HADÈS Archéologie

17 place Pey Berland

Fiche

Résumé

L’immeuble du 17 place Pey Berland à Bordeaux a été construit à l’intérieur de l’enceinte de l’église Notre-Dame-de-la-Place, au-dessus des vestiges de l’église primitive datée du VIe siècle, correspondant probablement à l’église Sainte-Marie, édifiée à Bordeaux entre 549 et 567 par l’évêque Léonce II. La construction de l’église Notre-Dame-de-la-Place, quant à elle, est attribuée aux XIe-XIIe siècles. Sa façade occidentale a été érigée au-dessus des vestiges de l’abside de l’église Sainte-Marie. Les élévations de l’ancienne église Notre-Dame-de-la-Place forment en fait la clôture de la cour de l’immeuble actuel.

Dans le cadre du réaménagement intérieur de l’immeuble, il a été demandé à ce que l’ensemble des élévations intérieures visibles de l’église Notre-Dame-de-la-Place soit relevé par l’intermédiaire de techniques photogrammétriques, et qu’une étude de bâti soit menée dans ce contexte, ainsi qu’un bilan documentaire.

La façade de la nef et du chœur de l’ancienne église ainsi qu’une façade en pierre d’un immeuble du XIXe siècle donnant sur la place Pey Berland forment une « enceinte » occupée presque entièrement par une construction en béton, comptant 5 niveaux sous combles à l’avant et 6 niveaux à l’arrière. Seul persiste un passage étroit découvert entre la construction originelle et le bâtiment actuel au sud et une petite cour presque semi-circulaire à l’air libre à l’est. Il subsiste aujourd’hui de l’église Notre-Dame-de-la-Place la plupart des élévations, à l’exception de la façade occidentale, détruite en 1879. La toiture du bâtiment religieux a également entièrement disparu, et les élévations sont donc exposées aux éléments, non recouverts par la toiture de l’immeuble actuel.

Les vestiges de l’époque médiévale sont présents sur quatre des cinq pans de l’abside (fig. 1) et sur le mur sud de la nef. On y distingue les traces de trois campagnes de construction. La plus ancienne, datée des Xe-XIe siècles, a laissé, vers l’est, dans une partie de la nef et du chœur, sur quelques mètres de hauteur dans la partie inférieure des élévations, un moellonage grossier, lié par d’épais joints de mortier sablonneux très altéré. Un peu plus tard, au XIIe siècle, intervient le percement de baies, encadrées d’arcs doubleaux à double rouleau, en bel appareil moyen, très soigné. Ces baies s’intègrent dans quelques assises bien réglées de calcaire taillé venues surmonter l’ancien moellonage. La troisième phase médiévale correspond au remaniement gothique de l’église Notre-Dame-de-la-Place à la fin du XIIIsiècle. Cet état a développé au-dessus des baies romanes un grand appareil de calcaire taillé. C’est à ce moment que sont installés un grand arc formeret ogival et une baie lors d’un chantier d’agrandissement et de surhaussement de l’église à environ 10,5 m du sol actuel. Le sol de carreaux historiés trouvé lors des fouilles des années 1980 participait de cet embellissement gothique. On suppose que l’édifice était à cette époque vouté d’ogives. C’est d’ailleurs ainsi que l’ont dessiné les auteurs des plans du quartier à la fin du XVIIIe siècle.

Une deuxième campagne de surélévation intervient à l’époque moderne, assez tardivement. Elle voit la construction de parements en retrait par rapport aux murs médiévaux. Cette importante surélévation de 7,5 m environ à partir de l’arase des murs médiévaux a dû faire l’objet de précautions dans sa mise en œuvre. Ainsi, les trois derniers mètres environ de l’abside sont-ils construits en retrait par rapport à la partie inférieure de cet état, tandis que le mur sud de la nef est rigidifié par une série de cinq chaînages de maintien. Une porte semble avoir été ouverte à l’époque moderne dans le mur sud de la nef, peut-être pour donner accès à des bâtiments adjacents.

De l’époque contemporaine datent la quasi-totalité des bouchages, que ce soit ceux des baies ou ceux des trous de boulin et autres ancrages. Cette période, marquée par le changement radical de destination du bâtiment, apporte de très nombreuses altérations aux murs anciens, avec notamment l’installation d’un plancher et d’escaliers qui coupent les parements et la baies gothiques. Une réfection récente correspondant à l’installation d’une couverture en tuiles canal court sur toutes les élévations. Si les recherches documentaires n’ont pas permis de retrouver des figurations anciennes de l’église Notre-Dame-de-la-Place autres que celles déjà connues réalisées en 1870, il n’en demeure pas moins que les interventions successives sur ce bâtiment depuis le XIXe siècle ont permis d’avoir une connaissance assez précise de ses différents états.

Amaïa LEGAZ