HADÈS Archéologie

15bis rue du Bialé

Fiche

  • Responsable : Mathieu ROUDIER
  • Période de fouille : 2009
  • Localité : Lescar (Pyrénées-Atlantiques)
  • Type d’opération : 
  • Période : 
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Préalablement à la construction d’une maison individuelle, un diagnostic archéologique, sous la direction de L. Wozny (INRAP), a été effectué sur les parcelles du 15 bis rue du Bialé à Lescar (64) en janvier 2009. L’intervention s’étant révélée positive, le SRA a prescrit une opération que la société Hadès a réalisée à l’automne 2009. Située dans le centre de la Basse ville de Lescar, dans l’ancien lit du gave de Pau, la rue du Bialé se trouve au cœur d’une zone archéologique sensible, constituant le centre de l’agglomération de Beneharnum durant le Haut Empire. Les parcelles concernées par les futurs travaux se trouvent en pied de coteau, au niveau de la bordure occidentale de la ville antique.

La fouille a permis de mettre en évidence trois phases d’occupation du secteur entre le Ier siècle avant J.-C. et les IVe-Ve siècles de notre ère. Dès la mise en place des premiers éléments d’urbanisme, le quartier se structure autour d’un axe de voirie nord ouest/sud est, repéré par les fouilles menées par Fr. Réchin en 1995 sur le site de la côte Piteu, à quelques dizaines de mètres à l’ouest du terrain qui nous intéresse. Dans un premier temps, cette rue (qui s’intègre dans la trame viaire appelée « réseau B » par Fr. Réchin) est dotée d’un aménagement en bois qui la longe sur toute sa bordure nord. Il s’agit d’un fossé délimité par d’épaisses planches de bois et se caractérise par un léger pendage d’est en ouest et un rétrécissement de sa largeur selon la même orientation. Parallèlement, ce fossé semble associé à une structure formée de deux alignements de pieux de bois liés entre eux par un clayonnage. Située légèrement plus au nord, cette structure, dont la fonction reste indéterminée pour le moment, adopte un tracé légèrement différent de celui du fossé avec un axe est/ouest. Dans les deux cas, les fourchettes chronologiques obtenues par dendrochronologie et analyse au 14C des bois de ces structures nous ont fourni une date d’abattage estimée entre la seconde moitié du IIe s. av. n. è. et la première moitié du Ier s. de n. è.

Par la suite, alors que la rue est toujours en activité, les structures de bois sont abandonnées et les bas côtés de la voie remblayés pour permettre la mise en place de deux aménagements distincts de part et d’autre de la chaussée. Ainsi, au nord, un niveau de circulation en galets de quartzite est installé tout en étant séparé de la voie par un petit fossé. de l’autre côté de la rue, deux bâtiments, avec des fondations en galets de flysch et de quartzite, sont érigés en formant des pièces rectangulaires de taille identique. Toutefois, le plan incomplet de ces constructions et leur arasement en limite de leurs niveaux d’occupation ne nous ont pas permis de déterminer la fonction exacte de ces espaces. Cependant, le mobilier provenant des niveaux de remblai liés à leurs installations a permis de fournir une datation s’échelonnant entre le Ier et le IIe s. de n. è.

Enfin, dans un dernier temps et après un hiatus chronologique assez important (près de deux siècles), l’occupation du site est relancée avec la réfection de la chaussée, la construction de deux nouveaux bâtiments au nord de cette dernière et, peut être, l’abandon de la zone au sud de celle-ci. À la différence des bâtiments précédents, ceux de cette phase utilisent uniquement des galets de quartzite pour leurs fondations. Par ailleurs, alors qu’un début de plan organisé se dessine pour les constructions antérieures, le bâtiment le plus imposant de cette phase semble construit autour d’un ajout progressif de salles sans qu’une organisation structurelle n’apparaisse. de son côté, le second édifice, bien plus petit, se limite à une simple pièce carrée située à quelques mètres à l’est de la première construction. Ici aussi, en raison de l’état d’arasement des vestiges, il ne nous est pas possible d’envisager le rôle de ces bâtiments. Le mobilier archéologique retrouvé dans les remblais ayant servi à la mise en place de ces deux édifices a permis de fournir un terminus post quem pour la seconde moitié du IVe de n. è.

Les rares éléments de mobiliers archéologiques postérieurs à cette phase (quelques tessons de céramique médiévale et moderne) et l’absence de structures qui leur sont clairement associables confirment une tendance générale déjà observée dans le quartier du Bialé à Lescar. Ce secteur est ainsi marqué par l’abandon de toute occupation humaine permanente entre les périodes médiévale et moderne au profit du quartier Saint-Julien (situé plus à l’est) et la Haute ville.

Mathieu ROUDIER