin XVIIIe et début XIXe siècles, il fait peau neuve avec les restaurations de François Déverin. Ces travaux ont par ailleurs masqué de nombreux aspects originaux du cloître. En 1862, il est classé avec l’église au titre des Monuments Historiques.

C’est dans le cadre d’un projet de restauration, qui comprend des travaux d’assainissement, dirigé par François Jeanneau, architecte en chef des Monuments Historiques que le Service Régional de l’Archéologie a prescrit une surveillance des terrassements afin de sauvegarder les vestiges présumés. L’opération consistait à creuser une tranchée à l’intérieur du cloître, au nord du mur intérieur de la galerie sud, le but étant d’installer des câbles électriques, de faire passer un tuyau d’assainissement pluvial et de créer en surface un drain naturel pour amoindrir la forte humidité qui endommageait les maçonneries.

Le remaniement du cloître et des parcelles voisines, qui abritent toujours une partie des bâtiments de l’abbaye, a supprimé par des décaissements et des apports de remblais une partie non négligeable du contexte stratigraphique médiéval et moderne. de ce fait on ne dispose plus des niveaux d’occupation et de construction du cloître. Cependant, le suivi archéologique a permis de retrouver les évolutions du bâtiment. En effet, les deux ailes de retour occidentale et orientale ont été clairement repérées, avec des indices qui suggèrent une phase de construction au XIIe siècle. Pour autant, une interrogation subsiste toujours sur l’identification des murs annexes au cloître, qu’il convient de rattacher chronologiquement à cette première phase romane de part leur mise en œuvre identique. Les éléments des deuxième et troisième phases (dans le courant de la fin du XVe siècle et du XVIIe siècle) sont attestés uniquement par la documentation manuscrite. La reconstruction du cloître mise en œuvre par Pierre d’Amboise en 1476 a disparu sous l’adjonction d’une infirmerie au dessus de la galerie sud et sous les restaurations de François Déverin au XIXe siècle. Seul un mur (partiellement dégagé) témoigne d’aménagement au cours du XVIIe siècle à l’extérieur du cloître. Enfin, la phase IV correspond à la mise en place d’une infirmerie au XVIIIe siècle et d’une écurie adossée au mur intérieur de la galerie sud.

Benoît GARROS