HADÈS Archéologie

1 place Amédée Gabe

Fiche

  • Responsable : Jean-Luc PIAT
  • Période de fouille : 2010
  • Localité : Oloron Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

Dans le cadre d’un projet de rénovation de la partie basse d’un immeuble ancien, sis au 1, place Amédée Gabe, à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées Atlantiques), le Service Régional de l’Archéologie et le Service Départemental de l’Architecture souhaitaient qu’un suivi archéologique précède les travaux qui risquaient d’affecter les dispositions anciennes de l’édifice et occulter ainsi certains aménagements dignes d’intérêt patrimonial.

Le bâtiment se trouve sur la rive droite du gave d’Ossau, au bout du pont actuel qui en permet le franchissement. Il s’agit d’un édifice de cinq niveaux, isolé au sud par le gave, à l’ouest par une ruelle en pente donnant accès à l’eau, à l’est, il est jumelé avec un immeuble de six niveaux aligné sur  la rue donnant accès au pont ; seuls les niveaux qui devaient faire l’objet des travaux, le sous-sol et le rez-de-chaussée, ont été étudiés. L’étude, réalisée par le bureau Hadès, a consisté à mener une analyse archéologique du bâti après décrépissage des maçonneries intérieures. Des relevés détaillés ont été réalisés, accompagnés d’un enregistrement stratigraphique systématique des unités de constructions repérées. Sur l’extérieur, en surplomb du gave, des clichés ont été effectués ainsi que des relevés pierre à pierre par l’intervention d’un archéologue encordé.

Les observations ont conduit à isoler un édifice allongé et étroit, d’origine médiévale, caractérisé par des maçonneries en moyen appareil calcaire d’assises régulières. Des fentes de tir verticales ont été repérées sur son mur oriental, tournées vers l’ancienne voie d’accès au pont (fig. 1). Elles évoquent un bâtiment fortifié, probablement un poste de garde en avant du franchissement. En raison de la typologie des fentes de tir, la date de construction de l’édifice pourrait être placée au XIIIe ou XIVe siècle. Toute la construction donnant sur la rive du gave est une greffe postérieure : elle correspond à une reconstruction de l’extrémité sud du bâtiment, sans doute emporté par une crue du gave. Ce remaniement est d’origine médiévale. La modénature des ouvertures conservées permet de proposer la seconde moitié du XIVe siècle ou le début du XVe siècle. Sur cette élévation, plusieurs balcons en bois, les plus bas aujourd’hui disparus, surplombent la rivière. Ceux conservés plus haut sont couverts d’une toiture en ardoise verticale qui tranche avec l’appareil calcaire des maçonneries médiévales inférieures ; cet aspect confère, en plus de la construction élancée, tout le cachet à l’édifice (fig. 2). Un immeuble de même allure a été accolé vers cette période à l’est de cette première construction et constitue aujourd’hui le bâtiment formant rive sur rue. Plusieurs remaniements mineurs affectent ces deux édifices à l’époque moderne. Au début du XIXsiècle, ces bâtiments constituaient les maisons Condou et Nogues. Lors de la reconstruction du pont entre 1829 et 1832, la maison Nogues, la plus proche de la rue, fut alignée et rétrécie de moitié.

Il faut rattacher les origines du bâtiment au contexte de franchissement du gave et au développement sur les deux têtes du pont, des deux faubourgs du Marcadet et de la confluence. Or, le pont d’Oloron est mentionné pour la première fois dans une partie interpolée vers 1287 des fors de la cité, à l’article 17. Jacques Dumonteil en attribue la construction à Gaston VII Moncade. Par ailleurs, on situe l’émergence des deux faubourgs entre la fin du XIIIe et la première moitié du XIVe siècle. Il est donc probable que le système défensif observé dans l’édifice puisse correspondre à un corps de garde mis en avant du pont dès cette époque. L’autre solution serait de porter sa construction au plus tard aux alentours de 1367, date qui correspond à la mise en défense du faubourg d’en bas par le vicomte Gaston Fébus, quartier établi sur la rive gauche du gave, sur la confluence. Ce quartier a bien été ceinturé d’une muraille ; on peut donc envisager que le pont ait été fortifié lui aussi.

Jean-Luc PIAT