HADÈS Archéologie

33-35 Rue Léopold Faye

Fiche

Résumé

La ville de Marmande envisageant la destruction de deux immeubles contigus (n° 33 et 35 rue L. Faye), le Service Régional de l’Archéologie a souhaité une analyse de l’épais mur de refend séparatif, conservé sur 12 m. de hauteur environ. En effet, celui ci était supposé être un ancien rempart lié à une porte de la ville.

La présence de plâtres et enduits n’a pas permis une lecture totale des parements et les modifications multiples visibles dans le niveau en comble ont rendu complexe l’analyse de cette maçonnerie.

Cinq phases de construction et de modifications ont été déterminées.

La phase 1

Le mur identifié comme la plus ancien, retrouvé dans l’angle sud de la cave (35 rue L. Faye), n’a pu être daté. Son prolongement vers le sud est, s’il existe, est enterré sous les maisons actuelles, dans une zone où n’existent pas de caves.

La phase 2

La maçonnerie qui constitue aujourd’hui la paroi séparative entre les bâtiments, conservée sur toute la hauteur des immeubles, est bâtie en briques épaisses renforcées par des chaînages de pierres. Sa largeur (1,55 m.) permet de l’identifier comme le rempart attesté en 1212. Une seule baie a été retrouvée dans la partie supérieure, à une dizaine de mètres de hauteur, là où l’épaisseur de la maçonnerie est réduite à 70 cm. Cette fenêtre de belle facture était ornée d’une archivolte en plein cintre, sur la face extérieure. Nous serions donc en présence des vestiges d’un édifice de qualité du XIIe ou de la première moitié du XIIIe s., utilisant le mur de ville pour l’une de ses façades, percé d’une fenêtre décorée du côté qui s’offre aux regards.

On retrouve le même schéma à l’ancien hôtel Auger de Peyrelongue, bâtiment remarquablement bien conservé dans son intégrité médiévale. Le rempart qui sert de façade nord est conserve deux belles fenêtres en plein cintre qui devaient être identiques au vestige retrouvé.

Les maisons ne comportant pas de caves en bordure de la rue L. Faye, il n’a pas été possible de vérifier l’existence de vestiges de la porte de ville, dite « portal de Guizières », qui devait être liée à ce rempart.

La phase 3

Le rempart est épaissi dans sa partie la plus faible (au sommet), condamnant ainsi la baie romane. Entre la croisade albigeoise et les débuts de l’occupation anglaise, les raisons n’ont pas manqué pour que Marmande renforce ses défenses à la fin du XIIIe et au XIVe s., avant la construction de la seconde enceinte, nécessitée par l’extension de la ville .

La phase 4

La découverte dans les combles actuels, d’une porte de la fin du XVe ou du XVIe s. indique l’adossement d’un bâtiment contre l’ancien rempart. Dès lors, ce niveau (côté n° 33 rue L. Faye) devient un espace utilitaire, avec un four de boulanger. Les deux bâtiments devaient alors former un même ensemble.

La phase 5

La division en deux parcelles distinctes, avec bouchage des communications, ne semble intervenir qu’après le milieu du XIXe s. comme paraissent le confirmer les anciens cadastres.

Bernard POUSTHOMIS