HADÈS Archéologie

4-6 Place Puy Paulin, rue Porte Dijeaux

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Fiche

Résumé

L’intervention archéologique s’est déroulée dans une construction en cours en plein centre ville de Bordeaux. Cet aménagement avait déjà détruit la majeure partie des vestiges archéologiques avant le début de l’opération. Seuls 50 m² ont réellement été fouillés et des coupes ont pu être relevées grâce à la préservation de la stratigraphie sur certaines parois du sous-sol du bâtiment en construction. Ainsi, ont pu être étudiés 3,5 m de sédiments archéologiques très stratifiés et liés à de nombreuses structures marquant une continuité d’occupation urbaine durant la période romaine et une partie du Moyen Âge, l’ensemble étant très faiblement perturbé par des caves d’époques moderne et contemporaine.

Des niveaux de l’époque augustéenne (phase 1) n’ont été observés qu’en deux sondages réduits et n’ont pu être caractérisés (habitat ? voirie ?). La découverte de quelques éléments plus anciens dans ces niveaux peut laisser supposer qu’une occupation antérieure a été remaniée. Aux alentours du milieu du Ier siècle de notre ère (phase 2), le secteur est voué à l’activité artisanale métallurgique produisant des objets en fer et surtout en alliage cuivreux. Suite à l’abandon de cette activité entre 60 et 70 de notre ère au plus tard, un parcellaire est mis en place et une domus est construite (phase 3). Elle est signalée principalement par la découverte d’une salle de réception revêtue d’un sol en béton de chaux avec un emblema en opus tesselatum bichrome. Les vestiges de deux autres espaces réduits ont également été explorés mais leur fonction reste indéterminée. L’occupation principale de cette demeure de notables ne dure que le temps d’une ou deux générations au maximum car elle semble déjà en partie abandonnée avant la fin du Ier siècle de notre ère. Certains espaces sont ponctuellement réoccupés par une activité métallurgique jusqu’au début du IIe siècle de notre ère (phase 4, état 1), période à laquelle le bâtiment est définitivement arasé. L’activité artisanale, principalement vouée à la forge du fer, perdure sur une même zone durant la majeure partie du IIe siècle (phase 4, état 2). Elle est contemporaine d’espaces probablement résidentiels qui lui sont juxtaposés, dont une petite pièce sur hypocauste.

La fouille n’a livré pratiquement aucun élément des IIIe et IVe siècles. Cette carence implique t elle un abandon du secteur ? Une telle césure d’occupation serait surprenante au sein d’un secteur compris dans l’enceinte du Bas Empire. Il faut plutôt envisager que les niveaux et structures de cette époque ont surtout été occultés par la mise en place d’une riche domus entre le fin du IVe siècle et le tout début du Ve siècle de notre ère (phase 5).

Cette dernière occupait une grande partie de l’espace considéré. Quatre pavements en opus tesselatum polychrome ont été observés. Délimités par des murs maçonnés profondément fondés, aux parois décorées d’enduits peints, ces sols correspondent aux salles d’apparat de cette domus de l’Antiquité tardive : une galerie avec colonnade ouvrant sur un possible jardin, un vestibule et deux salles de réception chauffées par des conduits rayonnants sous le sol et un système de tubuli dans les murs. La demeure, qui subit des réaménagements dans le courant du Ve siècle, semble occupée au moins jusqu’au début du VIe siècle, date à laquelle elle semble détruite au moins partiellement.

L’occupation du secteur se poursuit sans aucune rupture au cours des VIe et VIIe siècles. Ainsi, directement au dessus des vestiges de la domus, ont été repérées les traces d’un habitat dont seuls les niveaux d’occupation et de sols en terre ont pu être étudiés.

Les niveaux supérieurs qui ont pu être explorés n’ont livré aucune structure mais sont marqués par d’importants rejets détritiques signalant vraisemblablement la proximité de l’habitat.

Enfin, au sommet de la stratigraphie étudiée, un mur maçonné dont la tranchée de fondation coupe une grande partie des niveaux des VIe et VIIe siècles, signale l’implantation d’un nouvel habitat « en dur » qui pourrait être attribuable au haut Moyen Âge ou au Moyen Âge central.

Au bilan, malgré la destruction très avancée des vestiges, l’opération archéologique aura permis de se faire un idée assez précise de l’évolution de ce secteur situé au cœur de la ville antique et médiévale.

En outre, l’élargissement des recherches aux sources d’époques médiévale et moderne enrichit les problématiques de l’opération, puisqu’elle permet de dresser une synthèse sur l’évolution du quartier et de la maison noble de Puy Paulin durant cette période. Enfin, la mise au jour d’une série de plans de la fin du XVIIe siècle a permis d’avancer l’hypothèse de l’implantation de la domus médiévale sur une porte probable de l’enceinte urbaine de la fin du IIIe siècle de notre ère, jusqu’à présent inédite.

Simon GIROND